Azali Assoumani entouré de son staff lors du meeting de Koimboini Pour mettre au jour les facteurs de la réussite, force est de constat...
Azali Assoumani entouré de son staff lors du meeting de Koimboini |
Pour mettre au jour les facteurs de la réussite, force est de constater que le premier tour de l’élection présidentielle a été marqué par une exceptionnelle mobilisation électorale au profit du candidat de la mouvance, une faible mobilisation des candidats de l’opposition et par conséquent, d’un faible score électoral. Analyse.
Le 24 mars a eu lieu le premier tour de l’élection présidentielle. Le président sortant a été réélu avec 59,05%, un peu moins de 1,5 point par rapport aux chiffres provisoires donnés par la Commission électorale (60.77%) tandis que le candidat soutenu par le parti Juwa, Me Ahamada Mahamoud améliore légèrement son score et obtient 15,71%.
Il nous est paru nécessaire de porter à attention sur les raisons de la victoire du candidat de la mouvance ainsi que sur les facteurs de la défaite des candidats de l’opposition.
On a pu constater que lors des élections nationales présidentielles 2016, la participation a atteint 69%. En 2010, ce sont seulement 52,8% des électeurs qui se sont rendus aux urnes. En 2016, la participation s’est soldée à 57% surpassant un peu plus de 4 points celle des 2019. Dans un contexte de boycott et d’appel à l’abstention orchestré par l’opposition, 53, 84% de participation est relativement un meilleur score, à comparer avec la participation aux élections présidentielles de la République démocratique du Congo (47,56 %) ou celles de Madagascar (48,09 % au second tour).
Cette participation a été saluée par la Mission d’observation électorale de l’Union Africaine, des observateurs de l’Union africaine, du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) et des Forces en attente de l’Afrique de l’Est (EASF) et de la Ligue Arabe. Elle traduit une baisse relative d’un cycle d’abstentionnisme qui se développait depuis plus d’une bonne trentaine d’années. Elle témoigne également d’une volonté des Comoriens de s’emparer à nouveau de la politique.
Il a pu profiter du faible bilan de ses prédécesseurs
Cette participation a été sans doute au bénéfice du président Azali dont la victoire obéisse à trois facteurs fondamentaux.
Premièrement, le candidat de la mouvance a pu profiter du faible bilan de ses prédécesseurs notamment en matière d’énergie, du développement du réseau routier. Ahmed Abdallah Sambi a beaucoup promus, mais a peu tenu. Ikililou Dhonine a peu promus, mais a moins tenu. Quant à Azali Assoumani, il a peu promus, mais a beaucoup tenu à un rythme accéléré. C’est ce qui a conduit bon nombre des Comoriens de choisir l’option électorale. Ils abhorraient surtout le vote futile qui consiste à choisir un autre candidat dont la plupart étaient soit un novice soit dépositaire d’un piètre bilan (les anciens gouverneurs surtout), ce qui risquerait de conduire le pays vers l’inconnu. Certains d’entre les électeurs votaient pour le bilan du candidat de la mouvance.
Azali Assoumani a gagné grâce à sa communication et mobilisation exceptionnelle
Deuxièmement, Azali Assoumani a gagné grâce à sa communication. L’élection présidentielle a réconcilié les Comoriens avec la politique. Elle a pu mobiliser tout autant les jeunes que les femmes. Plus de 80 mille personnes ont participé aux meetings. Certains même ont fait des donations. De centaines des militants de la mouvance ratissent le terrain. Dans chaque meeting une ambiance électrique régnait. Le premier comme le dernier, c’était du jamais vu.
Surtout, un autre modèle de communication apparait. C’est le phénomène du stand organisé par le Club du Citoyen. Avec le Stand, la culture s’invita dans la campagne. Des livres, des rapports, des journaux, les idées ont été au rendez-vous. Des distributions de stylos, de casquettes, d’écharpes, de porte-clés, de tee-shirts comme des bulletins d’informations sur le bilan et projet d’Azali se sont effectuées sur la base de la proximité. Des anonymes comme des officiels ont été décorés, d’une égalité légendaire.
La campagne elle, portait sur une stratégie d’explication du projet beaucoup plus que sur la valorisation du bilan. Un autre élément important, c’est sa présence régulière dans les iles. Aucun président avant lui n’a autant visité et investi à Anjouan et à Mohéli que le président Azali. Cette politique de proximité l’a aidé à asseoir sa base électorale. Par une exceptionnelle mobilisation électorale, chaque leader régional recrutait des relais d’opinion qui, à leur tour, recrutaient des supporteurs et électeurs potentiels. C’est peut-être l’élément le plus novateur de sa campagne. Azali Assoumani a su renouveler le corpus de sa communication. En diversifiant les centres de commandement de sa campagne, il a pu laminer les candidats de l’opposition.
Les erreurs stratégiques des candidats de l’opposition ont beaucoup contribué à leur échec et à la victoire d’Azali.
Troisièmement, les erreurs stratégiques passées et récentes des candidats de l’opposition ont beaucoup contribué à leur échec. Au lieu de se réunir pour représenter un seul candidat, ils sont partis en ordre dispersé. Au lieu de défendre leur projet, ils ont déployé la stratégie de l’invective : les attaques, l’appel au boycott, la demande expresse des assesseurs de quitter les bureaux de vote et saccages des urnes dans les villes où ils pouvaient remporter ont participé à l’affaiblissement électoral de l’opposition.
Dans ce contexte de gaffes stratégiques, les candidats de l’opposition ne pouvaient pas faire un miracle. La débâcle se voyait déjà lors de la campagne. Dominés dans la bataille de la communication, leur projet se résume à rendre en 2021 le pouvoir. Certains d’entre eux ne faisaient pas de campagne ni meeting. Onze candidats réunis n’ont pas pu remplir le stade Ajao tandis que le candidat de la mouvance faisait le plein dans presque tous ses meetings.
En axant la campagne sur l’antiazalisme et en cherchant à le diaboliser, l’opposition a pu donner l’impression qu’elle était à court d’idées et de stratégies, et ce qui lui a conduit à essuyer un échec cuisant.
Msa Ali Djamal
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