Le président Azali à Itsoundzou...04/05/19 ©La rédaction Plus de quatre décennies d’indépendance et des dizaines de pouvoirs après, les...
Le président Azali à Itsoundzou...04/05/19 ©La rédaction |
Plus de quatre décennies d’indépendance et des dizaines de pouvoirs après, les Comores, notre pays, n’a jamais été aussi profondément divisé. Ces divisions ne cessent d’approfondir leur sillon, chaque jour qui passe, au point que l’on arrive à se demander où vont les Comores dans cet environnement où le rejet de l’autre, la haine de l’autre et les extrémismes de tout bord et de tout acabit, semblent s’être installés de manière irréversible.
Elite politique divisée, le champ religieux saccagé, la notabilité minée par les divisions, les Comoriens d’ici et d’ailleurs, en un mot, évoluent désormais dans la discorde.
Jamais dans notre histoire, un président n’a autant été systématiquement rejeté et interdit d’accès à certaines villes, villages ou partie du territoire national, à cause de sa gouvernance. Pourtant, différents régimes se sont succédés depuis, du Mongozi Ali Soilihi, en passant par le régime d’Ahmed Abdallah Abderemane, sous la coupe des mercenaires, jusqu’à ce que l’on arrive aujourd’hui au régime du président de la vision « émergence » !
Tout au long de ce cycle d’histoire, notre peuple a toujours vécu dans la précarité, dans son écrasante majorité, sans jamais savoir de quoi demain sera fait, mais sans que le tissu social ne soit aussi tendu, au point de frôler la rupture. Or, sans exagération aucune, cette rupture plane sur notre pays telle l’épée de Damoclès.
Comment en est-on arrivé à ce stade ?
Un ancien président en résidence surveillée ; son successeur interdit de quitter le territoire ; un ancien Vice-président en résidence surveillée ; un autre ancien vice-président condamné par contumace à perpétuité ; un ancien ministre des Affaires étrangères et élu du peuple en résidence surveillée ; un Chef d’Etat major adjoint en prison ; un ancien Chef d’Etat major et candidat à la dernière présidentielle en résidence surveillée; un commandant de l’AND, tombé sous les balles dans des circonstances non élucidées jusqu’aujourd’hui ; des journalistes écroués ou en cavale ; un avocat et un écrivain condamnés également à perpétuité ; des leaders d’opinion mis en examen avec de lourds chefs d’inculpation, pendant que d’autres sont harcelés et vivent avec la peur au ventre, et j’en passe, car la liste sera longue.
Ce tableau démontre, s’il en est besoin, que notre pays va très mal, n’en déplaise aux spécialistes du nivellement par le bas qui forment un océan de suffisance, d’arrogance et de médiocrité, à vous couper le souffle. Une race de personnes et d’individus qui ne supportent pas la moindre critique, leur échelle de valeurs et de comparaison se situant aux antipodes des pays et des contrées où la vie du citoyen reste au cœur des préoccupations de ceux qui gouvernent.
Lorsque dans un pays comme le nôtre, à l’islam confrérique et traditionaliste, la plus haute autorité morale et religieuse, le Grand Mufti, est ouvertement critiqué et apostrophé en public, le président de la République et son gouvernement humiliés et bannis dans certaines localités, les forces armées dont la mission est d’assurer la sécurité des personnes et des biens, suscitent la crainte et la peur, il convient de s’interroger sans la moindre complaisance. Il y va de la paix, de la quiétude et du vivre ensemble entre les Comoriens que nous sommes !
Face à ce champ de ruines, la seule issue reste la réconciliation des cœurs et des esprits, pour pouvoir enfin repartir du bon pied pour reconstruire notre pays. Car, en dernière instance, nous sommes tous, chacun en ce qui le concerne, responsable de ce désert cognitif, affectif, émotionnel et intellectuel que sont devenus les Comores !
Kweli (vérité), Haki (droit), Hukuma (justice), Swamaha (pardon) me paraissent, désormais, être les principaux axes quadrilatères de la renaissance et de l’émergence de notre pays.
Hakim Istiqlal
L'auteur de cet article est un haut cadre. HaYba s'est assuré de son identité. Il est naturellement soumis au devoir de réserve. L'insécurité juridique actuelle décourage aussi toute témérité.
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