À Madagascar, comme dans bien d'autres pays d'ailleurs où la crise de coronavirus sévit, la situation des prisons est extrêmement ...
À Madagascar, comme dans bien d'autres pays d'ailleurs où la crise de coronavirus sévit, la situation des prisons est extrêmement préoccupante. Laetitia BEZAIN |
Les geôles du pays comptent 28 000 détenus (en juin 2019), presque trois fois plus que leur capacité d’accueil. Il y a quelques jours, le gouvernement a énoncé des mesures pour protéger les détenus du Covid-19. Pas suffisant, déclare Amnesty qui vient de publier une lettre ouverte pour demander la libération des détenus en préventive.
Amnesty International demande la libération de Domoina, cette jeune femme, lesbienne, placée en détention provisoire il y a un mois, accusée de « corruption de mineurs ». Son incarcération avait suscité énormément de réactions. Son procès aurait dû se tenir le 10 avril prochain. Mais avec les mesures de confinement, il a été reporté à une date indéterminée. Comme Domoina, ils sont des milliers de détenus à être emprisonnés, en attente de jugement.
Pour éviter la propagation du virus dans ses prisons surpeuplées, l’État vient d’annoncer la suspension des visites aux détenus. Insuffisant et surtout dangereux pour l’état psychologique des prisonniers, rétorque Tamara Léger, chercheuse pour Amnesty International, sur Madagascar et auteure de la lettre. Elle demande au gouvernement de libérer certains détenus pour éviter une catastrophe sanitaire.
« Il y a plus de la moitié des détenus à Mada qui sont en détention préventive. C’est-à-dire qu’ils sont toujours innocents aux yeux de la loi. Non seulement ils doivent passer de longs mois voire des années dans des conditions déplorables, mais en plus aujourd’hui ils n’ont même plus accès à leur famille ni à leurs avocats. Donc il faut urgemment faire en sorte que tous les détenus qui ne sont plus un danger pour la société puissent sortir de la prison. Les détenus n’ont pas la place de s’allonger sur le dos la nuit dans certains établissements, comme par exemple à Manakara. Comment imaginer que si certains détenus sont affectés par le covid-19, ils arrivent à s’isoler ? C’est impossible aujourd’hui. Ils n’ont pas accès à l’eau autant qu’il le faudrait. Je ne parle pas des masques de protection… Enfin, il est très difficile de les transporter à l’hôpital parce que certaines prisons ne sont mêmes pas dotées d’un véhicule fonctionnel. »
En novembre dernier, le président de la République avait promis de réduire l’utilisation de la détention préventive et d’améliorer les conditions carcérales. « Le temps est venu d’agir » exhorte Amnesty International. L’ONG recommande de libérer également les détenus condamnés pour des délits mineurs (vols de téléphone, de poulets) ainsi que les prisonniers vulnérables au virus comme les personnes âgées et les femmes enceintes.
Contacté, le ministre de la Justice n’a pas souhaité s’exprimer au sujet des requêtes d’Amnesty International. L’organisation de défense des droits de l’homme s’était déjà faite remarquer en octobre dernier en publiant un rapport accablant sur l’état des centres pénitentiaires de l’île.
Par : Sarah Tétaud ©RFI
Par : Sarah Tétaud ©RFI
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