Douze ans après son arrivée à Douarnenez, Nassuf Mgazi a repris en décembre le chemin de son île natale, Mayotte. Il veut y bâtir un projet...
Douze ans après son arrivée à Douarnenez, Nassuf Mgazi a repris en décembre le chemin de son île natale, Mayotte. Il veut y bâtir un projet de location de matériel de glisse, lui qui a découvert le nautisme dans la baie finistérienne. Le défi d'un homme attachant.
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Douze ans après son arrivée à Douarnenez, Nassuf Mgazi vient de quitter la cité de Kerguesten à Tréboul pour Mayotte, l'Atlantique pour l'Océan Indien. Un sacré déménagement, car il emporte avec lui, outre le mobilier, une voiture, trois planches à voile, 18 paddle-boards, un paddle géant et un catamaran ! Ce chargement est parti en novembre de Saint-Nazaire pour une longue traversée vers la commune de M'Tsangamouji et la plage de Tanaraki, dans le nord-ouest de la Grande-Terre à Mayotte.
Activités nouvelles
« Il est bon de rentrer. Mais c'est encore mieux avec un projet », se réjouit ce jeune père de famille, à l'aube de la quarantaine. « Mon projet de location de matériel de glisse s'est vraiment enclenché quand j'ai vu que le kayak et peut-être même le paddle pourraient devenir des disciplines olympiques. J'ai pratiqué ici des activités nautiques qui n'existent pas à Mayotte. Or, ma famille a du terrain le long de ma plage d'enfance, facile d'accès, et bénéficie d'un îlot abordable, très ressemblant au Coulinec, à Tréboul ». Le déclic. En quelques mois, Nassuf passe son permis bateau, élabore son business plan, effectue des stages à Voiles horizon et Armor kayak. Pragmatique, il coordonne son projet avec l'aide de Perrine Nédélec, de la BGE (Boutique de gestion) du Finistère, et de Frédéric Pochard, de l'Adie (Association pour le droit à l'initiative économique).
Seb, l'ami de Beuzec
Aîné d'une fratrie composée de deux filles et cinq garçons, Nassuf Mgazi est venu en métropole en 1999 pour finir des études, avant de s'engager dans l'armée, avec laquelle il fera quatre fois le tour du monde. Il se souvient de sa première mission sur le porte-hélicoptères Jeanne-D'Arc, dérouté vers Boston après l'attentat contre les tours jumelles à New York, en 2001. Devenu douarneniste par amour d'une fille de Tréboul, Nassuf Mgazi a eu de nombreuses expériences professionnelles après l'armée : titulaire du Bafa, il a travaillé en centre de loisirs, il s'est formé à la peinture industrielle, puis a accumulé les postes de magasinier dans des usines du coin. C'est d'ailleurs chez Chancerelle qu'il a rencontré son meilleur ami, un Beuzecois, Sébastien Friant, qui, avec sa femme Chrystelle et leurs enfants, lui offrira « une famille adoptive », comme il le dit solennellement.
Avant son grand retour à Mayotte, les souvenirs de son enfance heureuse affluent : « C'était une vie rythmée par les cueillettes de fruits à pain, goyaves, papayes et des pêches vivrières, très solidaire et proche de la nature. On ne pouvait se soustraire, par exemple, à la récolte du blé le matin, sans risquer de trouver le soir son assiette vide ! », raconte-t-il. Nassuf Mgazi sera bientôt rejoint par son frère Karim, actuellement brestois, titulaire d'un BTS comptabilité, pour relever le pari d'une nouvelle activité économique. Il vise « de nouveaux partages, autour de la découverte des sports nautiques », dans le cadre du développement touristique et associatif de l'île aux parfums...©letelegramme.fr