Le mouvement de grève des enseignants du secondaire et du supérieur se poursuit, inexorablement. Depuis presque trois mois, les négociati...
Le mouvement de grève des enseignants du secondaire et du supérieur se poursuit, inexorablement. Depuis presque trois mois, les négociations n’ont pas avancé. Au gouvernement, le ton se durcit. Chez les syndicats, c’est la consternation.
Si les enseignants du secondaire revendiquent notamment une prime de fin d’année promise par le président de la République mais non encore versée à l’ensemble des professeurs, les enseignants du supérieur, eux, réclament à leur ministère de tutelle l’application de toute une série de décrets pris il y a plusieurs années, et qui auraient dû améliorer sensiblement leurs revenus.
À l’Université d’Ankatso, dans la capitale, le SECES, l’unique syndicat des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants a décrété une grève illimitée le 29 octobre dernier. 80% du corps enseignant du territoire est en attente du règlement d’une partie de ses indemnités depuis plusieurs années.
Pour Graziella Masindrazana, enseignante chercheuse à la Faculté de lettres et secrétaire générale de la section tananarivienne du SECES, le blocage dans les négociations est le reflet « d’un manque de considération du travail des enseignants par le gouvernement ». Alors que « pourtant, le gouvernement a toutes les solutions entre ses mains », estime-t-elle.
« Il suffirait d’appliquer ce qui a été convenu avec le Premier ministre, le ministre de tutelle et le ministre des Finances et du Budget en avril dernier, c’est-à-dire procéder au paiement des sommes dues mais non versées durant 5 cinq ans et de les verser d’ici à 2025 (Ndlr : un accord entre le syndicat et le Premier ministre sur un échéancier des paiements avait été trouvé le 15 avril 2019). Or, le problème, c’est qu’à ce jour, Mme la ministre que nous avons rencontrée mi-décembre, nous demande de faire une croix sur le paiement des sommes dues mais non payées. »
Les étudiants pris entre deux feux
À Ankatso, la grève se poursuit mais mobilise moins d’enseignants qu’au premier jour. Pour preuve, cette étudiante en master 1 d’histoire sort d’examen. Pas sûr pour autant qu’elle puisse valider son dernier semestre.
« On comprend leur revendication et on est de tout cœur avec eux. A ma connaissance, je crois qu’ils revendiquent simplement leurs droits, à savoir le paiement complet de leur indemnité et c’est normal. Mais pour nous, ça impacte beaucoup trop nos études, notre avenir. On vient déjà de perdre un an, puisqu’on est encore en année universitaire 2018-2019. Et on craint vraiment que l’année soit annulée, et que ce soit une année blanche … »
Le gouvernement durcit le ton
Jointe par téléphone, la ministre de l’Enseignement supérieur Blanche Richard et de la Recherche estime elle « inadmissible de prendre en otage les enfants du peuple pour faire du chantage à l’État ». Cette situation fait grincer des dents, d’autant, affirme-t-elle, que son ministère « n’a cessé de recevoir les représentants du syndicat », que ce soit ceux de la branche nationale ou des branches locales.
« Désormais, chacun doit y mettre du sien. Nous sommes en train de répondre à 6 de leurs 7 revendications. Nous leur demandons de renoncer à la dernière. Les 307 milliards d’ariary demandés (75,5 millions d’euros) pour payer le reliquat des arriérés des indemnités des années 2009 à 2015 est un montant colossal » explique la ministre.
« Face aux problèmes que le pays endure, dépenser cette somme à cette fin pour 2 800 enseignants n’est pas une priorité du gouvernement », contrairement à l’eau, l’électricité, ou même le paiement des salaires et les bourses des étudiants, précise-t-elle. « Cette demande est simplement irraisonnable : si cela n’a jamais été payé depuis 2009, c’est qu’il y a une raison ».
Pour rappel, ces 307 milliards d’ariary n’ont pas été inscrits dans la loi de finance 2019 ni dans celle de 2020. Le gouvernement reste ouvert au dialogue. La semaine prochaine, la ministre rencontrera les chefs d’établissements pour faire le point et prendre des décisions.
À l’origine de ces grèves, des décrets pris il y a plus de 10 ans. Une solution envisageable pour mettre un terme définitif à ce blocage : annuler purement et simplement les décrets problématiques.
Par RFI
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