EMFA MADI TSIYARIUWA Sambi nous a tous grugés. C’est mon sentiment quand je me rappelle l’année 2006 avec une campagne menée tambours...
EMFA MADI TSIYARIUWA
Sambi nous a tous grugés. C’est mon sentiment quand je me rappelle l’année 2006 avec une campagne menée tambours battants et entièrement sur les chapeaux de roue pour faire propulser Ahmed Abdallah Mohamed Sambi à la tête de l’Etat. Tous nos espoirs étaient fondés sur lui pour le redressement et le développement socio-économique du pays.
Un certain nombre d’engagements de sa part m’avaient séduit. « Mtsowona ntrongo amba kamwaparo ziwona ntsiju vani ». Effectivement, on a tout vu, tout. Rien n’a été mis de côté, il nous a tout fait voir. Le vote de la loi sur le programme de citoyenneté économique, par exemple, n’est pas le moindre de ce qu’il nous a montré.
Ceux qui se battent avec ou pour lui, aujourd’hui, ces néo-démocrates du moment semblent avoir oublié l’adoption controversée de cette loi. Ils ne se rappellent même pas comment le président de l’assemblée – l’honorable Saïd Dhoifir Bounou – a été mis sur la touche pourvu que cette loi soit adoptée. Des décrets de naturalisation contre espèces sonnantes et trébuchantes au profit d’un bon nombre de bidounes de certains pays du Golf avaient été pris avant même l’adoption biaisée de cette loi. Et, partant, de l’argent « ramassé » de ces opérations floues a pris la direction des poches de certains sayyid du moment. [next]
L’auteur ou les auteurs de ces tripatouillages sont aujourd’hui aux avant-postes de la lutte pour l’Etat de droit, de la démocratie, des libertés etc. prenant pour des moins-que-rien, à la mémoire gommeuse et atteints d’amnésie les pauvres Comoriens que nous sommes. Sur un point, je leur donne raison ; rien que pour le fait d’oser venir réunir des gens en public pour livrer des leçons de démocratie et d’Etat de droit indique bien à quel point certains manquent de pudeur alors que la raison voudrait qu’ils se fassent petits pour se faire oublier. Mais non, « pvaliyo ziiyo ngapvo ngama ».
En campagne, le candidat Sambi m’avait séduit par ses propos sur l’habitat. Naïf que je suis, j’ai gobé, prenant pour argent comptant sa « volonté » de faire disparaître les « nyumba zamasantsa ». Il lui a fallu cinq ans, cinq ans seulement pour faire disparaître toutes les cases des Comores. L’homme est d’une ingéniosité terrible : du 26 mai 2006 au 26 mai 2011, tout a été construit ou reconstruit. Génial !
L’une des actions-phares de Sambi a été, dès son arrivée à Beit-Salam, l’affaiblissement de l’Université des Comores. Pour lui, le kilo de riz à 250 KMF dont 50 KMF/kilo de taxe pour l’UDC était trop cher. Il a fallu priver l’université de cette miette. Résultat : le prix du kilo de riz a galopé pour passer de 250 KMF à 400 KMF sans que l’université perçoive 1 centime. N’est-ce pas un génie ce garçon ? C’est tout récemment que le prix du kilo de riz populaire retrouve un niveau acceptable, permettant ainsi aux couches populaires dont je fais partie de pouvoir se nourrir plus ou moins facilement.
C’est sous Sambi que j’ai vu, bien écrit sur un panneau dans la rue « corruption, tolérance zéro ». Je ne veux pas discourir sur ce sujet. Il ne manquera pas de gens pour dire qu’il a vigoureusement combattu la corruption. Je me demande quand, où et comment. En tout cas, s’il se trouve qu’il avait combattu la corruption, le détournement des fonds publics était monnaie courante en son temps. Il est très bien placé pour nous en parler si l’on s’en tient au rapport d’enquête parlementaire sur la citoyenneté économique.
Je me rappelle qu’un jour, discutant avec un haut dirigeant politique comorien, je l’ai entendu dire : « eka ngotsaho udjuwe ladha yafedha, mdru itriya onhanywani ha Sambi qui dit ‘‘zempeSa’’ » en appuyant fortement sur le S. Emfa Madi tsiya riwuwa. Par Mohamed Hassani
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