Notre destin commun est tourmenté Lors du dernier accueil du Président Azali à l’aéroport de Hahaya, un membre de la mouvance présid...
Notre destin commun est tourmenté
Lors du dernier accueil du Président Azali à l’aéroport de Hahaya, un membre de la mouvance présidentielle appela tous ceux qui veulent bien l’entendre, à venir constater que le peuple comorien est « le peuple le plus heureux du monde ». Fort heureusement, le ridicule ne tue pas, mais il faut bien qu’on en parle.
Le vouloir-vivre ensemble des Comoriens dans une nation paisible et distincte, est une aspiration profonde, tout à fait légitime. Des valeurs intangibles de civilisation unissent les familles comoriennes des quatre îles de l’Archipel, au sein d’un même bassin social et culturel.
C’est le leg de notre histoire commune. Ce n’est pas une création exclusive de la colonisation et de son model institutionnel, ni la volonté politique des hommes exceptionnels ou providentiels, investis des pouvoirs souverains.
Il faut constater les limites des élites politiques que nous sommes, et de nos éminences grises, à stabiliser les institutions politiques du pays, à partager la richesse commune, à aménager le territoire national, et à améliorer les conditions de vie des gens. Nos recettes insuffisantes, sont mal gérées, à la faveur d’un système centralisé, personnalisé, clientéliste et familial. Elles sont convoitées par des clans hégémoniques. Ce système est fort résistant ; il survit par delà les hommes.
Sa gouvernance obscure et militarisée, anéanti à chaque fois, nos espoirs : la stabilité politique et institutionnelle de l’Union, l’autonomie des îles, l’équilibre régional, la tournante, et l’alternance démocratique nés des Accords de Fomboni.
Il s’avère impossible de construire pour les générations futures, un destin commun, dans un petit pays pauvre, aux structures sociales et insulaires complexes, en misant sur un pouvoir centralisé, familial, une gestion patrimoniale, et qui n’a point d’oreille pour écouter, ni le bons sens pour consulter, et pour accepter des avis contraires.
Il ne rassemble ni les Comoriens, ni les îles qui composent l’Union. Il étouffe les libertés démocratiques en emprisonnant tous ceux qui lui résistent. Il crée la haine, accentue les inégalités sociales et territoriales entre les familles, et entre les îles, sur un fonds de pauvreté générale et des rivalités insulaires exacerbées.
Ce système de gouvernance centralisé au nom de l’unité nationale, inspirée de la 5ème République française, dont le chef d’état est la « clé de voûte », a échoué chez nous, avec son clientélisme toxique. En le reproduisant au fur et à mesure avec ses délices outranciers, les élites politiques détruisent par excès, par ignorance ou par égoïsme, ce que la nature et l’histoire nous ont légué en patrimoine commun.
Par conséquent, il faut revenir à la solution du consensus national des Accords de Fomboni : responsabiliser davantage les entités insulaires ; renforcer leur autonomie, et s’affranchir des conflits larvés et des rivalités endémiques entre Anjouan et la Grande Comores. C’est le seul moyen d’avoir une saine concurrence entre nos entités, en permettant à chaque île, de valoriser ses atouts, et de contourner les obstacles structurels, liés à la géopolitique interne de l’Archipel des Comores.
Abdou DJABIR, MSADA
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