Diagnostic : les Comores vont mal, très mal. Un rappel rapide : problème énergétique, routes très abîmées, hôpitaux délabrés, école publiqu...
Diagnostic : les Comores vont mal, très mal. Un rappel rapide : problème énergétique, routes très abîmées, hôpitaux délabrés, école publique abandonnée, taux de chômage inquiétant, des institutions affaiblies par les dernières élections, corruption généralisée et érigée en mode de gouvernement, une population schizophrénique (qui réclame à la fois l’Etat de droit et la corruption !). Bref : de quoi donner aux nouveaux élus des sueurs froides la nuit. Et pourtant…
Et pourtant, il est permis de croire que le temps de l’espérance est bien arrivé. Et, ce, pour plusieurs raisons.
D’abord, car, mine de rien, le pays a beaucoup changé depuis ces dix dernières années : la population comorienne est mieux formée et plus ouverte au monde (grâce en partie à l’Université des Comores, qui forme chaque année des centaines de diplômés, et à l’arrivée dans le pays du téléphone portable et d’internet), ce qui fait potentiellement d’elle une main d’œuvre qualifiée et une force capable d’épouser les exigences du développement économique.
Moroni, capitale des Comores |
Ensuite, car le pays dispose d’une diaspora très bien formée et hautement politisée qui se veut, d’une manière ou d’une autre, au service du pays : des dizaines de médecins, d’ingénieurs, d’experts et de chefs d’entreprises sont prêts soit à rentrer travailler aux Comores soit à travailler pour les Comores à partir de là où ils sont.
Enfin, car les Comoriens viennent d’élire des personnes à la fois bien formées et expérimentées. A Mohéli : un infirmier de formation, ancien gouverneur, redevient premier patron de l’île ; à Anjouan : un médecin, ancien député, devient le chef de Dar Nadjah ; à Ngazidja : un économiste, ancien directeur de la Mamwe, ancien ministre des finances de l’économie et des finances, devient le locataire de Mrodjou. Et voilà pour couronner le tout qu’un colonel et ancien président de la République redevient premier magistrat du pays.
Dernière raison d’espérance. Le retour d’Azali Assoumani aux affaires est une très bonne nouvelle pour le pays : militaire, fin connaisseur du pays et de l’appareil d’Etat, rompu aux relations internationales, homme d’autorité, fin stratège, ce progressiste- réformiste intelligent est celui qui peut le mieux servir les intérêts du pays aujourd’hui.
Autrement dit, le pays n’a pas encore de ressources naturelles mais dispose de ressources humaines capables d’amorcer un développement économique.
Plusieurs conditions doivent cependant être réunies pour que les Comoriens puissent voir changer leur quotidien : la paix civile garantie dans le pays, une entente entre les pouvoirs insulaires et de l’Union, une mise en place d’équipes performantes efficaces, l’exécution rapide et intelligente par le nouveau de Chef de l’Etat de son programme social-démocrate qu’il a présenté aux Comoriens pendant les élections : une libéralisation économique accompagnée d’un Etat protecteur.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres.