Dans l’ensemble du territoire national, les hôpitaux de référence offrent un écosystème propice à la diffusion d’agents infectieux, potenti...
Dans l’ensemble du territoire national, les hôpitaux de référence offrent un écosystème propice à la diffusion d’agents infectieux, potentiellement épidémiogènes, et à l’acquisition de résistances microbiennes. Les risques infectieux au sein de ces hôpitaux sont multiples. On distingue notamment les infections nosocomiales, les risques épidémiques et les risques infectieux professionnels. Ces hôpitaux de référence doivent-ils être considérés comme des cibles de l’action de santé publique. La mise en place de pratiques d’hygiène médicale rigoureuses tout autant que diverses mesures de prévention participent de la lutte contre les risques infectieux hospitaliers.
Parmi les risques infectieux hospitaliers, celui des infections nosocomiales apporte une première idée. A l’hôpital El-Maaroof, les infections nosocomiales restent très largement ignorées. Car, la gestion des risques infectieux hospitaliers ne dépend pas uniquement des moyens engagés et des connaissances en matière d’hygiène hospitalière. Elle repose également sur les acteurs placés en première ligne : le personnel médical et paramédical.
Les professionnels de santé représentant l’un des échelons essentiels à la mise en œuvre de politique de contrôle des épidémies. Le personnel néglige très largement les recommandations en matière d’hygiène. Autrement dit, aucun personnel n’est spécifiquement dédié à la lutte contre le risque infectieux hospitalier. Par conséquent, les compétences de la direction sont limitées et se focalisent sur la supervision des manœuvres responsables du nettoyage des locaux et des espaces ouverts, la gestion du circuit des déchets et la distribution du matériel non médical.
La désinfection des lits, ça ne se fait pas même à la sortie d’un malade. Et à l’entrée aussi d’un malade. Les infirmiers ne font même pas ça. Dès que le malade vient, ils le placent.
Pour les toilettes, elles demeurent un problème crucial. Certaines sont carrément bouchées. Celles qui sont en bon état sont cadenassées. Il faut attendre l’arrivée du gardien pour pouvoir s’y rendre.
A l’hôpital El-Maaroof, le matériel manque même les gants pour changer, il va falloir que le malade paye ses gants. Il y a une carence de sérum antitétanique et les patients sont obligés d’en acheter. Dans la salle d’accouchement, Les patients sont installés sur des lits troués. Ces lits n’ont pas étés nettoyés ou réparés. Et pourtant, l’hôpital dispose d’un service technique de réparation et de restauration du matériel hospitalier.
Les normes d’hygiène ne sont pourtant pas suivies à la lettre. Le personnel hospitalier maîtrise très bien la théorie, mais leurs pratiques la négligent. Les individus déviants qui tentent d’appliquer les pratiques d’hygiène sont soumis à des formes de critiques et d’exclusions.
L’hôpital suscite diverses sortes de commerces. Les vendeurs sont nombreux à l’entrée immédiate de la structure et c’est un véritable petit marché qui occupe cet espace où se sont installés des restaurateurs, des épiciers, des vendeurs ambulants de forfaits téléphoniques. L’hôpital correspond aussi à ce va-et-vient des accompagnants depuis ce petit marché vers le service où est hospitalisé leur proche. En termes microbiologiques, tout ceci se traduit par une augmentation des potentiels véhicules d’agents infectieux entre l’extérieur et l’intérieur de l’hôpital.
Aux Comores, les erreurs médicales, ça n’existe pas vraiment car on s’en remet toujours à Dieu. Si ça ne marche pas, ce n’est pas vraiment la faute du médecin, c’est que Dieu l’a voulu ainsi. Si une partie de la famille veut prendre en compte l’erreur, une autre partie dit qu’il faut laisser car c’est la volonté de Dieu. Et donc, il n’y a jamais de procès, on trouve toujours des arrangements.
Enfin, Penser l’hygiène hospitalière consiste à rendre compte de cette discordance, de cette apparente dissociation entre le geste et la parole.
ALI DJAMBAE NASSER ©habarizacomores.com