A la veille des assises prévues à Moroni entre les Comores et la France de l'Océan Indien sur la Coopération régionale, nous tenons à f...
A la veille des assises prévues à Moroni entre les Comores et la France de l'Océan Indien sur la Coopération régionale, nous tenons à faire la déclaration suivante :
1- Loin d'être usurpée, nous croyons que la place de délégués en provenance de Mayotte dans cette réunion est tout à fait légitime : c'est la tentation du pouvoir de leur interdire la participation qui pose question.
En effet, de quoi peuvent s'enorgueillir les pouvoirs de Moroni, après une faillite de 42 ans d'indépendance et de vacuité crasse dans l'effort de favoriser l'unité et le vivre ensemble ?
Combien de temps allons-nous encore continuer à revendiquer l'île de Mayotte, en ignorant les Maore eux-mêmes et leurs aspirations ?
Mayotte appartient avant tout aux Maore et le vivre ensemble ne peut provenir que d'un désir consenti et partagé.
Il est grand temps d'arrêter la politique des ukazes, des indexations, des embargos, et des fatwas de l'esprit « grand-comorien », pour mettre en place des vraies politiques intelligentes de rapprochement des peuples de l'ensemble de nos îles.
2- Le thème de ces échanges, portant sur la coopération régionale, il est clair que c'est la question de l’immigration vers Mayotte et des drames en mer qui sera au centre de ces discussions.
Alors pourquoi Anjouan qui paie le plus lourd tribut dans cette tragédie n'est-elle pas invitée ? Pourquoi la société civile anjouanaise à défaut d'organisations politiques ne fait-elle pas partie des participants ?
Par sa proximité avec Mayotte, mais surtout à cause du marasme économique qui sévit dans cette île, Anjouan est la plus concernée par la mise en place des solutions adéquates de coopération régionale pour donner de l'espoir à la population et la stabiliser chez elle. Encore une fois, on ne peut que déplorer l'unilatéralisme grand-comorien dont fait preuve le pouvoir d'Azali...
Tenant compte de la situation des Anjouanais et de leurs souffrances, nous préconisons les mesures suivantes :
1- Abroger le visa Balladur, qui reste une mesure purement politique, inefficace et très coûteuse : les immigrés expulsés à grands frais de Mayotte remettent leur vie en péril pour revenir, le lendemain. A la place, peut être mis en place un dispositif de responsabilisation de l'accueillant qui se porterait garant de la durée du séjour de la personne qu'il reçoit.
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2- Favoriser les échanges commerciaux entre Anjouan et Mayotte, en particulier pour les produits agricoles et maraîchers, ce qui boostera la production à Anjouan et créera des revenus pour les familles qui pourront rester sur place.
3- Mettre en place un dispositif sérieux d'évacuations sanitaires pour empêcher les départs désespérés.
4- Permettre aux patients pris en charge pour une longue durée à Mayotte de pouvoir rentrer à Anjouan pour vivre avec leur famille et revenir selon la nécessité des visites et du suivi médical.
5- Mettre en place une politique de coopération régionale en matière d'éducation, pour les échanges pédagogiques, d'échange d'enseignants coopérants et pédagogues, de prise en charge et d'échanges d'étudiants, de jumelage de municipalités et d'écoles...
Voilà quelques mesures indispensables qui pourraient à coup sûr ralentir et plus tard assécher l'exode désespéré vers Mayotte, en permettant aux Anjouanais de retrouver des conditions dignes de vie chez eux.
Mais cette nouvelle politique de coopération régionale ne serait possible que si le gouvernement d'Azali était vraiment résolu à trouver des véritables solutions pour alléger le fardeau des Anjouanais et réduire leur calvaire.
Mais cela est une autre paire de manche dans un système politique fortement entaché de chauvinisme grand-comorien.
La voix des Anjouanais en colère
Anli Yachourtu JAFFAR