«J'appelle les membres de la génération de jeunes la plus importante de l'histoire à faire face aux défis et à considérer ce que vo...
«J'appelle les membres de la génération de jeunes la plus importante de l'histoire à faire face aux défis et à considérer ce que vous pouvez faire pour les résoudre. Je vous appelle à prendre votre destin en main et à traduire vos rêves en un meilleur avenir pour tous. Il faut donner aux jeunes la chance de prendre part aux processus décisionnels, que ce soit au niveau local, national ou mondial. " Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies
Alors que la dernière décennie a été le témoin d’une croissance économique accélérée dans de nombreux pays développés, les bénéfices qui en ont résulté ont bien souvent été répartis de façon très inégale et inéquitable. Cette croissance n’a donc pas résulté en une baisse proportionnelle de la pauvreté chez les groupes les plus vulnérables, notamment chez les jeunes ruraux. Au contraire, ils continuent de souffrir de taux disproportionnés de chômage, d’emplois précaires ou de pauvreté. En 2012, près de 75 millions de jeunes de par le monde n’avaient pas de travail, soit un taux de chômage environ trois fois plus élevé que celui des adultes. Par ailleurs, parmi les jeunes qui travaillaient, près de 200 millions gagnaient moins de 2 euros par jour (OIT). En Afrique, la part des jeunes travailleurs gagnant moins de 2 euros par jour est de plus de 70% (OCDE), la plupart d’entre eux habitant dans les zones comme les Comores à faible développement économique.
La population comorienne est jeune, 60 % des habitants ont moins de 25 ans avec un taux de croissance démographique d'environ 2 %. Alors que la population de jeunes tend à s’accroître, leurs opportunités d’emploi et de création d’entreprises restent limitées voire même inexistantes, mal payées et de mauvaise qualité. Les sociétés payent toujours chèrement leur désintérêt pour la jeunesse. Au Comores, presque partout en Afrique, un malaise s’est installé entre les générations. Il est de plus en plus palpable. Entre les jeunes et leurs aînés, les contentieux se multiplient, ouvrant le risque de querelles de plus en plus vives. Il est primordial que le peuple prenne conscience de l’importance de la jeunesse dans le développement socio-économique du pays.
L’insuffisance au savoir, à l’éducation et à l’information
Un enseignement de mauvaise qualité ou inapproprié limite la productivité et l’acquisition des compétences, tandis qu’un accès insuffisant au savoir et à l’information peut entraver le développement d’un projet entrepreneurial. Il est nécessaire à la fois d’améliorer l’accès des jeunes femmes à l’éducation en milieu professionnelle, mais aussi de façon plus générale d’inclure dans les enseignements des zones rurales des compétences agricoles, et tout particulièrement dans les pays en voie de développement comme les Comores.
A Madagascar des mesures sont mises en place notamment le projet PROSPÉRER qui a débuté en 2009 grâce au soutien du FIDA. Ce projet œuvre pour la promotion de l’entrepreneuriat rural au profit des jeunes Malgaches via un programme d’apprentissage dans les régions de Sofia, Itasy, Analamanga, Haute Matsiatra et Vatovavy Fitovinany.
L’enseignement et la formation dans les secteurs primaires doivent également s’adapter à l’environnement national afin de garantir que les compétences acquises par les jeunes diplômés répondent aux besoins du marché du travail.
L’entrave d’acquisition des terres promises
Bien que l’accès à l’immobilier soit une étape fondamentale pour se lancer en entrepreneuriat, il s’agit bien souvent d’un objectif difficile à atteindre pour un jeune. Les lois et coutumes portant sur l’héritage dans les pays en voie de développement rendent bien souvent la reprise des terres très difficile pour les jeunes femmes. Il devient de fait nécessaire de modifier ces lois. Il est également indispensable de proposer des prêts pour aider les jeunes à acheter des terres, de même que des crédits-bails grâce auxquels les jeunes peuvent accéder à la terre sans en devenir propriétaires. C’est le cas qu’on peut observer en Ouganda où la société Rivall Uganda (RUL) une société de négoce qui se spécialise dans le commerce, en étroit partenariat avec les autorités locales, œuvre pour sensibiliser les propriétaires aux problèmes des jeunes et à la nécessité pour eux d’accéder à la terre
L’accès presque impossible aux services financiers
La majorité des acteurs financiers sont réticents à offrir leurs services (crédit, épargne, assurance) aux jeunes, en raison entre autres de leur peu de connaissances financières et de leur absence de garantie. La Banque Centrale des Comores (BCC) ne leur facilite pas la tâche avec les taux débiteurs maintenus sur la base de la fourchette de [7%-14%], et avec un taux minimum pour la rémunération des dépôts de la clientèle auprès des établissements de crédit à 1,75%. Des solutions peuvent être trouvées, notamment par la flexibilité de la BCC, la promotion de produits financiers dédiés aux jeunes, par des programmes de mentorat et des opportunités de financement pour la création d’entreprises. Il peut également être intéressant d’inciter les jeunes à se rassembler en petits groupes d’épargne informels pour revendiquer en tant qu’une seule entité leur droit. Ce sont les objectifs que s’est fixé La Konrad-Adenauer-Stiftung au Sénégal qui depuis 1992, œuvre pour la promotion du secteur économique privé en renforçant le modèle d’économie de marché d’orientation sociale par le biais de formations pour entrepreneurs, cadres et employés d’entreprises, des études du paysage économique et des publications. De plus, un approfondissement du dialogue entre le secteur privé et le monde politique afin d’aider la jeunesse à accéder aux marchés financier.
La difficulté à s’intégrer aux métiers de l’environnement
Sur le long terme, les x «emplois-verts» peuvent renforcer durablement les moyens de subsistance, générer plus d’emploi, et au bout du compte engendrer une plus grande valeur ajoutée. Néanmoins les jeunes n’ont pas toujours les compétences requises (ou l’accès aux opportunités de perfectionnement des compétences nécessaires) pour prendre part à l’économie. Il est alors indispensable d’améliorer l’accès des jeunes à l’éducation et à la formation pour corriger ce déséquilibre des compétences, en incluant des formations (formelles ou non) sur le terrain. Des initiatives sont prises à l’ile Maurice où une vingtaine d’associations et de jeunes militants pour la promotion et la protection de l’environnement, ont constitué une plateforme, la «Plateforme Maurice Environnement». A travers ce front, ils ont produit la « Charte Maurice Environnement » une vision cohérente et globale d’un développement économique respectueux de l’environnement et des ressources naturelles.
La restriction des comoriennes aux marchés des biens et services
Sans accès à ces marchés, les jeunes ne pourront pas créer d’exploitations industrielles viables et durables. Il devient de plus en plus difficile pour les jeunes d’accéder aux marchés, en raison notamment de l’influence internationale croissante des supermarchés et des normes draconiennes de leurs chaînes d’approvisionnement. Dans les pays en voie de développement, les jeunes femmes qui veulent accéder aux marchés font face à des contraintes supplémentaires, en partie dues au fait que les normes culturelles en vigueur dans notre pays tendent à restreindre leurs libertés. Un accès accru à l’éducation, à la formation et aux informations peut grandement améliorer l’accès à ces mêmes marchés, et notamment aux marchés agricoles et commerciaux particulièrement porteurs pour les jeunes entrepreneurs. Depuis 2001 l’African Women’s Development Fund octroie des subventions à plus de 100 groupes, organisations et institutions qui partagent la passion pour soutenir les droits des femmes africaines et leur expansions dans les milieux du travail. Au cours des 15 dernières années, AWDF a fourni plus de 26 millions de dollars à 1 235 organisations dirigées par des femmes dans 42 pays africain sans les Comores.
Le piteux engagement dans les débats politiques.
Bien souvent, les processus politiques ne laissent pas la place aux jeunes pour être entendus, ce qui handicape fortement la prise en compte de leurs besoins souvent complexes et variés. Les politiques échouent très souvent à prendre en compte l’hétérogénéité des jeunes et ne leur offrent donc aucun soutien. S’ils veulent y remédier et être sûrs d’être entendus, les jeunes doivent acquérir les compétences et capacités requises pour entamer des actions collectives. Les responsables politiques eux-mêmes doivent activement associer les jeunes au processus politique.
Il devient essentiel d’apporter des solutions à ces principaux enjeux si l’on veut impliquer d’avantage les jeunes dans le développement socio-économique, et au bout du compte utiliser le potentiel non négligeable et encore inexploité de cette population en plein essor.
Dans notre Pays notamment, faciliter l’accès des jeunes aux activités du monde industriel pourrait réduire de façon significative la pauvreté en milieu défavorisé autant chez les jeunes que chez les adultes.
Il est crucial de s’assurer que les jeunes aient accès aux bonnes informations et qu’ils puissent bénéficier de formations intégrées pour pouvoir répondre aux besoins d’un secteur agricole plus moderne; les technologies modernes de l’information et de la communication ouvrent la voie à de grandes possibilités; il est nécessaire d’organiser et rassembler les jeunes pour accroître leurs capacités à engager des actions collectives; les projets et programmes exclusivement dédiés aux jeunes peuvent s’avérer efficaces dans la mesure où ils leur donnent l’impulsion, le petit coup de pouce pour intégrer le secteur; les responsables politiques et les spécialistes du développement doivent proposer une réponse cohérente et intégrée afin de garantir aux jeunes qu’ils prennent réellement en compte les défis auxquels ils font face. En effet, il est plus important que jamais de proposer une réponse coordonnée à l’engagement des jeunes dans la vie décisionnaire du pays.
La population croît tandis que la productivité des entreprises de notre pays diminue ou sont quasi inexistantes, ce qui implique que les jeunes vont devoir jouer un rôle pivot pour garantir leur propre sécurité alimentaire, éducative, sanitaire et financière ainsi que celle des générations futures.
« Ne Nous laissons pas enfermer dans des cases. Affirmons nos idées, sortons des sentiers battus. Forts de nos idées, de nos réflexions, nous puissions ensemble proposer un projet pour les Comores. Mieux, pour que nous puissions ensemble proposer un avenir pour la jeunesse d’aujourd’hui et de demain. »
Omar Ibn Abdillah