Selon le Monde.fr d’hier, la situation à Mayotte divise le gouvernement. Il y a d’un côté au ministère des Outre-mer les partisans d’un ren...
Selon le Monde.fr d’hier, la situation à Mayotte divise le gouvernement. Il y a d’un côté au ministère des Outre-mer les partisans d’un renforcement de la coopération avec l’Union des Comores en contrepartie d’un engagement du gouvernement comorien à empêcher le départ de Comoriens vers Mayotte. De l’autre côté, au ministère des Affaires étrangères, certains plaident pour la création d’une communauté de l’Archipel des Comores. Dans son édition d’hier, le Canard Enchaîné va plus loin, car selon ses sources, pour favoriser la création de cette communauté en conservant l’administration française de l’île, « l’île resterait française mais abandonnerait son statut de département ».
18 janvier 2010, Sarkozy accueilli à l'aéroport de Mayotte ©Paris Match |
Ceci montre que la crise à Mayotte fera évoluer les choses. D’après le gouvernement, cela passe par une ouverture de Mayotte sur les trois autres îles de l’archipel des Comores. Et si ce qu’avance le Canard Enchaîné se vérifiait, alors cela voudrait dire que pour la France, une réponse à la crise serait de sortir du statut de département.
Depuis 2011, Mayotte a en effet ce statut, qu’elle partage avec quatre anciennes colonies : Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion. C’est donc l’intégration à la France d’un territoire situé à plusieurs milliers de kilomètres de ses côtes. Mais cette volonté est rendue encore plus difficilement réalisable en raison des décisions qui ont amené à la création de ce département. Il résulte en effet d’une division des Comores décidée par la France à la suite du refus de reconnaître le résultat du référendum de 1974 qu’elle avait pourtant organisée. Cette division n’est pas reconnue par l’ONU et l’Union africaine.
La loi du 19 mars 1946 créant les départements de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de La Réunion était une revendication progressiste, car elle donnait à d’anciens colonisés les mêmes droits que les citoyens de la puissance coloniale. Cela devait se traduire le 1er janvier 1947 par l’instauration dans ses territoires d’une des législations sociales les plus avancées du monde. Mais cela ne fut pas appliqué par Paris, qui favorisa une départementalisation conservatrice, marquée par la construction d’un néo-colonialisme. À peine 10 ans plus tard se formèrent alors des partis indépendants de Paris, demandant une évolution statutaire. Ce fut le cas à La Réunion en 1959 par la création du Parti communiste réunionnais, qui se basait sur une analyse : la départementalisation était impossible.
À Mayotte, la pression des événements est telle que certains à Paris font cette analyse, et cela à peine 6 ans après la décision. Ceci confirme l’impossibilité d’intégrer à la France des territoires aussi éloignés géographiquement, historiquement et culturellement. C’est la confirmation de l’impasse de la départementalisation.
J.B. ©temoignages.re