Le franc CFA et le franc comorien
La monnaie est un des principaux facteurs dans la vie économique. Elle permet non seulement de faciliter les échanges de biens et services entre les individus, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, mais aussi de jouer le rôle d’unité de compte et de réserve de valeur.
Ancien billet de 500fc |
Au moment où les pays africains étaient en passe de prendre leur indépendance, certains d’entre eux ont choisi de lier leur destin économique et monétaire à l’ancienne puissance coloniale, la France, à travers ce que l’on appelle communément la Zone Franc tout en délaissant leur souveraineté monétaire.Cette zone est formée de 15 Pays d’Afrique francophone regroupés sous différentes unions monétaires.
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Tout d’abord nous avons l’union monétaire Ouest africaine regroupant 8 pays dont la Côte d’ivoire, le Sénégal, le Togo, le Niger, le Mali, le Benin, le Burkina Faso et la Guinée Bissau. Ensuite, l’union monétaire Est africaine composée de 6 pays à savoir le Gabon, la Centrafrique, la Guinée équatoriale, le Cameroun, le Congo et le Tchad. Et enfin l’Union des Comores.
Au sein de ces alliances, on retrouve 3 institutions qui sont chargées de la politique monétaire. Premièrement il y a la conférence des chefs d’Etats regroupant les présidents de tous les pays de la zone. Deuxièmement le conseil des Ministres regroupant les Ministres de Finances de ces pays et troisièmement les 3 banques centrales que sont la BCEAO, la BEAC et la BCC.
Quatre principes régissent la Zone Franc :
- Le principe de la fixité de parité : 1 € = 655,957 F CFA (franc CFA) et 1 € = 494.8538 KMF (franc comorien)
- Le principe de la libre convertibilité du franc CFA et franc comorien en Euro
- Le principe de la centralisation des changes (compte courant d’opération) : on oblige les pays à garder au moins 50 % (65% pour le cas des Comores) de leurs recettes en devises (l’euro, le dollar, le yen et le livre sterling) au niveau de ce compte crée au sein de la banque de France pour garantir la libre convertibilité.
- Le principe de la libre transférabilité des capitaux vers l’Europe et les autres continents.
Si aujourd’hui, la question du Franc CFA et franc comorien est divisé, c’est qu’il s’agit d’une question primordiale pour le développement économique des pays concernés.
Quelques avantages et inconvénients de ce système
On peut principalement énumérer des avantages tels que :
- Un très bon niveau de l’inflation (généralement une inflation entre 2 à 3%) grâce à la politique monétaire prudente menée par nos banques centrales, tout le contraire des pays n’appartenant pas à la zone franc qui connaissent quant à eux des niveaux d’inflation très élevés, comme le cas du Zimbabwe, de la guinée, et du Ghana.
- La solidarité existant entre les pays de la zone à cause de la mise en commun des recettes d’exportation (au moins 50% des recettes) au niveau des comptes d’opération. Les pays qui ont des excédents, aident les autres à financer leurs importations, un esprit de solidarité à garder en cas de création d’une monnaie africaine.
- La garantie de pouvoir acheter nos biens d’importations avec une monnaie forte qui est l’Euro. Mais en même temps cela rend les pays importateurs en question nets de biens et services ce qui peut engendrer d’autres problèmes.
- La stabilité du taux de change qui offre un environnement favorable aux investisseurs qui n’ont pas à s’occuper d’un risque de change.
Des inconvénients demeurent aussi et ce sont ces derniers qui font réagir les partisans d’une sortie de la Zone Franc et de la création d’une monnaie africaine :
- La force de l’Euro rend les pays africains incapable de pouvoir développer une industrie en mesure de rivaliser avec d’autres pays possédant eux une monnaie faible. En terme de compétitivité prix, les pays africains se trouvent perdant d’où leur incapacité à pouvoir ravir des parts de marché aux autres.
- L’accumulation d’importantes réserves de changes au niveau de la Banque de France, de l’argent qui pourrait être utilisé pour financer le développement.
- Et puis il y a cette question de la souveraineté monétaire que les Africains sont prêts aujourd’hui à récupérer pour ainsi pouvoir gérer leur porte-monnaie. L’on évoque souvent la question d’une indépendance incomplète en Afrique, car jusqu’à lors les monnaies utilisées dans les pays cités au-dessus ont toujours été imprimées en France. Qu’adviendra-t-il donc de ses pays si un jour La France décide de ne plus nous fournir de monnaie mais juste du papier ?
- Etre lié à une monnaie (l’Euro) qui n’a rien à voir avec la nature des économies africaines.
- La crise économique que connait la Zone Euro (ensemble des pays utilisant l’euro comme monnaie commune) ce qui n’est pas gage d’assurance pour l’avenir car des tensions peuvent subvenir à n’importe quel moment surtout avec l’épineux dossier grec.
Comment faire pour sortir le continent africain de ce fléau ?
Tout d’abord, la zone Franc doit être dissoute pour laisser place à un système monétaire africain géré d’une manière responsable par les Africains eux-mêmes, ainsi le continent pourrait avoir ses propres banques centrales.
Avec la politique de crédit à la disposition des pays africains, on pourrait se permettre d’octroyer des crédits bancaires à des hommes et des femmes voulant entreprendre car, force est de constater qu’à l’heure actuelle les idées sont là mais ce sont surtout les moyens de financement qui manquent. Pourquoi ne pas se servir des matières premières qui sont une grande richesse et qui peuvent être transformées sur le territoire africain au lieu d’être bradées aux occidentaux.
Selon les projections démographiques, le continent africain atteindrait les 2 milliards d’habitants d’ici 2050 un potentiel démographique énorme et un gigantesque marché de consommation qui devrait encourager le commerce entre Africains. Ce sont des jeunes gens à éduquer, à soigner, à nourrir, à loger et à installer dans l’emploi d’où le grand challenge qui attend le continent et qui doit être relevé dès maintenant sinon, on risque de voir naître l’extrémisme qui pourraient avoir comme vecteur de transmission des jeunes désœuvrés sans un avenir prometteur.
SAIDALI Abdoulkarim
Comores-orientation
Article publié en août 2015 et mis à jour aujourd'hui