Le référendum est un processus démocratique aboutissant à un vote, et qui permet de consulter directement les électeurs sur une question ...
Le référendum est un processus démocratique aboutissant à un vote, et qui permet de consulter directement les électeurs sur une question ou un texte, lequel ne sera adopté qu’en cas de réponse positive.
Comme tout processus démocratique, le référendum doit être organisé à l'issu d'un débat démocratique entre opposants et partisans. Le vote doit aussi être le fruit d'une campagne équitable, sans contrainte, sans restriction, entre les parties contradictoires. Une des particularités du référendum par rapport aux votes électifs, c'est la large espace réservée à la société civile. Généralement engagée juste pour l’intérêt général, la société civile, s'il juge le projet recevable, se donne souvent comme tâche d'expliquer aux citoyens où est leur intérêt par rapport aux calculs et discours politiciens des « poly-tic ».
Si la Suisse peut organiser un référendum pour le prix du pain, en Afrique en revanche, les référendums sont souvent associés à l'espérance de vie du président, aux envies du raïs.
Notre pays n'échappe pas malheureusement à cette triste réalité africaine. Cela était vrai en 1989 avec Ahmed Abdallah Abdereman, aussi vrai en 2009 avec Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, et bien vrai avec le colonel Azali Assoumani.
Seulement les trois présidents n'ont pas hérité des mêmes époques, des mêmes circonstances, et surtout un contraste flagrant à propos de leurs collaborateurs respectifs. Voilà ce que ne comprennent pas les tenants du dernier pseudo référendum, [next] l’exceptionnel référendum, où le suffrage exprimé a dépassé largement le nombre de votants.
Ahmed Abdallah abderemane, celui là qui a pris de court le monde entier, au premier rang desquels la France, ancien colonisateur, en déclarant unilatéralement l'indépendance d'un pays de moins de 500 000 habitants à l'époque, était un feint politicien, malin comme un singe. Quand il organisait sont référendum de novembre 1989 pour se permettre un autre mandat, il comptait sur ses collaborateurs intelligents, ses grands ministres, et surtout un état major composé de mercenaires. En 1989, la communication, l'information, les médias, étaient radicalement contrôlés par le gouvernement. Les tractes nocturnes de l'ASEC, s'ils n'étaient pas brûlés, étaient lus clandestinement par une frange élite de la population. Alors, son référendum...
Grand orateur hors norme, Sambi a utilisé la religion, telle « un opium » enivrant en permanence la masse pour arriver au pouvoir. Il avait aussi un entourage censé, des tactiques politiques, souvent machiavéliques, mais bien rodées. Quand tu libères Anjouan après des longues années de séparatisme, et profitant de la liesse du peuple, tu demandes un rallongement du mandat d'un an, et tu promets que cela te permettras de réaliser le projet habitat, la masse te dit oui. Surtout quand tu t'appelles Oustadh Sambi, avec une maîtrise incontestable du verbe, des versets bien placés pour faire croire aux comoriens que croire, c'est juste croire.
Pourquoi pas moi colonel Azali Assoumani Boinaheri, se demanda sûrement notre président, avant de se laisser embourber dans ce référent-dame.
Justement parce que vous êtes Azali Assoumani, un colonel putschiste, un « revenant », un président élu avec moins de 50 pour cent, un champion du « villagisme ». [next] Non vous n'êtes pas feint politique comme Ahmed Abdallah Abderemane, surtout votre oncle Bob Denard est mort. Moustoifa Said Cheikh et Wadaane n'ont pas besoin de tractes nocturnes pour dire que votre référendum est illégal. Ils vous affronteront directement pour dire Non au démantèlement de République. Une fois en prison, ils compteront sur nous, internautes pour dire au monde entier que vous reculez notre pays jusqu'aux années sombres du mercenariat. Non, monsieur le président, vous n'êtes imam que par homonymie. Vous n'avez pas les compétences
pour utiliser la religion telle un « opium » aux fins d'endormir le peuple, comme sait le faire oustadh Ahmed Abdallah Sambi, un des arnaqueurs de la République, comme vous. Tandis que ce dernier a bâti son argumentaire référendaire sur l'unité de la nation, vous avez opté pour la séparation des comoriens en chiites et sunnite, en faisant savoir dans votre projet anticonstitutionnelle que le sunnisme sera l'identité du comorien. Vos collaborateurs ne vous ont pas non plus facilité la tâche. Le fameux Bellou, Moustadrane, Anrif l (e colonel payé pour traquer vos opposants), le Ministre de « l'Inter-heurt » KIKIKI ont choqué les Comoriens.
Monsieur le président, une autre dimension très importante joue aussi en votre défaveur, comme en défaveur de tous les dictateurs du monde entier de nos jours, comparé à vos prédécesseurs. Il s'agit de la large prolifération des moyens de communication et d'information. Vous ne pouvez pas contrôler ça quoi que vous fassiez. Mon Fils de 5 ans peut parler au monde entier, de chez moi.
Mohamed Rafsandjani, notre jeune constitutionnaliste (n'en déplaise à Said Hilali), Faiza Soulé, n'ont pas besoin d'Alwatwan ou ORTC pour s'exprimer, pour dire au monde les forfaitures de votre régime. A l'instar d'Omar Mirali, un jeune doctorant en histoire, et Faiza Soulé, qui ont justement parlé au monde entier des mascarades référendaires [next] du 30 juillets dernier, à travers le grand journal Le monde, beaucoup de jeunes Comoriens de l'extérieur, comme l'intérieur vous défieront toujours en utilisant ces outils démocratiques.
Ainsi, le référendum n'a pas eu lieu malgré votre entêtement. De l'amont à l'aval le gouvernement a pêché. Vous avez pêché. Démontrons le.
- un référendum commence par un projet clair dûment expliqué au peule. Cela n'a pas été le cas.
- un référendum constitutionnel propose le changement d'un ou quelques articles de la constitution, ou rajout. Ce qui a été proposé quelques jours avant la date du vote pitoyable du 30 juillet dernier était un projet de constitution à la place de la présente, à en croire les analyses crédibles de constitutionnalistes du monde entier dont Mohamed Rafsandjani ( pardon monsieur Hilal).
- lors d'un référendum l'opposition doit prendre part au débat concernant le projet, et battre campagne au même titre que gouvernement, d'où le sens du NON et du OUI. Tous les partis de l'opposition ont appelé à boycotter. D'où un semblant de campagne à sens unique, insensée aux yeux des Comoriens, et de la communauté internationale.
- Aucun observateur international ou national n'a jugé utile de se déplacer pour contrôler le scrutin, jugeant le processus en soi peu crédible ou pas du tout.
Somme toute, le référendum n'a pas eu lieu. A vous, président, de siffler la fin de la récréation et finir votre mandat, ou de continuer à sombrer le pays dans l’incertitude, auquel cas, vous devez assumer pleinement vos responsabilités, et arrêter de chercher des coupables imaginaires. Vous répondrez un jour.
Salim Youssouf Idjabou
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