Ahmed Wadaane Mahamoud
Un an et près de deux mois, après son investiture le 26 mai avec 41% des voix à l'élection présidentielle et la formation de son premier Gouvernement de coalition le 31 mai 2016, le président Azali Assoumani vient de nommer, le 17 juillet 2017, les membres du nouveau Gouvernement de rupture de l'alliance inimaginable préfabriquée avec le parti Juwa.
Le Président Azali Assaoumani, hissé au troisième rang des candidats avec ses 14% des suffrages exprimés à l'élection primaire, sait pertinemment qu'il dirige les Comores avec la minorité, mais il sait aussifaire des scènes de montage et tirer, parfaitement, les ficelles par le mépris, la terreur et la menace qui ponctuent ces discours.
Nous avons un Gouvernement de colmatage au lieu qu'il soit d'ouverture comme certains le souhaitaient, au vu et au su des mains tendues au Président Azali, il y a quelques mois. Nous avons un Gouvernement en sursis, limité dans le temps au lieu qu'il soit libéré pour agir dans la durée.
Ainsi, le Président Azali vient de réunir tous les facteurs positifs pour mettre fin à l'opposition molle, face à un nouveau Gouvernement de circonstances qui va chercher à s'imposer dans l'organisation des Assises nationales tant attendues pour la Vérité et la Réconciliation.
Par son influence politique et par le fait qu'elle se déclare convaincue que le temps de la dispersion des forces est bel et bien révolue, l'opposition active doit mener la guerre politique différente de la guerre des armes et faire des Assises nationales le tremplin de la Révolution culturelle à la comorienne : bref des Assises nationales souveraines sans passion et sans haine qui doivent doter les Comores d'un ensemble de repères pour l'avenir. Il faut commencer, dès maintenant, par extirper les peurs qui sont réelles et entretenues par le Président Azali à chaque fois qu'il s'exprime en public.
L'opposition ne doit pas rester les bras croisés, elle ne doit surtout pas se confiner dans des conférences de presse et elle ne doit en aucune manière pratiquer un double jeu d'opposants le matin et de courtisans le soir, parce que le Président Azali, inconfortablement élu par un système à réformer, place dorénavant tout le monde en ligne de mire à l'issue de l'éclatement de la coalition qui a été à la base de son élection en 2016.
Il va sans dire nous allons vivre bientôt une guerre politique des deux camps opposés ; l'un du pouvoir incarné par le Président Azali qui a parfaitement raison de faire valoir sa légitimité d'élu pour cinq ans, suivant la tournante, et l'autre de l'opposition qui ne veut plus entendre parler de haine entre tout un peuple homogène qu'il ne faut ni infantiliser ni traumatiser. C'est donc en prévision de la gouvernance par le mépris, la menace et la terreur que l'opposition doit s'organiser.
Si le Président Azali Assoumani cherche à tordre le cou de certains hommes politiques pour torpiller à sa manière l'esprit des Assises nationales, véritable enjeu de l'heure, et si le Président considère comme dépassé et usé le Nouvel Ensemble Comorien dont il est l'initiateur, alors l'opposition doit lui démontrer que l'unité du peuple comorien et la sauvegarde de l'intégrité territoriale, couronnées par la paix civile, sont la pierre angulaire de l'action politique des forces qui se battent contre ce Gouvernement aux allures d'un pouvoir d'un seul homme affaibli.
Le nouveau contexte politique exige de l'opposition une clarification des objectifs, sur la base de la mécanique roulée de la révision constitutionnelle qui s'annonce ; voici deux données essentielles, qui doivent moduler le rythme de l'action de l'opposition, afin de tirer profit des moindres failles de ce nouveau Gouvernement qui laisse entrevoir un désarroi politique.
Moroni, le 18 juillet 2017
Le Président du Parti RIFAID COMORES
Ahmed Wadaane Mahamoud
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