Dans son édition spéciale du 24 mai 2017, Alwatwani, par la plume d’un de ses éditorialistes les plus influents, Madjuwani Hasani (MH), pro...
Dans son édition spéciale du 24 mai 2017, Alwatwani, par la plume d’un de ses éditorialistes les plus influents, Madjuwani Hasani (MH), propose de tenir une « conférence nationale sur l’émergence » pour « vite transformer cette idée, cette stratégie, cette orientation (c’est mis en relief dans le texte) en force réelle portée par toute la Nation … ». Il faut « sortir des tiroirs du Sca2D, et du DSRP, ….transcender les séminaires gouvernementaux, … ». A moins bien sûr de faire de l’émergence un simple slogan démagogique, l’émergence prônée par le Chef de l’Etat ne peut pas être « l’affaire du seul gouvernement, …d’un cercle réduit de proches tirés sur le volet.. ».
Cette analyse pertinente intervient à un moment décisif où l’on voit des griots et/ou des « wahelezi » de tout genre chanter l’émergence à tout va ; à un moment où des grands( ?) intellectuels du pays montent au front, se parent de leurs beaux habits élitistes pour fournir une base théorique générale au nouveau « paradigme » : l’émergence.
Comment dans des telles conditions, ne pas s’aligner sur MH. Malheureusement si le diagnostic séduit, la préconisation interroge. Car le pays a connu des multiples conférences nationales depuis l’indépendance, sur la santé, sur l’éducation, etc. D’autres formes de rencontres nationales (table ronde par exemple) ont été utilisées en vain. Ceux d’en haut sont comme d’habitude, restés « entre eux » entourés par des « experts », les spécialistes internationaux de l’aide au développement. Rien de concret n’en est sorti bien évidemment.
Il faudrait donc innover, voir grand. Embrasser l’histoire du pays depuis l’indépendance pour insérer l’émergence dans son véritable cadre. Cerner les dynamiques fondamentales qui gouvernent l’évolution de la société comorienne pour que l’émergence mobilise les forces nationales les plus vives et entraîne toute la population. Et sous cet angle la perspective concrète qui se dessine, ce sont les assises nationales préconisées par le Mouvement du 11 août (M11), une vaste consultation nationale qui a commencé depuis août 2015, qui résiste depuis aux déchainements furieux de ceux qui veulent que rien ne changent dans ce pays, qui a su faire face aux vents contraires des dernières présidentielles et qui s’est frayée une route prometteuse.
Imaginer le pays maître du processus d’édification de l’Etat comorien (commission 1), trouvant les voies de la consolidation de la nation comorienne (commission 2), s’unissant autour d’une vision stratégique pragmatique sur la question de Maore (commission 3), mobilisé autour d’une vision de son développement économique et social (commission 4) et sachant se mouvoir dans une situation internationale complexe (commission 5). Cela sans interférence extérieur. Voilà l’objet des assises nationales. Voilà le cadre dans lequel doit s’intégrer l’émergence pour devenir une puissante force motrice pour vaincre la pauvreté et s’affirmer peu à peu sur la scène mondiale comme un pays émergent. Ces commissions regroupent une partie de l’intelligentsia du pays, des enseignants chercheurs, des directeurs d’institution qui ne sont pas toujours membres du M11. Ces commissions travaillent depuis plusieurs mois. Elles ont tenu le samedi 20 mai dernier dans un hôtel de Moroni une première rencontre pour procéder à une première mise au point générale et éclairer les travaux durant le mois de Ramadan.
Pour réussir réellement ces assises doivent s’appuyer sur ces commissions, être l’œuvre du peuple sous la conduite du Chef de l’Etat. Comme le préconise MH, il faut éviter l’entre soi ; il faut susciter la confiance. Ce sont les premiers facteurs clé du succès.
Le M11 vise des assises nationales inclusives. L’implication du Pouvoir est fondamentale. Voilà pourquoi le M11 s’est adressé au pouvoir sortant et fut stupéfait par le fait que M. Ikililou n’ait pas daigné répondre à ses nombreuses sollicitations. Le M11 poursuit son objectif avec détermination et esprit de suite. Il a soumis par lettre et par d’autres voies des demandes d’audience auprès du Chef de l’Etat, M. Azali. Malgré le temps qui passe, le M11 garde espoir que les portes de Beit-Salam finiront par s’ouvrir car il faudra bien que tous les citoyens de ce pays se rassemblent pour ouvrir une page nouvelle au pays. Après plus de quarante années d’indépendance, le pays a acquis suffisamment d’expérience pour enfin renaître par la force et l’intelligence de ses propres enfants.
Idriss (25/05/2017)