Le Président Azali l’a formulé comme perspective et le gouvernement nous le sert à toutes les sauces. La question est alors de savoir s’il ...
Le Président Azali l’a formulé comme perspective et le gouvernement nous le sert à toutes les sauces. La question est alors de savoir s’il s’agit d’un simple slogan démagogique ou d’un mot d’ordre de combat pour booster l’édification économique et sociale du pays. Question non encore élucidée !
Assurément il est nécessaire de fixer au pays un objectif ambitieux pour donner une forte impulsion au développement économique et social. Le pays en a tellement besoin. Le Président a donc raison de fixer le cap de l’émergence. Reste à réussir à susciter l’adhésion et l’enthousiasme du peuple, galvaniser les énergies et à lancer une dynamique salutaire.
Photo© Beit Salam |
Malheureusement on ne semble pas en prendre le chemin malgré la volonté indéniable du Président. Car une des conditions fondamentales porte sur la confiance. Et le pouvoir donne des multiples signes négatifs, voire des grossièretés inacceptables comme la répression injuste des journalistes les plus audacieux, comme le non-respect des lois sur les nominations des DG des établissements publics, comme le piétinement à grande échelle des lois sur la passation des marchés publics et en conséquence la poursuite paisible des mœurs dévastateurs des biens publics. Des prédateurs avérés occupent les devants de la scène et continuent tranquillement à piller le pays. Une voie sans issue !
Bien évidement changer des pratiques ancrées n’est pas chose aisée mais tout de même, commencer par augmenter ses rémunérations alors qu’on appelle à de la rigueur, alors qu’on met sur les carreaux des milliers de jeunes, « l’émergence » ne peut alors que générer des doutes, voire de l’hostilité.
Est-ce à dire que l’horizon est bouché ? Certainement pas. Car il y a aussi des signaux positifs. Les nouvelles centrales en témoignent. Celle opérationnelle de Ngazidja a sensiblement amélioré le quotidiendu peuple malgré tout ce que l’on peut en dire. Il y a aussi la détermination à doter le pays d’un vrai centre hospitalier de référence en tournant le dos aux « zivahu » (calfatages successifs) pour laconstruction d’un nouvel établissement digne du XXI° siècle. Il y a aussi cette nouvelle donne sur la question de Mayotte qui nourrit l’espoir malgré la perfidie des agents de notre meilleur ami. Etc. Il faut donc s’appuyer sur les facteurs de progrès pour donner à l’émergence des Comores, un contenu vivant, dynamique, mobilisateur.
Dans une situation aussi embrouillée il ne sera pas aisé d’emporter une large adhésion des citoyens alors qu’il s’agit là d’un facteur décisif. Le programme de l’émergence ne peut pas être celui du seul gouvernement, il ne peut pas être le produit des seuls séminaires gouvernementaux. Il doit émaner de toutes les forces vives du pays, il doit donner lieu à des larges débats de fond sur les questions essentielles qui décident du cours des choses. Le pays doit s’interroger sérieusement sur les causes profondes de ce déclin du patriotisme, de cette absence quasi-générale de l’esprit de servir, de l’ampleur de la corruption, de cette tendance quasi générale à ne pas respecter les lois, etc. Pourquoi des pays de même niveau que nous ou plus faible au moment des indépendances sont-ils aujourd’hui bien loin de nous.
Des questionnements d'une telle ampleur devant déboucher sur un programme stratégique opérationnel menant à l'émergence, ne peuvent réellement être examinés que dans des assises nationales. L’existence depuis août 2015, d’un mouvement citoyen qui milite pour ce genre d’assises nationales dont l’objectif est la rédemption du pays, constitue une opportunité. Le Mouvement du 11 août dirigé par M.AliBazi Sélim, mouvement sans parti, ne nourrissant aucune ambition politicien, bénéficiant d’une certaine audience populaire dans les quatre îles du pays, ce mouvement qui appelle à une grande réconciliation nationale dans le but de tracer des nouvelles perspectives au pays pourrait être la force motrice de la grande concertation nationale nécessaire à l’élaboration du programme stratégique de l’émergence des Comores. Un mouvement libre, débarrassé de tout esprit partisan, permettrait de rassembler largement. Incontestablement, il se trouve là une voie à explorer si l’émergence n’est pas un leurre démagogique.
Il faudrait pour cela que le Président Azali et les dirigeants du Mouvement du 11 août prennent langue ! Car si le cadre de la mobilisation populaire pourrait être le Mouvement du 11 août, l'impulsion et la direction doivent venir d'en-haut, du pouvoir.
Idriss