Référendum - Un pays coupé en deux: les régions de la colère populaire et les régions satisfaites des actions du pouvoir

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Le référendum a eu lieu et beaucoup de leçons sont à tirer pour peu qu'on souhaite comprendre la réalité de ce pays sans les lunettes...

Le référendum a eu lieu et beaucoup de leçons sont à tirer pour peu qu'on souhaite comprendre la réalité de ce pays sans les lunettes du sectarisme politique.

La mobilisation était disparate. Dans plusieurs localités, le vote était difficile pendant que dans d'autres tout se passait normalement.

Dans les endroits où la mobilisation était faible, trois facteurs ont concouru à cela :
  • - le rejet de la classe politique
  • - le manque d'enthousiasme occasionné par l'absence de vraie campagne contradictoire
  • - les menaces physiques contre toute personne votante dans certains villages, particulièrement à Ngazidja.
Paradoxalement, le boycott a été très violent et coercitif, jusqu'à empêcher la population d'aller voter. D'une certaine manière on peut dire que la critique de l'autoritarisme d'Azali a été remplacé le jour du scrutin par des méthodes peu démocratiques de la part de la population, et qui risquent de devenir la règle un peu partout.

Une phrase revenait sans cesse avec violence:
" On n'en marre des mensonges des hommes politiques, il n'y aura plus d'élections ici".
D'une certaine manière, on peut dire que la boîte de Pandore est ouverte. La jeunesse qui a boycotté hier, a agit un peu partout sans aucune coordination commune ni une adhésion franche à une politique ou un camp particulier. D'où une inquiétude réelle pour l'exercice des droits civiques dans l'avenir. Car la fronde n'est pas dirigé seulement contre le pouvoir actuel, mais contre toute la classe politique.

Cette jeunesse, en action hier, est diplômée pour la plupart et nombreux sont ceux qui n'ont ni travail ni une perspective d'avenir. Ils ont longtemps [next] avalé les promesses sans lendemain des politiques pendant les campagnes électorales et viennent de comprendre que les élections sont la seule occasion pour eux de manifester contre l'incurie et les mensonges de tous les politiques sans exception.

Quand au vote normal, il a été surtout dans des endroits acquis au pouvoir. Et cela à la faveur de trois éléments essentiels:
  • - l'influence politique d'un partisan du pouvoir
  • - la fidélité d'un électorat à un dirigeant politique, partisan farouche du "oui".
  • - le faible grief de la jeunesse contre la classe politique actuelle.
Dans les villages acquis au pouvoir, les forces de sécurité n'ont pas été appelé pour sécuriser les urnes. C'est un fait.

Le scrutin s'est déroulé, sans incident, comme si le pays était coupé en deux: les régions de la colère populaire et les régions satisfaites des actions du pouvoir. Il faut se dire que souvent, un enfant de la localité a su préparer le terrain avant le scrutin. Surtout quand celui-ci occupe une position d'influence soit pour rappeler une générosité récente du pouvoir ou une action en cours au bénéfice des gens du coin.

Comme souvent, le fond du sujet intéresse peu, par ce que les Comores sont le seul pays où il n'existe pas réellement des médias nationaux pour informer et édifier les citoyens.L'absence d'une culture démocratique à Radio Comores et à ORTC, contribue à amoindrir le débat public, et ne favorise pas l'adhésion à une politique particulière ou à un choix électoral précis. Par conséquent, l'omnipotence du chef politique d'un secteur ou d'une région,est décisif. Celui-ci dicte pratiquement à tout le monde " le bon choix". Et souvent on vote toujours selon ses directives.

C'est ce qui a pesé au cours de ce scrutin. Croyez bien que le citoyen lambda s'en fiche de la tournante, de la Cour Constitutionnelle et de l'État de droit. Il a d'autres priorités :le développement du village et ses préoccupations quotidiennes pour survivre.

Le vote normal hier a obeit à cela, c'est à dire une logique anthropologique spécifique. Et d'une certaine manière, celle- ci a aidé à maintenir la paix du jour. Sur le plan de la sécurisation du vote. L'attentat contre[next] un soldat hier , a montré la négligence des uns et l'irresponsabilité des autres.

D'abord, la négligence. Tout l'appareil sécuritaire et l'autorité politique savaient qu'a Moroni,couve un réel danger d'affrontements communautaire entre anjouanais et grand comorien. L'existence de Nazico, où on ne trouve que des ressortissants d'une même île, l'armement en machettes des gens là-bas, la manifestation avec des coupes-coupes, les nombreuses tentatives de vouloir défier le pouvoir, notamment en voulant aller libérer Sambi par la force, aurait du alerter ceux qui ont en charge de la sécurité du pays, sur la tension qui règne au Nord de Moroni.

De tradition, les militaires sont préparés et équipés d'avance pour ces zones connues depuis longtemps par les structures de sécurité des Comores. Il existe des procédures standard à l'AND pour tout scrutin dans la capitale. Pourquoi n'ont ils pas été appliquées, pour la sécurité de tous, civils et militaires ?

Hier, l'envoi d'une poignée de militaire pour sécuriser le vote d'un bureau dans une zone à risque, au quartier Sans Fil, relève d'une négligence coupable des pouvoirs publics, qui, n'ont pas jugé utile, pour des raisons politiciennes, de mettre tous les moyens matériels et humains disponibles afin que l'armée et particulièrement la gendarmerie, puissent faire son travail. L'attentat contre le soldat aurait pu être évité, si on avait pris la mesure de la menace telle qu'elle [next] était connu par les services concernés.

Sur, les routes, c'était triste de voir ces hommes en treillis en sous nombre et sous équipés, pendant que le pays entier grondait. On avait l'impression qu'on envoyait ces soldats aux sacrifices.

Il y a manifestement un besoin de restructuration des forces de l'ordre et de sécurité. Et surtout, il est apparu hier que le pays a besoin d'un vrai ministre de la défense pour garantir les missions,la formation et la préparation des troupes. L'unité de ce pays tient par ce que l'armée est encore debout. Il faut en prendre conscience rapidement.

Ensuite, l'irresponsabilité, est d'avoir appelé la population bà prendre les armes contre Azali et s'étonner après qu'elle le fasse. Ceux-là doivent bien se regarder dans la glace avant de s'indigner.

L'irresponsabilité est aussi, d'avoir créé une situation de guerre civile inutile dans le pays, avec des discours violents, alors qu'on savait pertinemment que la situation sociale tendue sur tout le territoire peut embraser toutes les régions en un clin d'œil. Hier, on n' était pas loin d'un véritable chaos. Si on n'y prend pas garde, rapidement, ce pays va se disloquer sans aucun espoir de retour.

Les hommes qui ont attaqué le bureau de vote de Sans fil, constituait un véritable commando venu pour tuer. C'est sans précédent. Et ce n'est pas un hasard. Cette opération a nécessité une vraie préparation et un choix politique aussi précis que déterminé. Dans ce cas il y a forcément un commandement politique en amont et celui-là porte une très lourde responsabilité sur ce qui s'est passé hier contre l'armée comorienne .

Désormais, il y a un avant et un après les incidents d'hier. Plus jamais on ne doit revivre cela. Chacun, pouvoir et opposition, doit prendre sa responsabilité. Avant qu'il ne soit trop tard. 

Par Kamalidin Ben Ali

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