1- Monsieur Attou, Vous êtes un des fondateurs du Club JOAL (Jeunes Ouaniens Amoureux de la Littérature).Pensez-vous que la littérature es...
1- Monsieur Attou, Vous êtes un des fondateurs du Club JOAL (Jeunes Ouaniens Amoureux de la Littérature).Pensez-vous que la littérature est vraiment nécessaire à l’évolution et à l’épanouissement des Jeunes ?
Depuis que je dirige le club de lecture JOAL, j’ai appris beaucoup de choses, étant en contact permanent avec ces jeunes. Rien qu’en les observant, j’affirme que la littérature contribue à l’évolution rapide de ces futurs écrivains. Sachez aussi qu’ils ont pris part à plusieurs concours d’écriture en dehors de Ouani, en l’occurrence le Canada, concours franco jeune de l’océan indien etc., depuis ils ne cessent de progresser et toujours prêts à relever d’autres défis.
2- Vous avez déjà publié un recueil de poème intitulé Ylang-ylang en fumée en 2012. Aujourd’hui vous publiez une pièce de théâtre. Pourquoi avoir choisi cette fois le théâtre ?
Merci de cette remarque pertinente. Vous savez quand on écrit pour la première fois, on ignore encore le genre qui va vous propulser loin de vos frontières. Pour vous répondre du tac au tac, je dirai simplement que je suis en phase d’expérimentation.
3- Le titre d’une œuvre est toujours significatif. Pourquoi « Drapeau en berne » ?
(Rire)Avant, ma pièce portait le titre de cellule numéro 6.Vous ne trouvez pas si triste ? Eh !bien la succession des mois m’a assommé et j’ai fini par changer d’avis. Mon but est de frapper fort. Soudain le titre de Drapeau en berne s’est imposé sans résistance .Drapeau en berne, parce que, un pays est envahi par des étrangers blancs qui transgressent toutes les résolutions de l’ONU .Ainsi tous les jours , aux iles aux cœlacanthes, l’odeur de l’encens ennuage les cases de ces pauvres et faibles autochtones par ce qu’ un membre de la famille s’est noyé dans le plus grand cimetière marin Johanna –Mayotte. N’en parlons pas aussi la maltraitance que vit ce peuple au quotidien dans leur propre ile, Mayotte, d’où mon devoir de mettre le drapeau en berne en signe de respect pour les morts et ainsi attirer l’attention de la communauté internationale.
4- Pouvez-vous présenter « Drapeau en berne » pour exciter l’envie et la curiosité de ceux qui n’ont pas encore eu la chance de le lire ?
Bien sûr que oui. C’est l’histoire d’un professeur d’histoire-Géographie nommé Maworé Komory. A bord d’un Kwassa kwassa mouillé jusqu’à sa poupe, M.K se rend à Mayotte pour se soigner. Contre tout attente, la PAF l’a surpris avec les autres passagers à l’entrée de Mtsamboro. Sans tarder, ils se trouvent enchainés de la tête aux pieds comme des criminels récidivistes, ensuite enfermés au centre de détention de Pamandzi. Maltraités, insultés, ils subissent les traitements les plus atroces de la terre attendant leur expulsion imminente.
Au troisième acte Maworé Komory se trouve face au commissaire Kaistion de Lisle pour lui prouver que Mayotte fait partie des iles aux cœlacanthes, que son pays Ngouvou doit impérativement respecter les résolutions des Nations Unies.En peu de mot, je ne peux pas tout raconter ici, le mieux est de se procurer du livre pour connaitre la suite de la trame. Le livre est disponible à la bouquinerie de Habomo à Mutsamudu, au clac de Ouani, aux sites suivants : edilivre.com ; chapitre.com ; fnac.com et amazon.fr
5- Vos personnages ont des noms qui me paraissent un peu bizarre : Magochi Ntchora, Maworé komory et Taambou RIMOKO. Pourquoi, ces noms ?
On dirait que vous êtes le premier à lire la pièce, bravo, je t’en félicite. En ce qui concerne les noms, à ce que j’ai entendu vous les trouvez bizarres. Pourtant ce sont des noms typiquement comoriens .Ne vous en faites pas, je vous réponds maintenant. En fait Magochi Ntchora est un surnom. Je vois ce drôle de tête que vous me faites, mais je n’ai pas terminé. Il est de parents mahorais, il a étudié à Ouani jusqu’à la classe de première. Voici son secret, il porte des chaussures pointe 68, plus aiguisées que les «Ntchora » de Zakaria le plongeur de Nkoni Voi Mdroo.
Faisons maintenant la connaissance de Maworé Komory, c’est le centre de gravité où tournent toutes les planètes. Son nom n’est pas du tout gratuit, Maworé Komory signifie Mayotte est comorienne.Enfin pour terminer, je vous laisse deviner le nom de Taambou Rimoko, je joue un jeu de miroir, ne grincez pas vos dents, regardez bien les lettres, donnez vous la peine, la réponse est sous vos yeux. Bonne chance !
6- Avez-vous des confrères ou des consœurs écrivains autres que des comoriens ?
Tapis rouge à Mathurin Goli Bi Irié, écrivain, censeur au lycée Moderne 1 de grand- Bassam en côte d’Ivoire. Sans lui Drapeau en Berne serait couvert de poussière, rongé par des cafards affamés dans un tiroir en bambou .Kobena, Marshall, Cheick Soilé, tous des auteurs ivoiriens que j’entretienne des relations de fraternité africaine. Du côté du Canada, Daniel Ducharme, mari de Saandia Allaoui, deux autres écrivains mauriciens, une femme malgache et un réunionnais, assez maintenant pour ne pas remplir cette page des noms de célébrités.
7- Cela fait quoi, être écrivain aux Comores ?
D’emblée je tiens à souligner une chose, l’écriture ne nourrit pas son artiste constat amer pour mon pays, c’est une passion au même titre que les jeux de carte, jeu de dame etc. La cherté des livres fait que l’écrivain comorien demeure totalement inconnu .Cependant, une lueur d’espoir voit le jour, le nombre d’écrivains comoriens augmente tous les jours, c’est un bon signe pour pouvoir exporter notre littérature ailleurs.
8-Quel regard portez-vous sur la littérature comorienne ?
C’est une littérature qui gagne petit à petit du terrain dans le monde. Les acteurs politiques devraient quand même faire des efforts pour la libérer des nasses auxquelles elle reste prisonnière. Mettre en pratique les accords de Florence qui exonèrent les livres des droits de douane. Ainsi le livre sera accessible à tous, du coup la littérature aura droit de cité, c’est ce que je suggère pour le moment, ensuite on verra ……
9- Un dernier mot à nos lecteurs ?
Je rappelle à tout le monde que la première sourate révélée à notre prophète Muhammad, que la paix soit sur lui, est «Ikraa» qui signifie lis. En d’autres termes la lecture est la base de cette communauté, par extension, je dirai encore que c’est la communauté par excellence de la lecture. Vous pouvez constater vous-même que les nations sur le piédestal sont celles qui lisent beaucoup, la science illumine leur pays.Je crois avoir répondu à toutes vos questions, je remercie du fond du cœur ALLAH, exalté soit- il, mon créateur, qui m’a permis de terminer cette interview sans égratignure. Merci à vous aussi.
Propos recueillis par Abdillah Abdallah