Il y a encore trois mois, Ahamada Mahmoudou était inconnu du monde politique. Aujourd’hui candidat indépendant, soutenu par le parti Juwa...
Sauf coup de théâtre, l’avocat de l’ex-président, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi devrait être qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle du 24 mars. C’est en tout cas l’avis de plusieurs observateurs politiques comoriens qui constatent l’engouement autour de sa candidature partout dans le pays.
« Il parait être le seul qui peut battre Azali en cas de second tour », avance Maabadi Mmadi, professeur de collège et ancien militant CRC. Pour celui qui se dit déçu par le président Azali, Me Mahamoudou doit être soutenu par tous ceux qui souhaitent un changement de régime. « Il a la confiance des militant Juwa grâce à son engagement dans le procès injuste engagé contre Sambi. C’est sa chance aujourd’hui », ajoute-t-il.
Pour Mahmoud Said, observateur depuis l’île de Mayotte, « Il[Mahamoudou] a su saisir une opportunité en prenant la défense de Sambi. Et aujourd’hui il récolte les fruits politiquement ». Seul incertitude : le déroulement démocratique de l’élection. « Si le gouvernement accepte une organisation libre et transparente de cette élection, le candidat de Juwa sera au deuxième tour, et il sera même élu président de la République », assure notre interlocuteur après avoir analysé les rassemblements populaires en faveur de l’avocat.
« Le gouvernement loue des bus et engage des frais colossaux pour ses meetings, on comprend pourquoi il y a du monde », confie un journaliste basé à Moroni. Effectivement, la peur de sanction ou de licenciement pour les fonctionnaires et les agents d’entreprises publiques amène beaucoup de gens dans les meetings d’Azali. Sans compter les sommes distribuées au sein de la notabilité. Or du côté du candidat soutenu par Juwa, les gens paient leurs déplacements et viennent assister au rassemblement sans aucune contrainte, nous dit-on du côté du parti de Sambi.
Au-delà du soutien du parti Juwa, il y a aussi la personnalité atypique de Me Mahamoudou qui joue un rôle important. Un homme relativement jeune, nouveau dans le paysage politique et toujours attaché au droit et aux principes démocratiques. « Professionnellement, il est bon, honnête et modeste », confie un magistrat qui l’a côtoyé depuis plusieurs années au palais de justice de Moroni. « A l’époque de Sambi, il critiquait le régime par rapport à certaines décisions, j’étais étonné quand j'ai appris qu’il a adhéré au parti Juwa », ajoute-t-il avant d’espérer qu’en cas de victoire cet auxiliaire de justice va incarner sérieusement « le changement et l espoir » attendus par le peuple comorien.
Au niveau de son programme, il séduit là aussi ceux qui sont attachés à la tournante et qui trouvent en elle une stabilité à maintenir, dès lors qu’il promet de rendre le pouvoir en 2021 à un président issu de l’Anjouan. Il attire aussi beaucoup de jeunes par son discours sur la justice sociale, la lutte contre le chômage et la réduction des salaires des membres du gouvernement.
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