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« Une restauration n'est possible qu'aux brefs instants de lassitude quand les idées, les hommes et les faits s'accordent une trêve, quand l'essoufflement rompt l'assaut des générations montantes. Alors l'état de choses antérieur apparaît sous l'aspect salutaire d'une halte vers laquelle on retourne par des chemins sans surprise. Les périls propres aux lendemains de crise s'accumulent cependant : tentation du désespoir, pressions étrangères, difficultés financières, amertume des demi-soldes, délabrement des structures - et le peuple lui-même, à peine sorti des exaltations de l'aventure et qui rêve encore à ses chimères.
Pour recomposer le dessin du puzzle brouillé il faut, à la tête, des politiques avisés dont l'obstination ne s'accompagne ni de fureur ni d'impatience. Tels furent les gestionnaires de nos restaurations. Dans l'impossibilité d'asseoir leur autorité sur la force d'un symbole, République ou Monarchie, que les événements avaient bafouée, bousculé, avili, ils gouvernèrent comme ils avaient vécu, à coup d'imperceptibles adaptations. Une connaissance éprouvée du mécanisme de l'Etat leur permit d'ignorer les passions attiédies des hommes. Les habitudes contractées dans l'effacement de leur carrière leur servirent à n'inquiéter pas davantage que naguère ». François Mitterrand dans son livre Coup d’Etat permanent page 2.
La population Comorienne a appris avec une courte joie, pendant ce mois sacrée de ramadan, l’annonce avec fracas et tapage la prétendue baisse des prix des carburants et du pétrole lampant et d’autres produits alimentaires tels que la viande et les ails et cuisses des poulets surgelés. Le nouveau chef de l’Etat emporté par une politique populiste décrète la baisse des prix d’une manière non concerté avec les opérateurs économiques. La joie des consommateurs Comoriens se limitent à un temps très court. Il y a d’abord, le non-respect par les Commerçants sur cette décision pour laquelle ils n’ont pas été consulté afin, au moins, d’évaluer leurs stocks et de connaitre comment l’Etat va instaurer des mesures d’accompagnement, et donc de compensation.
La plupart des commerçants, surtout, les vendeurs des produits alimentaires répugnent et rechignent à respecter aveuglement comme des caporaux les ordres du colonel. Ces commerçants se demandent qui va payer la différence, la perte ou la manque à gagner ? Du fait de l’absence de réponse à leurs questions, les commerçants ont décidé de ne pas obéir aux ordres du colonel. Seuls les stations-services (sauf Mohéli où la gendarmerie a dû intervenir manu militari face à la colère populaire) ont répondu favorable.
Qui va payer le manque à gagner qui pourrait ruiner tous les Commerçants Comorien?
Ceux qui ont écouté le vice-président chargé de l’Economie, du Plan, de l’énergie, de l’Industrie, de l’Artisanat, du Tourisme, des Investissements, du Secteur privé et des affaires foncières, Djaanfar Ahmed Said Hassani ont été surpris de la décision. Ils ont été surpris pour trois raisons majeurs.
La première est que le vice –président prétend qu’ils ont hérité une situation grave (j’imagine au point de vue des finances publiques, car il n’a donné aucune précision sauf le ton). Si la situation s’avère chaotique au niveau de la finance publique, est –il nécessaire de diminuer les prix, c’est-à-dire diminuer les recettes de l’Etat ?
La deuxième est que le colonel Azali Assoumani est un ancien président de l’Union des Comores, il était censé mieux connaitre les atouts et les faiblesses de notre jeune nation. Comment peut-il se lancer dans cycle populiste à un moment où l’Etat a besoin de l’argent pour subventionner la Mamwe, de l’argent la réfection des routes, de l’argent pour réhabiliter les hôpitaux etc. ?
La troisième que la baisse ou la hausse des prix ne se décrète pas comme le sait très bien notre vice-président chargé de l’économie. Elles obéissent à certains facteurs et règles appelé les lois du marché. Il est intéressant de donner le pouvoir d’achat à la population, surtout, en période de mois sacré de ramadan. Il y a des réalités économiques qu’il faut respecter notamment celles basés sur l’importation. Or depuis des déceins les Comores ont une balance commerciale déficitaire et le déficit se creuse d’une année à l’autre.
Avons- nous la maitrise de notre économie pour la réguler ? « Une politique économique repose sur deux jambes : une jambe budgétaire et une jambe monétaire. Ces deux jambes sont liés et interdépendantes mais ont des fonctions différents. » Nicolas Goetzmann, économiste Français, qu’on ne présente plus.
Pour assurer une politique économique, on a besoin de la politique budgétaire et de la politique monétaire. L’une ne peut pas fonctionner correctement sans l’autre. Notre pays étant encore sous une colonie monétaire française, nous ne maitrisons que la politique budgétaire. L’autre jambe étant amputé par la France nos dirigeants d’hier et d’aujourd’hui sous la domination de la France ont confié aux technocrates de la Banque Centrale Européenne(BCE) à Francfort le pouvoir de gérer notre politique monétaire. Dans ce cas de figure, notre pays ne peut pas sérieusement décider d’augmenter les prix ou de les baisses.
L’un des rôles de la banque centrale, liée à la politique monétaire, est la maitrise des prix. Un pays doit tenir sur ses deux jambes pour assurer le développement de l’économie nationale. Or nous vivons uniquement de la politique budgétaire, qui réduit la marge de manœuvre de l’Etat dans le domaine des subventions. Diminuer les prix des produits, surtout importé, veut dire réduire les recettes de l’Etat et celles –ci sont déjà maigres. Quand on est amputé d’une jambe, on essaie de comprendre son handicap et de marcher selon ses capacités physiques sans espérer ceux de l’autre surtout si on utilise des béquilles d’emprunt.
Mauvaises signes envoyés à nos bailleurs des fonds « Je pardonne les offenses, mais je n’oublie jamais les dates. » avait dit François Mauriac
Les Comores vivent essentiellement de financements et aides venant de l’extérieurs. Les Bailleurs des fonds ne pouvaient pas être rassurés par un gouvernement qui distribue de l’argent qu’il n’en a pas. A chacun de ses passages aux Comores le FMI nous demande toujours l’amélioration de nos recettes. Contrairement à leur recommandation, nos nouveaux dirigeants emportés par les vents du populisme veulent nous éloigner de nos bailleurs de fonds habituels et mettre notre pays à genou. Personne n’ignore l’état de notre finance publique.
Nous avons un grand problème à assurer le paiement régulier des fonctionnaires de l’Etat. A la fin du mandat du président Ahmed Abdallah Sambi, c’est grâce à l’aide du Quatar, que l’Etat a pu purger 6 mois d’arriérés des salaires. C’est aussi grâce à l’aide du royaume Saoudien et l’argent de la citoyenneté économique que le gouvernement du Dr Ikililou Dhoinine a pu terminer son mandat sans un arriéré sur les salaires des fonctionnaires. Alors peut –on régulièrement tendre la main aux autres afin d’assurer les minimums de ses devoirs et montrer une prodigalité sans contrôle ni objectivité de production dans sa politique économique ?
Les Comoriens ont besoin du travail et non des baisses des prix En passant dans les places publiques des villes et villages de la Grande Comore certaines personnes se demandent comment notre chef d’Etat va développer le pays. Ils trouvent ces baisses, non respecter par les commerçants en général, ne profitent qu’au taximan et ceux qui ont des voitures. Le peuple paie le même frais de taxi, les mêmes prix des produits alimentaires qu’avant l’explosion de la fausse bombe de la fausse baisse de prix. Le chef de l’Etat, Azali Assoumani doit d’abord donner le pouvoir d’achat à une large frange de la population en lui donnant du travail, une bonne éducation, des routes et une santé meilleure. Pour lancer une politique économique courageux, comme le voudra, peut-être, le vice-président chargé de l’économie Djaanfar Ahmed Said Hassani, il faudra la maitrise de notre politique monétaire.
Pour cela, il nous faut également notre propre monnaie, notre propre banque centrale. C’est seulement à ce moment-là que vous pouvez, appliquer une politique d’intervention de l’Etat dans l’économie du pays, que les économistes appellent le Keynésianisme. Mais dans cette situation de la colonie monétaire alors que la monnaie qu’on utilise dans notre pays est à la France et gérer par la Banque Centrale Européenne (BCE), le chef de l’Etat Azali Assoumani n’aura que la politique budgétaire et la mendicité internationale. Il faudra plus du courage et de la détermination et non seulement des bruits pour sauver notre pays du marasme économique et social. Que Dieu bénisse les Comores et les Comoriens dans l’unité de l’archipel, Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore.
Said Ahmed Said Abdillah
Président du Parti Comores Alternatives Moroni