Déclaration de l’ancien Gouverneur Mouigni Baraka SaidSoilihi, suite au communiqué de l’Union Africaine du 2 septembre 2018 sur l’envoi a...
Déclaration de l’ancien Gouverneur Mouigni Baraka SaidSoilihi, suite au communiqué de l’Union Africaine du 2 septembre 2018 sur l’envoi aux Comores d’une mission de médiation.
L’Union de l’Opposition a pris bonne note du communiqué de l’Union Africaine, du 2 septembre 2018, publié en marge du sommet Chine-Afrique à Pékin.
Nous saluons la constance de la position de l’Union Africaine qui, en tant que signataire et garant de l’accord-cadre de Fomboni, n’a jamais cessé de faire appel au consensus le plus large pour toute réforme constitutionnelle et au dialogue inclusif entre toutes les parties comoriennes.
Cette position de l’Union Africaine ne peut, en aucun cas, être considérée comme portant atteinte à notre souveraineté, du moment que cette institution a toujours accompagné notre pays depuis le déclenchement de la crise séparatiste en 1997.
L’implication de l’Union Africaine dans la recherche d’une solution à cette crise est une réponse de la demande expresse formulée par le Gouvernement d’alors et réitérée par les Gouvernements successifs ainsi que toutes les autres parties comoriennes. Il convient également de rappeler que l’Union Africaine a maintenu un Bureau de Liaison à Moroni pendant de longues années pour assurer un suivi quotidien de la mise en œuvre de l’accord-cadre de Fomboni ainsi que la mise en place des institutions prévues par la constitution de 2001. C’est donc en toute légitimité que l’Union Africaine se saisit de cette crise pour tenter de trouver une solution par la voie du dialogue.
Je tiens a remercier également, l’Union Européenne, la COI et l’organisation des Nations Unies pour la convergence de leur position avec celle de l’Union Africaine, ainsi que leur engagement à appuyer l’initiative de médiation.
Près de 20 ans d’efforts, depuis 1997, pour mettre fin à la crise séparatiste et construire un nouveau cadre institutionnel qui respecte l’unité nationale et l’autonomie des îles, ne peuvent être contournés, brossés en faveur d’un dangereux retour en arrière. Les comoriens ne sont pas prêts a accepter le retour vers un régime présidentiel autocratique et centralisé au risque de rééditer la situation d’avant 1997. L’UA et la communauté internationale doivent aider les comoriens à préserver les acquis de la réconciliation nationale.
Parmi ces acquis, l’Unité Nationale, la paix et la stabilité des comores. Depuis la tenue des assises, les comores sont de nouveau plongées dans une grave crise politique.
La clase politique est profondément divisée. Les libertés constitutionnelles de manifester pacifiquement et d’exprimer son opinion sont confisquées. Alors qu’avant 2017, on ne comptait aucun prisonnier politique, actuellement leur nombre s’est accru considérablement. Les prétendues tentatives de coup d’Etat sont réapparues et voilà que le pouvoir se lance dans la remise en place d’une justice d’exception en ressuscitant la défunte Cour de sûreté de l’Etat de triste mémoire. [next]
Malgré les appels répétés de la communauté internationale et de la société civile, le pouvoir central s’est réfugié sous la bannière de la souveraineté pour organiser le référendum non consensuel et anticonstitutionnel du 30 juillet 2018. La réaction de la population comorienne a été, on ne peut plus clair, un rejet massif avec moins de 20% de taux de participation selon les observateurs internationaux de la Force Est Africaine en Attente (EASF).
Suite à un tel revers, on est étonné de voir que le pouvoir continu à croire à son projet de nouvelle constitution. Sortir les Comores des crises sociales, institutionnelles et juridiques profondes, demande une volonté de patriotisme et d’effacement d’amour propre.
Le chef de l’Etat a exprimé sa volonté salutaire d’un dialogue inclusif sous les auspices de la communauté internationale. C’est un grand pas emballé de courage et dirigé par le seulsouci de sortir les Comores du trou dans lequel elles s’y trouvent.
Nous saluons cette volonté et espérons que le chef de l’Etat accompagnera le processus de ce dialogue, prenant conscience de l’intérêt d’un pays démocratiquement stable, apaisé socialement, politiquement et juridiquement, conditions préalables à une bonne gouvernance et à un développement durable.
Nous appelons au chef de l’Etat d’user de ses prorogatives et de son bon sens d’homme de droit pour libérer les prisonniers Politiques, afin de tempérer le climat de peur et de haine qui s’installe dans notre pays, sources d’un avenir inquiétant et désespérant.
L’Union de l’Opposition accepte la médiation de l’Union Africaine pour un dialogue inclusif afin d’aboutir au plus large consensus possible sur l’avenir constitutionnel des Comores dans le respect des acquis de la réconciliation nationale, notamment l’unité nationale, l’autonomie des îles et le principe de la présidence tournante entre les îles.
Moroni, le 10 septembre 2018
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