Tokunbo Salako : Il y a sept ans, Madagascar était en proie à la violence et un coup d'état tournait au bain de sang. Après le retour à...
Tokunbo Salako : Il y a sept ans, Madagascar était en proie à la violence et un coup d'état tournait au bain de sang. Après le retour à un calme relatif, de nouvelles élections ont fait émerger un homme, Hery Rajaonarimampianina, l'actuel président de la République de Madagascar, qui est mon invité dans cette édition de Global Conversation.
TS : Monsieur le Président, vous avez traversé deux années difficiles, comment vous sentez-vous ?
Hery Rajaonarimampianina : Je me sens engagé, engagé davantage pour le bien de la population malgache, pour le bien de ce pays. Aujourd'hui le plus important pour moi c'est la détermination, d'aller de l'avant, de sortir ce pays et sa population de la pauvreté, d'amener un développement, d'exploiter les ressources qu'il y a dans ce pays pour le bien de sa population.
TS : Avez-vous toujours eu l'ambition de devenir Président ?
HR : Non je n'avais jamais pensé en 2009 à être président, moi je pensais tout simplement que j'avais une responsabilité lorsque j'étais ministre des Finances et du Budget, c'était une grande responsabilité, et je crois que c'était déjà l'occasion pour servir le pays. Par la suite je suis devenu Président donc cela me donne encore l'occasion de servir un peu plus. Et puis comme je suis jeune, réfléchir à ce pays, le bien de ce pays, la formation que j'ai eue, la profession que j'ai exercée, mais tout cela à mon avis ce sont ce que j' appelerais le socle qui ont forgé un homme.
Biographie: Hery Rajaonarimampianina
Président de la République de Madagascar depuis le 17 janvier 2014.
En 1995 il fonde son cabinet d'expertise comptable et commissariat aux comptes.
Nommé ministre des Finances et du Budget en 1995 sous Andry Rajoelina.
TS : Revenons à ce qui s'est passé l'année dernière avec la tentative de destitution où l'on a vu des membres de votre propre parti se retourner contre vous. Cela vous a-t-il fait pensé au coup d' Etat ?
HR : On peut pas comparer ces deux évènements. C'est vrai que l'année dernière il y avait eu ces évènements mais je pense que les politiciens ont parlé, mais le peuple a aussi réagi, le peuple a manifesté son intérêt suprême qui est la stabilité et le développement.
TS : A propos de stabilité, le Forum économique mondial a placé votre pays parmi les pays les plus instables politiquement au monde. Qu'en pensez-vous ?
HR : Mon premier objectif c'est de mettre en place cette stabilité. Il faut une stabilité politique. Il faut cette stabilité là pour attirer les investisseurs, donc cette stabilité se manifeste, à différents niveaux. Elle se manifeste au niveau de la mise en place aussi de l'état de droit, de la lutte contre la corruption, l'abus de gouvernance aussi, et je pense que pour parler uniquement que des investisseurs, nous mettons en place un cadre dans le monde des affaires qui pourrait attirer davantage ces investisseurs.
TS : La dernière fois que vous étiez ici, vous decriviez votre pays comme un "work in progress" par rapport à son développement économique, où en êtes-vous maintenant ?
HR : Et bien le chantier se poursuit, le développement c'est un grand chantier, donc nous menons les grands projets que j'appelle les projets structurants. Vous savez je ne suis pas là pour dénigrer ce qui était fait avant, mais je crois que la faiblesse c'est la faiblesse de projets structurants qui manquaient dans le pays, pour ne prendre que l' énergie par exemple. Comment peut on imaginer qu'aujourd'hui à Madagascar, alors qu'on a du soleil, on a du vent, on a des cours d'eau, des fleuves importants, 70% de notre énergie est produit encore par le thermique. Je crois que c'est inadmissible, donc aujourd'hui je suis là pour mettre en place les projets d'énergies, énergies renouvelables en plus pour utiliser toutes ces ressources là afin justement de profiter de ces ressources là pour le développement du pays, c'est ça que j'appelle les projets structurants.
TS : Votre pays est très riche en ressources naturelles mais toujours désespérement pauvre et avec la chute des prix des matières premières en Afrique, quelles sont vos projets pour vous diversifier ?
HR : Ecoutez justement lorsque vous parlez de paradoxe, on lutte contre ça, on veut renverser la vapeur, en utilisant ces ressources là pour l'intérêt du pays. C'est vrai que le domaine minier dans le cadre de notre économie est important, et l'année dernière nous avons subi les contrecoups de la baisse, des prix des produits mais il y a pas que les mines à Madagascar. Il y a de grands potentiels dans différents secteurs pour ne parler que du tourisme avec l'environnement, j'allais dire pratiquement unique que l'on a à Madagascar. On a des produits endémiques, une faune et une flore endémique à Madagascar. Donc tout ça à mon avis, ce sont des produits d'appel, pour développer un tourisme différent, un tourisme écologique basé sur le développement aussi de l'environnement.
TS : Votre pays va accueillir le sommet du COMESA (marché commun de l'Afrique orientale et australe) et le Sommet de la Francophonie. Quel est le message que vous voulez faire passer ?
HR : Ce sont des évènements qui consacrent d'abord le retour de Madagascar sur la scène internationale, et qui consacre aussi ce support de la communauté internationale de se tourner vers Madagascar et d'appuyer ce pays dans le cadre de son redressement. Je pense que c'est un signal fort qui a été donné, et nous on devrait mériter aussi cela et on mettra tous les efforts nécessaires pour que ces sommets soient une réussite.
TS : Juste une dernière question de la part de mes enfants, Monsieur le Président : est-ce que le succès du film d'animation Madagascar a eu un impact sur le tourisme ?
HR : Ne serait-ce que le nom Madagascar. C'est déjà important que les enfants se l'approprient, les grands connaissent le nom Madagascar. Maintenant il s'agit de faire encore plus, moi je sens qu'il y a un intérêt aujourd'hui vers ce pays, je sens que l'on commence petit à petit à connaître ce pays, à travers… pas seulement à travers ce film mais ce film a donné l'opportunité aux uns et aux autres de connaître Madagascar, sa faune, sa flore, on parle de lémuriens, les animaux qui sont endémiques à Madagascar, les espèces rares à Madagascar, les tortues et tout ça, donc moi je crois que ça fait quand même son petit bonhomme de chemin.
Monsieur le Président, merci pour cette interview.
Par Euronews
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