Siège du CAMUC
Certains élus demandent la dissolution pure et simple de la Centrale d’achat des médicaments en union des Comores en faveur de l’ancienne structure, la Pnac. C’est le cas du député Tocha qui a introduit un projet de loi à l’assemblée nationale. D’autres personnalités du secteur de la santé sont quant à elles pour la reforme "profonde" de la nouvelle structure.
On accuse les pharmaciens d’être à l’origine de la liquidation de la pharmacie nationale autonome des Comores « pour leurs propres intérêts ». D’autres vont jusqu’à dire que l’agence française de développement est actionnaire majoritaire au sein de la Centrale et fait ainsi de la CAMUC une vache à lait. En 2012, faisaient partie des membres de la commission de liquidation de la Pnac l’actuel vice-président en charge du ministère de l’économie et de l’énergie qui, à l’époque, représentait le ministère de la justice.
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Ou encore le conseiller privé du président de la république, qui représentait le ministère des finances, du budget et de l’économie. D’après une dizaine de documents officiels en la disposition de La Gazette, le rapport du cabinet d’audit Archipel Conseil tirait la sonnette d’alarme sur la situation de totale déliquescence de cette entreprise publique à caractère commercial qui avait été créée en 1991 et dont la mission était de « rendre disponible et accessible les médicaments essentiels génériques et matériels médicaux de bonne qualité sur l’étendue du territoire national d’approvisionnement » : équipement de production ne répondant plus aux normes des bonnes pratiques de fabrication pharmaceutiques ; situation financière déficitaire (plus de 300 millions de dettes auprès des fournisseurs) ; absence du conseil d’administration et de contrôle interne…D’autres documents indiquent que les dettes seront apurées par l’AFD à hauteur de «500 000 Euros » en plus d’un fond de roulement de 1 million d’Euro. Ainsi, en juin 2012, la loi N°12-010/AU a abrogé l’autre loi portant statut juridique de la PNAC. Et en décembre de la même année, est créée la CAMUC par un décret présidentiel.
Aujourd’hui, la CAMUC qui a pour mission d' « approvisionner en médicaments essentiels génériques et en consommables médicaux de qualité, les hôpitaux publics et formations sanitaires publiques et privées des Comores » emploie 47 personnes contre « 127 » au moment de la Pnac et affiche une trésorerie disponible de 599 867 406,82Kmf (septembre 2016). Faut-il liquider la CAMUC ? Mahamoud Abdallah est plutôt pour sa « reforme profonde »: «La CAMUC ne doit pas rester simplement dans la vente et l’achat des médicaments. Il faut des équipements et des laboratoires permettant le contrôle des qualités. Une mission académique pour les étudiants et ceux qui désirent améliorer les connaissances dans le domaine pharmaceutiques », énumère le laborantin qui estime qu’il ne suffit pas de changer de nom pour que ça marche.
« Que la CAMUC reste, mais on doit rajouter ces clauses et elle doit être sous le contrôle de l’Etat », conclut-il. Notons qu’avec le caractère associatif dont elle est dotée, la CAMUC compte parmi ses 14 membres du conseil d’administration d’un représentant du ministère de la santé, un de l’assemblée nationale, un du secteur privé, un des ONG nationales et internationales, un du ministre des finances qui assure actuellement la présidence (le directeur général des impôts représentant le ministère des finances est le président du CA de la CAMUC)…La question maintenant est de savoir pourquoi au lieu de sortir la Pnac de sa gouffre l’Etat a préféré sa liquidation. Rendez-vous dans nos prochaines éditions.
Toufé Maecha, La Gazette des Comores