Société Nationale des Postes et des Services Financiers (SNPSF) et l’argent des autres
Apres la scission de la SNPT par l’ordonnance N°04/002 /PR de février 2004, la Société Nationale des Postes et des Services Financiers (SNPSF), devenue opérationnelle en 2005, ne disposait pas de patrimoine proprement financier, l'essentiel de son capital social étant constitué d’immobiliers dont les deux bâtiments phare du port et de Moroni RP. Faudrait-il ajouter à cela l’immobilisation incorporelle faite de logiciels professionnels spécialisés pour la gestion de la Caisse Nationale d'Epargne et le Compte Courant Postal (CCP).
La société est partie de rien sur le plan des disponibilités propres mais le plus important fut le volume de ressources humaines ayant accumulé plusieurs dizaines d’années d’expériences professionnelles ;
La poursuite des activités financières antérieurement gérées par la SNPT défunte a été rendue possible par le produit de la scission à savoir la mise à disposition du montant du compte des déposants qui s’élevait à 1 milliard 600 millions kmf. Nous comprenons qu'il s'agit là d’une translation des fonds du portefeuille clientèle à la nouvelle société..
Mais que découvrons-nous ces dernières années?
A plusieurs reprises la population est malheureusement informée de l'existence perpétuelle de détournements massifs qui plombent encore plus les comptes d'une société jugée déjà déficitaire, donc malade ; une société qui n’a pas pu prendre l’envol nécessaire à cause de difficultés plutôt internes.
Le dommage subis par les vols et falsifications s'évaluerait à près du milliard de nos francs si on prend les chiffres cumulés depuis la première salve.
La première malversation qui a défrayé la chronique a concerné les deux principales caisses et le système informatique fissuré par voie interne par ceux qui étaient censés le protéger : on a parlé pour les deux cas d'un préjudice de plus de 500 millions de francs.
Le deuxième détournement rendu public a concerné un cadre supérieur représentant la SNPSF à la Chambre de compensations des Comores après avoir travaillé au guichet des découverts (facilités de caisse) en faveur des détenteurs de comptes courants particulièrement les agents de l'Etat et ses démembrements.
Le montant du dégât fut évalué à ce jour à 355 millions de francs comoriens. Pour l'un comme pour l'autre les faits se sont avérés, définitivement jugé pour le premier et reconnu par l’auteur pour le second, en audience publique, en attendant le chiffre exact des sommes volées. La question est d’autant plus préoccupante qu’il s’agit d’un établissement ayant encore le statut d’intermédiaire financier, c'est-à-dire non autorisé à accorder des prêts à moyen terme; ses clients ne pouvant bénéficier tout au plus que des facilités de caisse.
De quelle cagnotte sort alors l'argent des vols et détournements puisque la société n'a pas eu le répit nécessaire pour faire un bénéfice cumulé de près du milliard en moins de 10 ans d’exercice...
Le citoyen comorien, contribuable, déposant et propriétaire de par le statut d’actionnaire unique de l'Etat comorien, ne peut pas croiser les bras et voir s'évaporer le patrimoine commun mais aussi et surtout ses avoirs personnels sans réagir.
Tous les salaires des agents de l'Etat y sont virés car domiciliés par obligation réglementaire.
Les objectifs du nouveau pouvoir issu des urnes ne devraient pas être dilués dans un environnement aussi peu vertueux car il y va de la survie d'une population qui a tant enduré. Le secteur bancaire est supposé être un levier des transformations attendues dans la mise en place de la politique de création d’emplois prônée par le Chef de l’Etat puisque l’objectif principal est de faire des Comores un pays émergent.
Il est temps de mettre un coup d’arrêt à ces malversations qui hypothèquent toute volonté de développement avant qu’il ne soit trop tard. Dans une interview accordée à un organe local le Procureur Général a eu à souligner que ces faits délictueux ont été portés devant la justice par auto-saisine et attire l’attention des responsables de la SNPSF que des contrôles internes stricts sont nécessaires si la société veut réellement survivre .
Djounaid Djoubeir