En ce jour de commémoration de l'assassinat de Ali Adili et Boina Idi, c'est du rôle de notre armée que cette cérémonie du souven...
En ce jour de commémoration de l'assassinat de Ali Adili et Boina Idi, c'est du rôle de notre armée que cette cérémonie du souvenir devait questionner.
L'Armée comorienne n'est ni formée, ni suffisamment armée pour protéger le pays contre l'intrusion d'un ennemi extérieur. La seule guerre qu'elle sait mener, c'est de braquer la population. Elle a été initiée à ça, et n'a fait que ça depuis 42 ans, depuis "Mbawa Moissi" jusqu'à la GP des mercenaires, Quand ils quittent leur caserne, nos soldats savent qu'ils vont marcher sur la ville et s'affronter à une population aux mains nues ou armée de pierres.
Les rares fois qu'il y avait des armes en face, elle a détalé ou répondu par un déluge de feu. Puisque l'on sait que tant que l'on pointera des kalachnikov sur des manifestants, il y aura des morts, cessons de pleurer nos morts et posons la vraie question. A quoi sert cette armée comorienne? A quoi sert cet équipement de guerre, si son seul terrain d'intervention demeure l'intérieur du pays et sa principale cible, la population?
La question est fondamentalement politique, bien que les partis politiques et même la société évitent de la poser en ces termes. Héritage colonial, l'armée tout comme l'Etat qui justifie son existence, est contre le peuple. De la même manière que ces armées africaines qui n'ont de trophées que massacres, et violent de leur propre peuple.
Il y a pourtant bien une alternative à ce fiasco. Des pays autour de nous ont fait le choix de déployer leurs troupes dans des missions plus utiles, de secours en mer ou dans les situations de catastrophe. Ils les forment dans ces compétences et investissent dans des équipements appropriés.
Depuis l'indépendance, les autorités politiques comoriennes ont opté pour asseoir leur pouvoir sur la force des armes et construit une armée au service des régimes politiques et non pour défendre un pays. Les colonels au pouvoir ne font ni plus ni moins que réhabiliter cette éthique du mercenariat.
En ce jour de commémoration de l'assassinat de Ali Adili et Boina Idi par les affreux de Bob Denard, la mort ce week-end d'un jeune tué par balle pour une banale histoire de voiture volée, relance ce débat sur le rôle de l'armée comorienne. Un débat hautement politique, que personne n'ose porter publiquement. Et pourtant, le salut passe par sa dissolution.
Eddine Mlivoidro
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