Madagascar se lance sur le marché des centres d'appel
Madagascar compte désormais une quinzaine de sociétés spécialisées en relation client à distance, dont les deux leaders mondiaux. Leurs clients ? Des sociétés, essentiellement françaises, mais aussi certains grands groupes internationaux comme SFR, Amazon, Fnac, Canal +, qui ont choisi de délocaliser leur hotline à Madagascar. La Grande Île commence à faire sérieusement de l'ombre aux pays du Maghreb et à Maurice, grands pourvoyeurs de téléopérateurs.
« - Katia bonjour, que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour madame, je vous appelle pour commander un jeu de plaquettes ... »
Ce client parisien cherche à acheter de nouvelles plaquettes de frein. Il ignore probablement qu'au bout du fil, c'est une opératrice malgache du centre d'appels Odity installé à Antananarivo qui va l'aider dans sa démarche.
Dans le futur, cette situation risque de devenir de plus en plus courante, espère Igor Gonedec, directeur d'Odity, un des pionniers du secteur à Madagascar. Selon lui, la Grande île regorge d'atouts. « Il y a d'abord la maîtrise de la langue française, puis la qualité relationnelle et le petit décalage horaire avec la France. Madagascar dispose de la fibre optique ce qui lui permet de se distinguer d'autres zones géographiques comme le Maghreb. Évidemment, il y a un aspect économique que l'on ne veut pas écarter. »
Incitations fiscales
Des avantages économiques et fiscaux. En tant qu'entreprise franche, l'activité « Call Center » bénéficie d'une exonération d'impôts sur le revenu les deux premières années, impôt ramené à 10 % les années suivantes. Tout
Autre avantage conséquent : une main-d'oeuvre, disponible et bon marché. Et pour attirer les jeunes les plus motivés, les entreprises se permettent même de proposer aux débutants un salaire deux fois supérieur au salaire minimal du pays. « Ce qui me plaît pour commencer c'est que je peux choisir mes horaires, s'enthousiasme Brenda, téléconseillère depuis trois mois. Je peux ainsi allier travail et études. Les évolutions rapides dans l'entreprise, le salaire attractif... tout cela me motive. Le salaire fixe de base est de 300 000 ariarys (un peu plus de 85 euros). Les mois où je me débrouille bien, je double presque mon salaire grâce aux primes. »
Emplois
D'ici la fin de l'année, de nouvelles sociétés doivent s'implanter sur le sol malgache. Et avec elles, des milliers d'emplois à la clé. La course au recrutement a déjà démarré, comme l'explique Eric Robson, directeur général de l'Economic Development Board of Madagascar. « On prévoit d'arriver à 100 000 emplois dans le secteur des centres d'appel à horizon 2020. Aujourd'hui, on est à moins de 10 000. Même s'il y a des grands du secteur qui se sont installés à Madagascar, il y a encore de la place pour tout le monde. » Par Sarah Tétaud - RFI