Ahamed Ansuifoudine est-il un ravisseur capable de récidive et peut-il "se réparer" ? La cour d'assises d'Ille-et-Vilai...
Ahamed Ansuifoudine est-il un ravisseur capable de récidive et peut-il "se réparer" ? La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine devait rendre vendredi son verdict à l'encontre de l'auteur du rapt d'un garçonnet de quatre ans à Rennes en août 2015.
L'accusé, un Mahorais de 27 ans qui a passé 30 mois en détention provisoire, est jugé depuis mercredi pour enlèvement, séquestration et agression sexuelle sur mineur de 15 ans.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Martial Guillois, pointant un "risque patent de récidive", a demandé aux jurés une peine qui "permette" à l'accusé "de se réparer", soit "dix ans de réclusion minimum".
Il a également demandé l'interdiction pour l'accusé d'exercer toute activité lui permettant de se rapprocher d'un mineur, ainsi qu'un suivi socio-judiciaire de 10 ans avec injonction de soins.
Enlevé place de la mairie à Rennes le 15 août 2015, l'enfant de quatre ans d'origine comorienne avait suivi un homme que sa mère ne connaissait que depuis quelques jours.
Le garçonnet avait été retrouvé indemne le lendemain dans un TGV à Libourne (Gironde) avec son ravisseur, grâce au déclenchement d'une alerte enlèvement.
Pendant près d'une heure, le magistrat du parquet est revenu point par point sur les éléments à charge de l'accusé, qui selon lui s'est enfoncé dans le mensonge.
"Dans ce dossier il n'y a pas une preuve mais une multiplicité d'éléments à charge qui sont autant de preuves", a souligné M. Guillois
Des "aveux circonstanciés" sur les faits d'agression sexuelle et un "enlèvement avéré" avec le déclenchement de l'alerte enlèvement, un dispositif "rare", a fait remarquer le représentant du ministère public.
Et pour le magistrat il n'y a pas de doute sur l'intention ni la préméditation de l'accusé: "On sait que dès le départ, il va mettre la capuche en montant dans le bus parce qu'il a l'intention d'enlever l'enfant."
Demande d'acquittement
Ses avocats Mes Delphine Caro et Nicolas Prigent ont demandé eux l'acquittement et une requalification des faits d'enlèvement.
Ils se sont attachés à défendre les "qualités" et les "faiblesses" de cet homme "parfois peu bavard, un peu hagard, qui a inspiré (à la cour) un peu pitié et de l'agacement", selon Me Caro.
"Il n'y a pas de simulation, pas de stratégie de défense, ce n'est pas un calculateur", a assuré son avocate qui a évoqué à son propos des "difficultés dans l'élaboration mentale".
"Il y a quelque chose d'incontestable dans son enfance: il a souffert de violences qui sont peu banales", a souligné Me Caro.
Son conseil a rappelé que la mère de l'accusé, venue jeudi devant la cour a "demandé pardon" pour cela à son fils.
Pour Olivier Chauvel, avocat de la mère du garçon, partie civile, l'enfant a été "victime de faits criminels" indéniables.
"En commettant ce que vous avez commis vous avez ôté une partie de l'enfance de cet enfant et compromis son avenir", a plaidé Me Chauvel qualifiant l'accusé de "menteur d'intérêt" aux "instincts pédophiles".
"S'il y a une vérité c'est la souffrance de cet enfant par les gestes qui ont pu être commis", a plaidé Florence Pelé, avocate de l'association La Voix de l'enfant qui milite pour la défense des enfants en détresse.
"Je demande pardon pour tout le mal que j'ai fait", a déclaré Ahamed, prenant une dernière fois la parole avant que la cour ne se retire pour délibérer, à 15H30.
Le verdict est attendu dans la soirée.
Deuxième d'une fratrie de neuf enfants, né à Mayotte et marqué par un parcours de vie difficile en partie à la Réunion, l'accusé, soumis à un lourd traitement médicamenteux, est apparu fréquemment absent lors de son procès.
Arrivé en métropole en juin 2015, Ahamed Ansuifoudine avait été hébergé dans une famille d'origine comorienne à Rennes où vivait l'enfant avec lequel il avait disparu le 15 août suivant.
Rennes (AFP) - © 2018 AFP
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