Plateforme pour la défense des intérêts d'Anjouan...

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La réunion qui a rassemblé plus d'une centaine d'Anjouanais de tout horizon à Montreuil, le 5 Mai 2019 est un premier pas positi...

La réunion qui a rassemblé plus d'une centaine d'Anjouanais de tout horizon à Montreuil, le 5 Mai 2019 est un premier pas positif pour l'unité et la mobilisation des Anjouanais en faveur des intérêts véritables de l'île d'Anjouan.

Mais pour réussir ce défi, il ne faut ni se tromper sur le constat de la situation réelle d'Anjouan, ni sur la nature et l'ampleur du combat à mener : voici notre contribution à ce défi lancé à tous les enfants d'Anjouan.

Malgré un sol riche et une population très travailleuse, et souvent qualifiée, l'île d'Anjouan est devenue l'île la plus pauvre de l'archipel et la plus déshéritée : l'agriculture et l'élevage y ont beaucoup régressé et ne suffisent pas à la subsistance des paysans et la pêche reste toujours embryonnaire.

Le système éducatif qui relève d'un autre âge avec des écoles et des salles délabrées et le système de santé déficient et inopérant en termes de moyens et d'infrastructures d'investigation et de soins et de compétences y rendent la vie des Anjouanais insupportable.

La pauvreté, la misère, les maladies, l'absence d'espoir et de perspectives jettent des franges importantes de la population à la mer pour chercher refuge à Mayotte : nombreux périssent en mer, et le reste est contraint à une vie de migrants fugitifs, traqués, maltraités, exploités par des gens peu scrupuleux et xénophobes.

Les victimes de ce grand cimetière que constitue ce bras de mer du canal de Mozambique laissent de nombreux orphelins dans beaucoup de villages, villes et quartiers de villes... D'autres Anjouanais fuient vers Moroni ou même Mohéli à la recherche d'une vie meilleure. Malheureusement, notre île d'Anjouan est devenue un véritable refouloir, une terre où il n'est plus bon vivre.

L'île d'Anjouan connaît le taux de chômage le plus élevé de l'Union des Comores : les jeunes diplômés restent sans emploi, les commerces et les petites entreprises périclitent faute d’un pouvoir d'achat suffisant dans l'île et la seule solution demeure l'émigration vers Moroni, notamment.

Alors qu'on trouve des Anjouanais partout dans les autres îles et singulièrement à Ngazidja, on ne trouvera pratiquement pas de ressortissants de cette île travaillant à Anjouan, et pour cause.

L'île d'Anjouan, jadis connue sous le nom de « Perle des Comores » est une île où l'environnement est complètement sacrifié : extraction de sable massive pour la construction qui a fait disparaître pratiquement toutes les belles plages, déboisement massif pour les distilleries, le bois de chauffe ou pour les cultures, de sorte que les nombreux cours d'eau et rivières de notre belle île ont presque tous tari. Même le lac Dzialandze est devenu l'ombre de lui-même.

Pire, l'importation et usage des sacs plastiques, ainsi que les boîtes de conserves de toutes sortes, l'absence totale d'intérêt et de politique pour l'environnement de la part des autorités ont fait de l'île d'Anjouan, une vaste déchetterie à ciel ouvert, aggravant ainsi les conditions sanitaires déjà désastreuses des populations.

Depuis l'accession du pays à l'indépendance, un système administratif hyper-centralisé s'est édifié autour de la capitale de Moroni à Ngazidja où le regroupement de tous les services gouvernementaux, des directions de services, des chancelleries, des sociétés nationales etc. crée un pouvoir d'achat et un dynamisme économique et une prospérité relative propres à l'île de Ngazidja.

Cette situation attire les investissements en tous genres et bénéficie à tous les secteurs de la société (commerce, hôtels, taxis, productions diverses etc.), au détriment des autres îles.

Le sentiment d'injustice et la frustration nés de cette centralisation et du déni de la réalité insulaire du pays et des aspirations légitimes de chaque île ont conduit à la sécession de Mayotte, comme ils ont motivé le mouvement d'indépendance et de séparation d'Anjouan et de Mohéli.

La situation désastreuse d'Anjouan provient d'un système qui nie la réalité géographique, historique et sociale du pays.

Nées en 1956 de la volonté coloniale, les Comores regroupent avant tout des îles mais aussi des entités historiques, culturelles constituées dotées de leurs propres aspirations.

La vision « politiquement correcte » a consisté à considérer les Comores comme un territoire unique, uni par la même histoire, les mêmes traditions sociales et culturelles, la même langue etc.

Ce qui est complètement éloigné de la réalité : car, tout en partageant la même religion, les îles ont connu une histoire différente, ont des traditions sociales et culturelles différentes (cf anda, mdjomba à Ngazidja) ainsi que des langues tout à fait différentes etc .

Cette vision du « pays unique » a fondé le système en place et guidé toutes les politiques passées, allant jusqu'à taxer de séparatiste la moindre revendication au profit d'une île , alors que seule la prise en compte de la réalité insulaire et sociale du pays, dans toute sa complexité est susceptible de conduire à la mise en place d'un système politique et administratif juste et à générer un vivre ensemble acceptable pour tous.

Ces dernières années, nul ne peut nier que la descente aux enfers est encore plus vertigineuse et que tous les clignotants sont au rouge dans la crainte d'une véritable catastrophe, à Anjouan.

Le réseau routier souvent bâclé à cause de la corruption et mis à mal par les fortes pluies et le ruissellement des eaux des montagnes, est pratiquement abandonné dans un état de délabrement qui devient un obstacle majeur aux déplacements de la population et aux échanges économiques.

Anjouan où les projets hydro-électriques sont susceptibles de constituer un atout non négligeable pour l'essor économique reste tributaire d'une ressource énergétique chère et rare, d'une électricité aléatoire, alors qu'à Ngazidja de projets adaptés et fiables sont en passe d'être réalisés.

Le port de Mutsamudu, le véritable poumon économique d'Anjouan, est en train de s'étouffer : d’un côté l'envasement poursuit son œuvre d'obstruction, de l'autre, les fonds du FED prévus pour les travaux de désenvasement et de réhabilitation sont bloqués par dépit de ne pouvoir en faire bénéficier à la construction du futur port en eau profonde de Moroni qui signera l'arrêt de mort de celui d’Anjouan.

Les Accords de Fomboni du 17 février 2001, ont pour la première fois de l'histoire, engendré une constitution et une configuration institutionnelle adaptées à la réalité insulaire du pays et aux aspirations de ces entités constituantes.

Il est donc juste de militer pour le respect de ces Accords dont les principes fondamentaux concernent l'autonomie des îles, et la tournante présidentielle.

Mais lutter pour la tournante à Anjouan en 2021 n'est pas suffisant : l'île d'Anjouan a besoin d'une autonomie pleine et entière pour s'épanouir.

Dans un pays constitué d'îles distantes les unes des autres de 70 à 200 km, où près de 80% de la population ne connaissent les îles voisines, tout ne peut être dirigé à partir d'un seul centre ou d'une seule île : car il n'y a pas d'îles ou de populations supérieures ou inférieures.

Les îles sont strictement égales entre elles et le vivre ensemble ne peut souffrir d'aucun système d'injustice ou d'aliénation.

Les îles doivent être dotées d'une souveraineté pleine et entière, dotées de toutes les compétences administratives et financières nécessaires pour gérer leurs propres affaires.

Elles doivent être capables d'établir des relations d'amitié, de coopération et d'amitié avec l’extérieur.

Les pouvoirs des îles souveraines doivent être des pouvoirs démocratiques et de proximité respectant les droits humains fondamentaux et œuvrant exclusivement pour les intérêts des populations.

La corruption, le népotisme, le clientélisme …. y seront traqués au nom d'une justice indépendante.

Des mécanismes d'appel et de saisie devront être étudiés et mis en place, pour que la justice soit égale pour tous et que nul ne soit au-dessus de la loi, que ce soit au nom de l'Union ou des îles souveraines.

Comment comprendre qu'aucun ministère, aucune direction générale de service de l'État ne soit jamais installé ni à Anjouan ni à Mohéli ? 

Tout ce qui est commun et relève de l'Union, comme les services, les directions, les institutions etc doit être équitablement réparti sur l'ensemble des îles pour créer de la proximité avec les citoyens et favoriser le dynamisme économique.

Un système de quotas doit être mis en place, pour les gouvernements, les directions générales des services, les chancelleries extérieures et les directions des sociétés nationales... en se basant sur le principe de compétences et à contrario de « Yinu de ya hatru ». Sans oublier les bourses nationales ou internationales, les aides diverses et variées.

Toute nouvelle acquisition, toute nouvelle construction devrait être étudiée sous le prisme d'une répartition équitable ou compensatoire : si on développe l'aéroport de Hahaya, on doit pouvoir réaliser des travaux conséquents au port de Mutsamudu ou à l'aéroport de Ouani, pour ne parler que d'Anjouan.

Il ne devrait exister aucune démarche administrative qui justifie les frais de déplacement d'un citoyen et des frais de séjour dans une autre île: tout doit être conçu pour que le citoyen puisse engager toute démarche administrative dans sa propre île (passeports, visas, autorisations etc.)

Les pouvoirs se succèdent depuis une quarantaine d'années d'indépendance et rien n'est jamais fait pour essayer de résorber la pauvreté qui est nettement plus importante à Anjouan et qui se solde en une émigration dramatique vers Mayotte, ni résorber le sous-développement qui frappe Mohéli, comparé aux autres îles.

Anjouan est littéralement en train de mourir de manque de soins et de maladies nombreuses, variées et parfois bénignes, alors que l'hôpital de Bambao, un véritable bijou sanitaire est sacrifié, ainsi que le deuxième hôpital de Hombo, par ce qu'ils se trouvent sur la « mauvaise île ».

Encore une fois, nous ne pouvons nous tromper sur la réalité actuelle de notre île ni sur la nécessité impérieuse de lutter pour mettre en place à minima, un système fait d'une égalité réelle entre les îles, de justice et d'une répartition équitable de pouvoirs d'administration et de gestions entre des véritables entités autonomes.

C'est pour cela que la Constitution initiale issue de l’Accord de Fomboni de 2001, constitue la base minimum pour l'organisation d'un vivre ensemble réussi entre les îles.

Vive Anjouan dans la plénitude de ses prérogatives !

Vive l’État souverain d’Anjouan !

La Voix des Anjouanais en colère,

Anli Yachourtu JAFFAR

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