22 décembre 1974, Les 4 îles des Comores votent l'indépendance
Le 22 décembre 1974 est une date charnière dans l’histoire des Comores. En effet, c’est ce jour qu’a été organisée dans l’ensemble de l’archipel des Comores, la "consultation" visant à déterminer si les habitants voulaient ou non obtenir l'indépendance de leurs îles. Ce vote a été encadré par la loi du 24 novembre 1974, elle-même initiée par les accords du 15 juin 1973. Cette loi dispose dans son article 1er que «Les populations des Comores seront consultées sur la question de savoir si elles souhaitent choisir l’indépendance ou demeurer au sein de la République française».
L’article 5 précise que si le classement des résultats se fera île par île, la proclamation en sera globale, le Parlement devant par ailleurs se prononcer sur la suite à donner à cette consultation dans un délai de six mois. Le 22 décembre 1974, les comoriens des 4 iles répondent à la question clairement posée : « Souhaitez-vous que le territoire des Comores soit indépendant?». Globalement, l’indépendance est acceptée par 94,56% des voix. Au niveau d’Anjouan, de la Grande Comore et de Mohéli, le oui l’emporte à près de 99 %. Mais à Mayotte, une ile qui était sous la coupe du Mouvement populaire mahorais (MPM) qui avait appelé à voter pour le non, le non l’emporta à près de 63, 82 %. Les partisans du oui n’ont pas pu faire compagne librement dans cette ile, empêchés par les fameuses chatouilleuses.
Contrairement à ce qu’espéraient les partisans de l'indépendance, qui pensaient que la France se conformerait à sa propre loi du 24 novembre 1974 qui reconnaît " l’indivisibilité des Comores" et aux traités internationaux concernant " l'indivisibilité des entités coloniales", cette dernière ne va pas interpréter les résultats globalement de la consultation du 22 décembre 1974, mais " île par île ". En mars 1975, une délégation de parlementaire se rend sur place, et son rapport met en avant l'article 53 de la constitution de 1958 qui précise qu'aucune indépendance ne peut être accordée sans la volonté de la population. C'est l'argument principal qui va être utilisé par le gouvernement français pour traiter le cas de Mayotte différemment et balkaniser ainsi cet archipel uni par l’histoire, la langue et la religion.
Crédit photo : MUSC (Mouvement pour l'Unité et la Souveraineté des Comores) |
A la suite de cette constatation, le projet de loi qui reconnaît l’indivisibilité des Comores est à nouveau modifié en raison d’une ferme opposition des sénateurs qui estiment qu’un statut particulier doit être attribué à Mayotte. Prenant le contre-pied du texte promulgué sept mois plus tôt, la loi du 3 juillet 1975 prévoyait que dans un délai de six mois à compter de sa promulgation, un Comité constitutionnel comorien devait établir un projet de Constitution devant être «soumis au référendum avant la proclamation de l’indépendance» et «approuvé île par île» (article 2). Pour protester contre une procédure insolite qui remet en cause la vocation d’un territoire d’outre-mer à la décolonisation globale, les membres de la Chambre des députés des Comores représentant Anjouan, la Grande Comore et Mohéli proclament à l’unanimité des présents (33 sur 39) l’indépendance unilatérale des Comores le 6 juillet 1975.