Hospitalisé à Dakar, où il était sous assistance respiratoire, Pape Diouf devait être rapatrié à Nice en avion sanitaire mais son état s’...
Hospitalisé à Dakar, où il était sous assistance respiratoire, Pape Diouf devait être rapatrié à Nice en avion sanitaire mais son état s’est dégradé trop rapidement. Il était âgé de 68 ans.
C’est une nouvelle victime de l’épidémie due au coronavirus. Atteint du Covid-19, l’ex-président de l’Olympique de Marseille (OM) Pape Diouf est mort, a appris mardi l’Agence France-Presse de source familiale.
Son décès a été confirmé par la RTS, la chaîne de télévision publique du Sénégal. Il avait 68 ans. Hospitalisé à Dakar, où il était sous assistance respiratoire, Pape Diouf devait être rapatrié de Dakar à Nice en avion sanitaire mais son état s’est dégradé, l’avion n’a pas pu décoller et il est décédé sur le sol sénégalais, a-t-on appris de même source.
Ancien journaliste, agent de joueurs, puis patron de l’OM et candidat à la mairie de Marseille, Pape Diouf a connu de multiples vies. Resté quatre ans (2005-2009) à la tête de l’Olympique de Marseille, l’un des postes les plus éjectables du football français, le Franco-Sénégalais s’était mis les bouillants ultras olympiens dans la poche avec sa défense sans concession du club et sa politique de reconstruction réussie après des années d’insuccès.
Né en 1951 à Abéché, au Tchad, où son père militaire était en poste, arrivé à Marseille à 18 ans, c’était d’abord une carrure tutoyant le mètre quatre-vingt-dix. C’était aussi une élégance, avec sa sempiternelle moustache sombre sur son large sourire, ses costumes et ses cravates assorties, ainsi que sa voix posée maniant l’emphase et l’ironie, surtout pour pourfendre ses adversaires médiatiques : le Paris SG, bien sûr, mais aussi ses détracteurs au sein du club, qui ont malgré tout fini par avoir raison de lui en 2009.
Son sens de la formule, soignée sur les bancs de Sciences Po Aix, a souvent fait mouche, ajoutant au décorum d’un championnat français où les Marseillais, sevrés de victoires, avaient bien besoin de retrouver des raisons de rêver. Il critiquait par exemple la Coupe de la Ligue, trophée mal-aimé du football français, la qualifiant de « petite danseuse » pas indispensable dans un calendrier surchargé. Et pour mieux séduire les supporteurs, l’ancien journaliste sportif de La Marseillaise devenu par la suite agent de plusieurs joueurs de l’équipe de France et enfin manager de l’OM pendant une saison avant d’accéder à la présidence, jouait souvent la province contre Paris. « A Marseille, il y a des turbulences, parfois des débordements et quelques excès.
Mais il n’y a pas de haine, ni d’entêtement borné, avait-il dit. Il n’y a pas ici de public méchant, parfois haineux comme on peut le voir à Paris », lançait-il en 2008 avant un choc contre le PSG, qualifiant certains ultras du Parc des Princes de « brigands de stade ». Plus tard, il pourfendait les idées reçues contre la deuxième plus grande ville de France et son club : « Marseille est une ville sur laquelle il faut toujours taper. Si tous les clubs en France étaient l’objet de la même attention que l’OM, vous verriez beaucoup plus de clubs dans les cabinets des juges », déclarait-il en 2014 lorsqu’il était inquiété dans l’affaire des transferts présumés frauduleux de l’OM, avant de voir sa mise en examen annulée quatre ans plus tard.
En retour, les supporteurs marseillais l’ont défendu bec et ongles au moment de son départ de la présidence, après quatre années marquées par un redressement sportif auquel il n’aura manqué qu’un titre de champion, finalement remporté, sous le mandat de son successeur Jean-Claude Dassier, en 2010.
Cette cote de popularité, Diouf a même essayé de la faire fructifier en politique, se portant candidat à la mairie de Marseille en 2014 à la tête d’un collectif citoyen.
« Je veux tourner le dos à toute démarche politique car lorsqu’un lampadaire est en panne, ce n’est ni de gauche ni de droite que d’essayer de le réparer », disait-il alors. Cette figure plutôt ancrée à gauche ne recueillera qu’environ 6 % des voix mais son image restera indemne aux yeux des Marseillais, à l’instar d’un Bernard Tapie.
Sa liberté de ton l’a aussi conduit à batailler contre le racisme, notamment lors de l’affaire dites des « quotas », quand avait émergé l’idée, abandonnée, d’imposer des quotas de binationaux chez les jeunes, lors d’une réunion de la Direction technique nationale (DTN) fin 2010.
« Je suis le seul président noir d’un club en Europe. C’est un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques », avait-il déploré dans les colonnes du magazine Jeune Afrique. « J’ai été premier en tout, assurait-il dans nos colonnes en 2005. Premier journaliste africain responsable de rubrique sportive en Europe, premier agent de joueurs africains, premier manageur sportif d’un grand club européen.
Avec tout ce que les joueurs africains ont apporté au foot ici, c’est bien le moins qu’on s’aperçoive de ce que nous pouvons aussi apporter en dehors du terrain. » Ancien président d’un club où la formule « À jamais les premiers » concurrence la devise « Droit au but », Pape Diouf aura marqué de son empreinte sa ville adoptive où il avait débarqué il y a cinquante ans.
Le Monde avec AFP
C’est une nouvelle victime de l’épidémie due au coronavirus. Atteint du Covid-19, l’ex-président de l’Olympique de Marseille (OM) Pape Diouf est mort, a appris mardi l’Agence France-Presse de source familiale.
Son décès a été confirmé par la RTS, la chaîne de télévision publique du Sénégal. Il avait 68 ans. Hospitalisé à Dakar, où il était sous assistance respiratoire, Pape Diouf devait être rapatrié de Dakar à Nice en avion sanitaire mais son état s’est dégradé, l’avion n’a pas pu décoller et il est décédé sur le sol sénégalais, a-t-on appris de même source.
Ancien journaliste, agent de joueurs, puis patron de l’OM et candidat à la mairie de Marseille, Pape Diouf a connu de multiples vies. Resté quatre ans (2005-2009) à la tête de l’Olympique de Marseille, l’un des postes les plus éjectables du football français, le Franco-Sénégalais s’était mis les bouillants ultras olympiens dans la poche avec sa défense sans concession du club et sa politique de reconstruction réussie après des années d’insuccès.
Sens de la formule
Né en 1951 à Abéché, au Tchad, où son père militaire était en poste, arrivé à Marseille à 18 ans, c’était d’abord une carrure tutoyant le mètre quatre-vingt-dix. C’était aussi une élégance, avec sa sempiternelle moustache sombre sur son large sourire, ses costumes et ses cravates assorties, ainsi que sa voix posée maniant l’emphase et l’ironie, surtout pour pourfendre ses adversaires médiatiques : le Paris SG, bien sûr, mais aussi ses détracteurs au sein du club, qui ont malgré tout fini par avoir raison de lui en 2009.
Son sens de la formule, soignée sur les bancs de Sciences Po Aix, a souvent fait mouche, ajoutant au décorum d’un championnat français où les Marseillais, sevrés de victoires, avaient bien besoin de retrouver des raisons de rêver. Il critiquait par exemple la Coupe de la Ligue, trophée mal-aimé du football français, la qualifiant de « petite danseuse » pas indispensable dans un calendrier surchargé. Et pour mieux séduire les supporteurs, l’ancien journaliste sportif de La Marseillaise devenu par la suite agent de plusieurs joueurs de l’équipe de France et enfin manager de l’OM pendant une saison avant d’accéder à la présidence, jouait souvent la province contre Paris. « A Marseille, il y a des turbulences, parfois des débordements et quelques excès.
Mais il n’y a pas de haine, ni d’entêtement borné, avait-il dit. Il n’y a pas ici de public méchant, parfois haineux comme on peut le voir à Paris », lançait-il en 2008 avant un choc contre le PSG, qualifiant certains ultras du Parc des Princes de « brigands de stade ». Plus tard, il pourfendait les idées reçues contre la deuxième plus grande ville de France et son club : « Marseille est une ville sur laquelle il faut toujours taper. Si tous les clubs en France étaient l’objet de la même attention que l’OM, vous verriez beaucoup plus de clubs dans les cabinets des juges », déclarait-il en 2014 lorsqu’il était inquiété dans l’affaire des transferts présumés frauduleux de l’OM, avant de voir sa mise en examen annulée quatre ans plus tard.
En retour, les supporteurs marseillais l’ont défendu bec et ongles au moment de son départ de la présidence, après quatre années marquées par un redressement sportif auquel il n’aura manqué qu’un titre de champion, finalement remporté, sous le mandat de son successeur Jean-Claude Dassier, en 2010.
« J’ai été premier en tout »
Cette cote de popularité, Diouf a même essayé de la faire fructifier en politique, se portant candidat à la mairie de Marseille en 2014 à la tête d’un collectif citoyen.
« Je veux tourner le dos à toute démarche politique car lorsqu’un lampadaire est en panne, ce n’est ni de gauche ni de droite que d’essayer de le réparer », disait-il alors. Cette figure plutôt ancrée à gauche ne recueillera qu’environ 6 % des voix mais son image restera indemne aux yeux des Marseillais, à l’instar d’un Bernard Tapie.
Sa liberté de ton l’a aussi conduit à batailler contre le racisme, notamment lors de l’affaire dites des « quotas », quand avait émergé l’idée, abandonnée, d’imposer des quotas de binationaux chez les jeunes, lors d’une réunion de la Direction technique nationale (DTN) fin 2010.
« Je suis le seul président noir d’un club en Europe. C’est un constat pénible, à l’image de la société européenne et, surtout, française, qui exclut les minorités ethniques », avait-il déploré dans les colonnes du magazine Jeune Afrique. « J’ai été premier en tout, assurait-il dans nos colonnes en 2005. Premier journaliste africain responsable de rubrique sportive en Europe, premier agent de joueurs africains, premier manageur sportif d’un grand club européen.
Avec tout ce que les joueurs africains ont apporté au foot ici, c’est bien le moins qu’on s’aperçoive de ce que nous pouvons aussi apporter en dehors du terrain. » Ancien président d’un club où la formule « À jamais les premiers » concurrence la devise « Droit au but », Pape Diouf aura marqué de son empreinte sa ville adoptive où il avait débarqué il y a cinquante ans.
Le Monde avec AFP
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