Selon une information rapportée sur les réseaux sociaux par le journaliste Nazir et confirmé par le conseiller municipal, Zain-El-Abidine A...
Selon une information rapportée sur les réseaux sociaux par le journaliste Nazir et confirmé par le conseiller municipal, Zain-El-Abidine Abdallah, 19 conseillers municipaux sur 28 ont voté ce dimanche 12 juin 2016 la destitution de la maire, Mme Soilha Said MDAHOMA et de ses trois adjoints.
Une première dans la toute récente histoire des communes de notre pays. Il reste à savoir, si ces élus maitrisent véritablement les textes législatifs et réglementaires régissantles collectivités territoriales. J’en suis moins sûr, pour avoir fréquenté et travaillé avec certains d’entre eux au mois d’août dernier et constaté leurs inexpériences et incompétences avérées. Mais ne revient-il pas au ministère de tutelle, celui de l’intérieur et éventuellement ou probablement au tribunal de se prononcer et de dire le droit en nous éclairant sur la légalité de cette décision ?
En attendant, nous, concitoyens de cette commune de près de 20 000 habitants, sommes en droit de connaître les motivations profondes à l’origine de cette fronde pour tenter d’esquisser un début de de réponses aux enjeux multiples de cette commune. Le conseiller municipal Abidine a évoqué dans son post quelques unes: l’inertie, l’opacité de la gestion des maigres recettes perçues, le mépris et le non- respect du fonctionnement régulier de l’instance municipale.
Quant aux habitués des réseaux sociaux, ils ressassent la même rengaine: le non ramassage des ordures ménagères, la dilapidation présumée des quelques centaines de milliers de francs comoriens générés par les taxes des mariages et l’exploitation de Maloudja etc….
Des arguments forts justifiés mais somme toute loin d’expliquer la déliquescence dans laquelle est plongée cette commune. Cette fronde (mot à la mode) remonte au lendemain même de l’élection de Soilha à la tête de l’exécutif. Pour ceux qui l’auraient oublié, aucune des têtes de liste à cette élection n’a réussi à obtenir plus de 5 élus. Une situation singulière due à la multiplicité des candidatures présentées par des leaders locaux de partis politiques.
Une majorité hétéroclite s’est constituée au forceps, après un premier tour avorté, sous la pression et l’achat des voix des chefs de quartiers et de villages sous l’œil bienveillant et labénédiction du pouvoir exécutif sortant. Des conseillers issus des partis RDR, Fayssoil Moussa, de JUWA, Ali Soultoine et le sans étiquette Eddy Copy ont ravi les postes d’adjoints-au maire.
On aurait pensé que Les prétendants à la tête de chef de l’exécutif rejoindraient ce qui aurait pu être l’oppositionmunicipale. Hélas, il n’y eut point d’opposition. La majorité dégagée lors du vote de l’exécutif a volé en éclats. Le faiseur de la reine, enfant du gros bourg de Ndzaouzé, fort de ces 4 élus n’a pas été récompensé à sa juste valeur. Premier adjoint sans portefeuille, il est écarté du cercle de l’exécutif et se plaignait d’être déconsidéré et méprisé ainsi que ses électeurs.
Les deux autres renâclaient de leur côté d’être marginalisés au profit des chefs de quartiers restés fidèles à la maire. Quant à Mme la maire, elle a fait le choix d’une gestion solitaire et personnelle des affaires de la cité. Courageuse et débordante d’énergie au début de son mandat, elle a réalisé des opérations spectaculaires (ramassage des ordures ménagères avec le soutien de l’armée et d’une organisation de jeunes bien connue) en attirant les médias.
Ces opérations de communication et de marketing bien huilées avaient séduit la population qui voyaient en « MDZADZE » comme l’appelle intimement ses supporteurs la femme qu’il fallait à cette commune pour changer le cours des choses et redorer le blason de la ville de Mitsamiouli. La chef d‘entreprise, dynamique, enthousiaste et plein d’entrain a péché par son sens d’exercer le pouvoir solitairement, l’inexpérience politique et administrative. Elle a vite fait le vide autour d’elle en s’éloignant de ceux qui l’ont aidée à conquérir la mairie de la seconde ville de Ngazidja.
Sans vision politique ni projet, Mme la maire a subi les assauts de la coalition d’intérêts divergents qui seraient probablement à l’origine de cette destitution. Certains notables et non les moindres ont commencé à contester sa légitimité en refusant obstinément de céder certaines prérogatives dévolues par la loi de la République et veulent encore avoir l’œil sur la gouvernance de la commune qui comprend pourtant cinq autres villages : Ndzaouzé, Fassi, Memboiboini, Nkourani et Hadawa.
Les nostalgique de l’équipe sortante tirent également à boulets rouges sur sa gestion pour faire oublier les dégâts commis sous leur courte règne. A l’agonie durant des mois, longue campagne présidentielle exige, la commune est abandonnée à son triste sort par les plus aguerris des cadres politiques et administratifs de Mitsamiouli. Des femmes et hommes qui dédaignent le suffrage universel et n’accordent aucun intérêt à la gouvernance de leur communede naissance Ils seraient dit-on fabriqués et préparés pour diriger des sociétés d’Etat, devenir un jour ministre, gouverneur ou président sans passer par la case d’élu local : un mandat politique de proximité, ingrat et non juteux.
Réduits en spectateurs, les habitants et originaires des localités qui composent la commune où qu’ils se trouvent sont légitimement en droit d’exiger à ces élus, cadres et politiques de se ressaisir et de se retrouver autour d’une table pour examiner les conséquences désastreuses des choix qu’ils ont opérés ce dernières années.
Acteurs, nous sommes aussi nombreux à vouloir apporter modestement notre contribution au service de notre commune. Quoiqu’il advienne, il revient à la jeunesse, aux cadres et politiques de se réunir après le ramadan pour entreprendre une réflexion collective pour sortir la commune de cette longue agonie.
MOHAMED Bakari
Paris