De la façon dont se présentent les événements et le cours de l’actualité mondiale et malgache, la « communauté internationale » est incon...
De la façon dont se présentent les événements et le cours de l’actualité mondiale et malgache, la « communauté internationale » est incontournable. Elle est une composante majeure dans la démarche engagée vers les élections.
L’État malgache est perçu comme un État fragile où l’autorité est en grande partie détournée au profit d’une minorité. La population vit dans l’angoisse quotidienne de cette absence de l’autorité de l’État et du désordre qu’elle génère. La « communauté internationale » elle aussi s’en fait du souci, aussi ne peut-on que constater ses interventions dans tous les secteurs de la vie de la nation. Mais cette « communauté internationale » qui se préoccupe du cas de Madagascar n’est plus en quelque sorte ce qu’elle était voici dix ou quinze ans de cela ; elle est aujourd’hui élargie. La Russie ne se cache plus et la Grande Bretagne entretient de nouveau une ambassade avec un ambassadeur à Antananarivo. Paris est toujours là, le Vatican, Bruxelles, Berlin, Washington aussi même si Madagascar est sur le plan spatial éloigné. On doit admettre aussi l’importance des représentations du Système des Nations unies, de l’Union Africaine et de la SADC.
Fermer les yeux et les ignorer serait pareil à creuser sa propre tombe ou se créer ses propres ennemis de manière volontaire. Il ne faut pas se voiler la face ou adopter la politique de l’autruche ; tous se tournent vers l’Afrique et Madagascar. Tous veulent tirer le meilleur parti des richesses du pays. D’ailleurs beaucoup l’ont compris sinon la majorité des candidats éligibles pour les présidentielles ne seraient pas soutenus et encouragés par la « communauté internationale » sous plusieurs formes diffuses ou détournées. Pour être direct, tout le monde se demande lequel de ces candidats est en mesure de préserver la souveraineté de la nation et de faire valoir les aspirations profondes du peuple et de la jeunesse dans cet environnement et ce contexte changeant de la puissance de cette « communauté internationale ».
En diplomatie mondiale, il n’y a que les intérêts qui priment et cela en fonction des situations globales d’équilibre, entre les Occidentaux entre eux d’une part et d’autre part entre les Occidentaux et les autres, ainsi que leurs groupes d’entreprises et multinationales respectifs.
Paris ne peut pas s’opposer à Washington face à Moscou n’importe où sur cette terre sauf en Afrique. Moscou cependant, pour contenir les politiques de Washington en Afrique, préfère mieux s’aligner et s’entendre avec Paris ou Berlin. Quant à Pékin, elle peut s’entendre avec n’importe quelle capitale du moment qu’elle y trouve un peu de son compte ; elle peut aussi profiter des circonstances et s’imposer comme à Djibouti et petit à petit dans toute l’Afrique.
Du coup, lesquels de ces candidats maîtrisent ces jeux des grandes puissances et des multinationales pour sortir rapidement le pays de la pauvreté et en même temps préserver cette souveraineté nationale et se développer dans le concert des nations ?
Toujours est-il que ces nations étrangères et ces multinationales sauront toujours s’entendre entre elles et imposer des sanctions si nécessaires pour domestiquer les régimes récalcitrants ou rebelles. A noter qu’à l’époque l’accord franco-britannique sur Zanzibar avait livré le Royaume de Madagascar à la merci de la France.
[next]
Sur le plan interne en tout cas, le plus grand et le plus important problème à résoudre est l’insécurité ; c’est une des raisons pour laquelle l’ONU se penche sur le sujet avec les plus hauts responsables de la Défense nationale et de la Sécurité. On ne peut cependant pas tout exterminer ou résoudre le problème par des actions de représailles. À beaucoup d’égards, il faut admettre que le problème est davantage un problème de gouvernance et d’administration du territoire et des espaces. Comment peut-on espérer imposer l’État et son autorité alors que le pays peuplé de 25 millions d’habitants ne dispose que de 170 000 fonctionnaires. Selon des politiciens et des analystes politiques, le pays est sous-administré faute de vision, plus exactement faute d’approche politique de la gouvernance. Rares sont les présidents et chefs d’État qui s’étaient formé politiquement et ont des cadres et spécialistes en nombre suffisant pour faire observer la politique du président. Nos dirigeants ont presque tous fait appel —par consultation de CV— à des technocrates établis qui ont des valeurs et des codes sociaux coupés des réalités car trop imprégnés du pouvoir et de la puissance de l’argent et des privilèges.
En tout cas, un grand pas est franchi par Madagascar en écartant les candidats indépendants de la course à la magistrature suprême car le poste est éminemment politique. Il s’agit de mettre en œuvre un programme et des projets politiques. Cela nécessite des cadres formés politiquement avec ou par le candidat, son parti ou son association, des cadres convaincus voire des experts et spécialistes aguerris et en mesure de se faire entendre par les autres collaborateurs. Au bas mot, le futur président doit avoir autour de lui environ 200 cadres politiques pour servir son programme dans les ministères, régions, communes et dix fois plus au minimum dans les fokontany pour espérer ravir une majorité rassurante à l’Assemblée nationale. Lesquels des prétendants à la présidence de la République satisfont à ces critères ?
Publié par Madagascar Tribune
COMMENTAIRES