Il y a 55 ans, le mouvement des africains du continent mené par John Okello renversait le sultanat de Zanzibar. Elle fit près de 20 000 m...
Il y a 55 ans, le mouvement des africains du continent mené par John Okello renversait le sultanat de Zanzibar. Elle fit près de 20 000 morts au sein de la population minoritaire composée d’arabes et d’asiatiques. Voilà le résumé de ce que vous pourriez trouver sur la toile. Et pourtant, le 12 janvier 1964, de nombreux comoriens sont morts, blessés, torturés et pillés.
Bien que le Royaume-Uni lui accorde son indépendance en 1963, une série d’élections permet à la minorité arabophone de conserver la mainmise sur le pouvoir qu’elle détient depuis deux siècles sur Zanzibar. L’ancien policier ougandais, John Okello qui dit avoir entendu des voix lui demandant, en tant que chrétien, de libérer le peuple zanzibarite des arabes, va mener une opération révolutionnaire avec quelques centaines de partisans.
En récupérant, les points stratégiques de l’ile principale d’Unguja, ils poussent le gouvernement présidé par le sultan Jamshid Ben Abdallah à fuir l’île. Toutes communautés assimilées à la minorité arabe, deviennent les ennemies de la nation. C’est ainsi que la communauté comorienne ont été la cible des insurgés.
Mzee Abeid Amani Karume et President Julius Nyerere |
Une révolution sanguinaire
La nuit du 11 au 12 janvier 1964, une chasse à l’homme a été lancée où 15 comoriens sont morts, plus de 30 blessés et d’autres ont été pillés voir incarcérés tel que Maulida Mshangama, ministre de l’éducation et de l’information sous le régime renversé ainsi que Ibouni Saleh, ministre du commerce et de l’industrie, tous les deux nés de parents comoriens.
Le fait le plus marquant de cette chasse à l’homme est le suicide d’Abdoud Mzee Mbaliaa, âgé de 24 ans, qui s’est défenestré à l’hôpital de Mnazi Mmoja après de nombreuses tortures inhumaines.
Après que son ministre du commerce Abdou Maalim fut contraint de démissionner, le 22 novembre 1968, en raison de ses origines comoriennes, le Président zanzibarite, Abeid Amani Karumé, demande une nouvelle fois l’expulsion des comoriens.
Dans un premier temps, la France, qui colonise l’archipel des sultans batailleurs, refuse de prendre en charge le rapatriement des ressortissants comoriens et Said Mohamed Cheikh, Président du conseil du gouvernent du territoire comorien, voit d’un mauvais oeil, le retour de la diaspora comorienne de Zanzibar.
En effet, parmi les réfugiés se trouvaient des personnes dangereuses pour le pouvoir en place, des membres du MOLINACO, Mouvement de la libération national des Comores crée en 1963 par Mohamed Chami dont Abdou bacar boina était secrétaire général. Un mouvement indépendantiste qui réclamait l’indépendance des Comores.
C’est donc dans la douleur que les comoriens de Zanzibar sont rentrés aux Comores.
Entre 1965 et 1968, de nombreux comoriens se sont exilés d’eux même vers le Kenya, l’Ouganda ou encore aux Comores. Pour ceux qui n’avaient pas les moyens financiers pour rentrer dû aux pillages des zanzibarites après la révolution d’Okello, la France va finalement les rapatrier par voie maritime principalement mais sous haute vigilance entre 1964 et 1971. Seul ceux qui pouvaient prouver qu’ils étaient comoriens et qu’ils avaient de la famille sur l’archipel, étaient pris en charge à condition bien sur qu’ils ne soient pas affiliés à un mouvement indépendantiste. C’est donc dans la douleur que les comoriens de Zanzibar sont rentrés aux Comores. Démunis de toute richesse mais armés d’une grande volonté, l’indépendance des Comores !
Ce que retient l’histoire
Aujourd’hui, l’histoire de la prise d’indépendance de Zanzibar est connue de tous. Ce qui n’est nullement le cas pour le massacre des Comoriens de la révolution d’Okello à la même période. Ces tristes événements sont pourtant essentiels à la construction de la mémoire collective des comoriens. Qu’est qu’un peuple sans repère historique ? Un peuple qui se cherche et qui n’apprend pas de son vécu pour prévenir son avenir. Une dizaine d’année après ces faits, l’histoire se répétera à Madagascar où des milliers de comoriens sont massacrés à Majunga.
Alors je me pose la question pourquoi taisons nous notre histoire ? Pourquoi ne nous commémorons pas nos morts ?
Publié par ©Afrobonjour
East African Inspirations & Lifestyle
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