Dans l’interview qui suit, le procureur de la République évoque ses relations avec son ministre de tutelle et ses priorités. Youssouf A...
Dans l’interview qui suit, le procureur de la République évoque ses relations avec son ministre de tutelle et ses priorités. Youssouf Ali Djaé en profite pour dire qu’il ne prendra pas sa décision sur la plainte contre Sambi sous l’effet du “harcèlement”
Les affaires de malversations financières et de détournements se multiplient. Mais pour beaucoup, la justice prend son temps. Pourquoi ?
C’est vrai, en moins d’un an, trois affaires de détournements (Snpsf, Dgi et Comores télécom), c’est trop. La situation est malsaine. Nous, au niveau du parquet, nous allons être implacables avec ces actes de détournements. Mais nous demandons que l’Etat nous donne les moyens de faire notre travail.
De quels moyens s’agit-il ?
Comment voulez vous qu’on rende la justice plus vite quand le juge n’a ni téléphone ni internet pour mener ses enquêtes ? Quand la police judiciaire ne dispose pas de moyens de locomotions pour mener les investigations ou envoyer les convocations. Soyons réalistes, on est en train de bricoler.
A quand alors les procès des dossiers financiers, notamment celui de la Snpsf ?
Je l’ai déjà dit et je le répète aujourd’hui : nous allons tenir le procès sur l’affaire de la Snpsf avant la fin de cette année.
Et pour les autres dossiers ?
Nous allons essayer d’aller vite et plus loin. Le parquet de Moroni ne ménagera aucun effort pour traquer les délits financiers, malgré les faibles moyens mis à notre disposition. Nous demandons aux gens d’être patients. Ce sont des dossiers financiers qui ne peuvent pas être examinés dans la précipitation.. Il y a beaucoup d’argent en jeu. Les enquêtes demandent du temps.
A côté des affaires financières, nous assistons à une recrudescence des agressions sexuelles. Comment expliquez-vous ce fléau et comment l’endiguer ?
C’est d’abord éviter l’impunité. Quand un père qui a abusé et mis enceinte sa belle fille de 14 ans se trouve toujours en liberté, vous trouvez cela normal ? Pour nous, c’est la fermeté absolue. Nous serons également intraitables avec les personnes qui sont au courant de ce genre d’agressions et qui ne les dénoncent pas. Que tout le monde soit sensibilisé sur ce fléau et que chacun prenne sa responsabilité.
Un avocat de la CRC déplore ce qu’il appelle « l’inaction du parquet » s’agissant de la plainte de la Crc contre l’ancien président de l’Union. Que lui répondez-vous ?
La loi ne m’oblige pas à répondre tout de suite. On n’est pas en flagrant délit. Je peux répondre à tout moment. Il n’y a pas lieu de me harceler à ce sujet.
Et que répondez vous à ce qui pensent que vous ne faites qu’appliquer des instructions de votre ministère de tutelle ?
Je ne suis pas soumis aux avis de mon ministre.. Je peux le faire en mon âme et conscience. La loi m’offre la latitude de donner une suite ou de classer l’affaire. Je n’ai pas encore pris ma décision. Qu’on arrête de chercher la petite bête.
Quelles sont vos priorités au parquet de Moroni?
A l’issue de mes rencontres avec la police, la gendarmerie et les autres auxiliaires de justice, je me suis forgé une politique pénale, avec ma vision des choses, sur plusieurs axes. Mon souci premier est de faire en sorte que les décisions de justice soient exécutées. C’est un problème qui ternit l’image de la justice.Ce n’est pas facile d’y parvenir, mais nous devons être rigoureux devant la loi. Ensuite, je veux faciliter les actes et l’accès à la justice. Eviter les lourdeurs et les dépenses inutiles pour les citoyens.
Où en êtes vous avec votre engagement de lutter contre l’immigration clandestine?
Ce combat fait partie de mes priorités. J’ai rencontré les services concernés pour mettre en place des nouvelles dispositions. Parce que je suis surpris de n’avoir jamais reçu de plainte contre un non paiement de visa ou contre des personnes en séjour irrégulier. Il faut mettre fin à toutes ces impunités.
Comment arrivez-vous à combiner votre responsabilité de procureur et votre rôle de vice-président de la fédération de foot ball?
J’estime qu’il y a un trait d’union entre les deux. Mettre de l’ordre, lutter contre la violence et essayer des trouver des solutions aux différends. Ensuite, je suis heureux de pouvoir apporter quelque chose à une discipline que tout le monde aime.
MMADI MOINDJIE
ALBALAD