Les ressources halieutiques sont une composante essentielle à l'économie d'un pays comme les Comores, du fait de son insularité et...
Les ressources halieutiques sont une composante essentielle à l'économie d'un pays comme les Comores, du fait de son insularité et de ses rapports naturels avec l'océan. Malheureusement, il est très difficile voir même impossible d'obtenir des informations statistiques fiables de ce secteur.
Notre pays a besoin d'une vraie politique de développement de la pêche. Mais il convient de rappeler que pour pouvoir l'élaborer, la collecte et la maîtrise des données doivent d'abord intéresser davantage les autorités concernées. Cela passe de la formation des observateurs nationaux à la création d'une base de données nationale qui renseigne sur la flotte, les techniques de pêches utilisées, la variation des captures, l'effort de pêche, ainsi que les accidents liés à cette activité. Aujourd'hui les programmes et projets destinés à la pêche se comptent par dizaines et pour la plupart sont financés par l'Union Européenne : SmartFish, CorecSud, Swiofish, Ozone, Mesa, FAO et j'en passe.
Mais le constat est que les comoriens n'arrêtent pas de se poser des questions sur les véritables objectifs de ces financements. Notre gouvernement ne peut pas prétendre réaliser un projet d'aménagement des pêches sans avoir été préalablement préparé sur le plan humain et technique. Si aujourd'hui la direction générale de la pêche est incapable de faire une simple évaluation permettant de connaitre le nombre d'emplois directs et indirects créésdans le secteur au cours de l'année 2015, cela ne devrait étonner personne.
En effet, le centre national de contrôle des pêches ne dispose même pas 5 inspecteurs de pêche en activité, Les lieux de d'embarquement et de débarquement des bateaux de pêche sont nombreux et fonctionnent quotidiennement sous aucun contrôle, les vendeurs de poissons ne figurent sur aucun fichiers. Ce qui est tout à fait normal puisque ce travail doit être fait sur le terrain par des agents qualifiés. Or, on constate que 99,9% du personnel de l'administration de la pêche aux Comores se trouvent dans les bureaux. Ce qui fait que les endroits où les opérations se font, il n'y a aucun agent du secteur.
De nos jours, les statistiques de pêche sont comme un instrument de politique de pêche car elles permettent de diagnostiquer la situation et mesurer l'efficacité de ces politiques halieutiques par le biais des indicateurs relatifs à l'exploitation, aux services, à l'économie, au social et à la gouvernance. La connaissance des acteurs impliqués dans la filière pêche permettent d'identifier les conditions techniques et hygiéniques dans lesquelles travaillent les pêcheurs et les vendeurs des produits de la mer. Notre pays ne peut pas continuer à calquer ce que font les occidentaux. Il vrai que leur apport en matière d'expérience est indispensable mais il doit uniquement aider à créer un model d'enquête dont l'architecture serait bien adaptée au fonctionnement réel de la filière pêche chez nous.
C'est-à-dire élaborer nos propres stratégies nationales d'échantillonnage sans avoir à copier les malgaches ou les seychellois. Nous avons des statisticiens, des mathématiciens, des informaticiens, des biologistes et des juristes. Il suffit de réunir tout ce monde et le mettre au service de ce secteur très prometteur pour en faire une véritable machine de production. Mais encore faudra t-il que notre gouvernement réalise son importance dans l'économie réelle et accepte d'y mettre les moyens nécessaires sans attendre les miettes de l'occident.
Tout le monde a tendance à penser que l'argent se trouve uniquement aux douanes et au ministère des finances. Je rappelle que 62 navires viennent opérer chaque jour dans notre zone économique exclusive (ZEE) pour 600 000 euros en échange. La moitié de cette somme est alors reprise par les missionnaires européens pour soit disant nous aider dans notre politique de développement. Après, Il ne nous reste plus que 300 000 euros. C'est vraiment rien comparé au volume de capture mensuelle d'un seul de ces bateaux. Cet argent ne pourra jamais remplacer les écosystèmes qui sont détruis tous les jours par les techniques et les modes opératoires de ces navires.
La solution aux problèmes de la pêche aux Comores ne se trouve pas à Strasbourg mais plutôt à l'assemblée nationale de l'Union des Comores. C'est pour cela que la question des accords et licences de pêche doit désormais être traitée au parlement afin d'établir et mettre en application des lois exigeant à tous les professionnels de la pêche de payer une licence de pêche nationale.
Faire en sorte que pour chaque kg de poisson capturé, l'administration prend un pourcentage. Par exemple, si un kg de poissons coûte 2000 kmf, l'Etat prend 100 kmf. Ce qui fait un total de 100 000 kmf/tonne. Avec cet argent, la direction de la pêche serait capable de prendre en charge des agents de recouvrement, des inspecteurs de pêche, des observateurs et bien d'autres techniciens. Ainsi, elle crée de l'emploi, génère des richesses et contribue à la croissance et par conséquent la réduction de la pauvreté.
Youssouf Ben Ali
Océanographe
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