Je ne suis pas AGWA. Je ne l’étais pas hier, pourquoi donc le serais-je aujourd’hui ? Et pourtant je suis pour la liberté d’expression. ...
Je ne suis pas AGWA. Je ne l’étais pas hier, pourquoi donc le serais-je aujourd’hui ? Et pourtant je suis pour la liberté d’expression.
Ils sont nombreux, durant ces deniers jours, à revendiquer cette liberté d’expression concernant l’affaire AGWA. Ils se vantent d’être les défenseurs de ladite liberté. Soit, supposons-le. Mais ne serait-il pas nécessaire de nous expliquer, au-delà de cette revendication, ce qu’on entend par « Liberté d’expression » ?
Il est évident certes, d’ailleurs indéniable, que la liberté d’expression demeure une condition nécessaire, essentielle pour une société démocratique. Cette liberté est d’expression reste le fondement de toute société démocratique. Mais comme toutes les libertés, la liberté demeure le principe. Chacun est libre de faire, de ne pas faire, d’émettre une opinion, de s’exprimer, de croire ou de ne pas croire, de circuler. Bref, l’idéal d’une société démocratique fondée sur le respect des libertés fondamentales.
Ainsi, je peux dire que la liberté est, d’abord, est un droit. Non pas pour faire tout ce qu’on le veut, mais faire ce qui est permis. Et donc l’on ne saurait pas dire que la liberté renvoie à toute absence de contrainte ou à l’absence de soumission. Et donc définir la liberté comme un droit, c’est affirmé que l’exercice de cette liberté n’est pas sans limite. J’en reviendrai… Et donc pour la liberté d’expression, il s’agit de la liberté de parler, d’écrire, d’exprimer sa pensée. Au vue de cette définition, cette liberté est fondamentale puisqu’elle donne le droit aux individus de prendre la parole, d’émettre une pensée et ce de façon libre.
Je le dis bien, la liberté est un droit. Mais la question que je pose, qui accorde ce droit ? Est-ce un droit inné et donc un droit que l’on ne peut pas déroger ? Sans m’attarder la dessus, au-delà que l’homme soit né libre, il est contraint de cohabiter avec les autres. Sa liberté naturelle doit faire face avec les libertés des autres. Chose pas facile puisque si chacun souhaite exercer sa liberté sans prendre en compte la liberté de l’autre, en considérant qu’il est de toute façon libre naturellement, croyez-vous que cet individu parviendra à exercer pleinement sa liberté sans qu’il soit empêché par l’autre qui, lui-aussi, revendique cette même liberté ? Non, je ne le crois pas.
Et c’est ainsi que j’affirmerai, ici, que la liberté est une liberté bien encadrée, issue de la volonté de tous les hommes. Par là, tout le monde est libre. C’est donc le principe. Mais comme dans chaque principe, il y a une exception. Le principe est de fixer donc la liberté, de la consacrer, de la protéger. C’est ainsi qu’on peut, d’ailleurs, parler de l’effectivité de cette liberté. Et l’exception serait de dire que quand bien même on est libre, l’exercice de cette liberté ne doit pas faire obstacle à l’exercice de la liberté des autres. Puisque dans ce cas, on peut restreindre votre liberté.
C’est ainsi que la liberté d’expression doit se concilier avec d’autre libertés. Votre liberté d’expression doit aussi se concilier avec mon droit au respect de ma vie privée. Il n’est pas admis qu’un journaliste puisse s’exprimer en insultant les autres ou en les accusant, sans preuve, de délit ou de crime, ou en divulguant des histoires relevant d’ordre privé. C’est ainsi que la liberté d’expression d’un journaliste ne doit pas être à l’origine des troubles à l’ordre public, ou inciter les gens à se haïr, ou pousser les autres à se diviser.
Pour m’arrêter là, le journaliste est libre de s’exprimer, certes. C’est un droit. Mais à ne pas confondre droit de parler et insultes, la diffamation, le non respect à la vie privée, l’incitation aux violences.
Alors si vous pensez que je ne suis pas pour la liberté d’expression, et bien libre à vous….
Par Yhoulam Athoumani