En 2017, 551 cas de viols ont été enregistrés par les services d’écoute aux Comores et pourtant, la majorité des victimes garde sous silenc...
En 2017, 551 cas de viols ont été enregistrés par les services d’écoute aux Comores et pourtant, la majorité des victimes garde sous silence ce désastre.
Ce silence est souvent dû à des tabous ancrés dans la société compte tenu de l’identité du violeur (personnalité importante de la société ou membre de la famille) ou des valeurs portées au plus haut degré par notre société (honneur et fierté). Des arguments déplorables qui n’ont plus lieu d’être dans une société musulmane, qui de surcroit place l’enfant au cœur de son développement.
Notre association, Mwana Tsi Wa Mdzima, fondée en 2014, suite à la séquestration et au viol d’une jeune fille à Hahaya, arpente régulièrement les villages afin de sensibiliser la population sur ce fléau et encourager les victimes et leur entourage à parler. Car quand on est victime de viol on a le droit de pleurer, d’en parler, d’être soigné et d’être accompagné dans toutes les démarches médicales et juridiques. La victime de viol a droit à une justice ! Elle n’a pas à avoir honte de ce qui lui est arrivé, au contraire, c’est au violeur d’en avoir honte et de répondre de ses actes devant la justice.
Les arrangements à l’amiable ne règlent rien. Les parents doivent prendre conscience qu’ils infligent un énième viol à leur enfant en l’obligeant, par exemple, à se marier avec son violeur ou en ne portant pas plainte, car le violeur non inquiété recommence toujours. Le rôle des parents c’est de protéger leurs enfants et d’être à leur écoute : un enfant ne ment quasiment jamais sur ce sujet ! Et des moyens existent pour savoir si l’enfant dit vrai : mieux vaut s’inquiéter à tort que de négliger une vérité. Le cas de Melun est en cela un effrayant témoignage.
Nous devons à tout prix combattre ces tabous dévastateurs dans notre société et faire évoluer les mentalités. L’Honneur d’un Notable doit reposer sur l’exemplarité de ses actes pas sur ses crimes passés sous silence. La justice aussi doit être ferme et appliquer strictement la loi : un enfant violé est un enfant à qui on vole et viole l’enfance, en plus de détruire sa santé physique. Il devient par conséquent instable et reste perturbé à jamais.
Il y a deux ans nous découvrions le cas d’une fillette de 8 ans qui a été violée depuis ses six ans par un proche de la famille. Cet enfant ne pouvait plus se concentrer en classe et avait, entre autres, un comportement difficile à canaliser. Elle a fini par être déscolarisée au grand malheur de ses parents qui ne savaient plus que faire. Personne ne devrait vivre un tel malheur.
L’état devrait donc développer un programme et des structures d’aide à l’accueil et à la scolarisation de ses enfants victimes de criminels, souvent impunis, et adopter la tolérance zéro pour ces assassins. L'année dernière, nous avons soumis un projet de formation à l'accueil, la détection et la prise en charge d'enfants victimes de viol au Ministre de la Santé. Cette formation preparée en collaboration avec des pedopsychiatre concernerait les personnes qui sont sur la chaine de l'accueil des enfants que ce soit l'instituteur, le gendarme ou le magistrat. Nous osons espérer que ce projet aura un jour une suite favorable pour permettre à nos enfants d'être mieux protégé.
L'Etat doit également garantir la protection de nos enfants qui fréquemment se font attaquer sur le chemin de l’école en renforçant la surveillance policière dans les quartier.
Nous ne cesserons jamais de le rappeler : la protection de nos enfants doit être une priorité nationale car personne n’est à l’abri. En protégeant l’enfant du voisin, vous protégez aussi le vôtre. Protégeons nos enfants, notre espoir, car Mwana tsi wa Mdzima.
Najda Saïd Abdallah