A quelques jours de la tenue de l’élection présidentielle du 10 avril 2016 , un syndicat d’ancien Chef de l’Etat de l’Union des Comores vie...
A quelques jours de la tenue de l’élection présidentielle du 10 avril 2016 , un syndicat d’ancien Chef de l’Etat de l’Union des Comores vient de voir le jour à Voidjou en Grande Comore entre les anciens Président Azali Assoumani et Ahmed Mohamed Sambi le 1er avril dernier. L’ex Président Sambi qui totalise avec l’ancien Président Azali 12 ans de pouvoir ( de 1999 à 2011), a appelé le candidat Mouigni Baraka Said à les rejoindre dans leur nouvelle alliance pour barrer la route au candidat du pouvoir. En réalité, il aurait dû plutôt lancer un appel à l’actuel Chef de l’Etat Ikililou Dhoinine pour les rejoindre dans leur nouvelle alliance.
Cette alliance peut permettre éventuellement à Azali Assoumani de retourner au palais présidentiel de Beit Salam en mai 2016 et Ahmed Abdallah Mohamed Sambi d' y retourner en 2021. Et pourquoi pas Ikililou Dhoinine en 2026. Il aura toujours l’âge de se présenter à la future primaire de Mohéli. Ainsi, on évitera au pays de doter aux anciens chefs de l’Etat, des logements de fonctions, des voitures et d’autres émoluments pays aux frais du contribuable.
Cette nouvelle alliance et les autres alliances qui se nouent à l’approche de la date de l’élection présentielle sont parfois, déroutantes, incompréhensibles, déprimantes et décourageantes. Elles démontrent que les politiciens de ce pays n’ont plus de convictions et ne croient plus aux idéaux de leurs engagements politiques. Ainsi, les ennemis d’hier sont devenus les meilleurs amis d’aujourd’hui et les amis d’hier sont devenus des ennemis. On change de champ politique au gré du vent et des intérêts personnels. Un ancien élu a changé 3 fois de camps politiques en une semaine. Le camp qui récupère un élément du camp ennemi, exhibe le trophée de guerre dans une conférence de presse et dans les réseaux sociaux. Ces nouvelles alliances contre nature, heurtent le sens commun et déroutent les Comoriens qui ne se retrouvent plus dans cette course vers le " pouvoir " et le "mangement" .
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Le 26 mai 2006, lors de la prestation de serment du nouveau président AHMED Abdallah Mohamed Sambi, le Président sortant Azali Assoumani a été hué et n’a jamais oublié cette humiliation faite par les partisans du Président Sambi. Cinq années plus tard, il régla ses comptes avec son successeur à Beit-Salam. Dans une longue interview accordée au journal « La Gazette des Comores » le lundi 30 mai 2011, le Colonel Azali Assoumani, quelques jours après l’investiture du nouveau Président de l’Union des Comores, Ikililou Dhoinie, régla ses comptes avec son successeur Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Ce dernier avait déclaré lors de son discours d’adieu du 26 mai 2011, qu’il avait hérité en 2006 d’une situation difficile. Réponse du Colonel Azali 5 ans plus tard, sans langage diplomatique : le pays a vécu 5 ans de scandale, les élections qui se sont déroulées sous Sambi ont été des coups de force et que Sambi prenait les Comoriens pour des « cons » en annonçant l’octroi par une ONG d’un don de 2 milliards d’euros.
Il est revenu sur les promesses non-tenues du président Sambi notamment sur la lutte contre le logement insalubre, l’indépendance de la justice et la lutte contre la pauvreté. Il parla de chaos concernant ces trois dossiers et le Président Azali a mis au défi « n’importe qui, qui viendra dire le contraire ». En septembre 2011, la CRC déposa une plainte, au Tribunal de Première Instance de Moroni, contre Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, pour « détournement ».
C’était l’ancien Secrétaire Général de la CRC, Houmed Msaidié, secrétaire général du parti, qui a quitté le parti depuis pour fonder le parti RADHI qui avait déposé deux plaintes auprès procureur de la République du TPI de Moroni. Avec ces deux plaintes, la CRC avait demandé à ce que le pays soit éclairé sur la manière dont le président Sambi a géré l’argent de l’Etat sur plusieurs dossiers financiers importants du pays. La nomination en septembre 2012, du Secrétaire Régional de la CRC à Mohéli, Hamada Madi, au cabinet du Chef a précipité la rupture Président Sambi avec son poulain, le Président Ikililou dhoinine.
Aujourd’hui, les deux ennemis d’ hier effacent tout et lient une alliance inédite pour se partager le pouvoir. Le Colonel Azali Assoumani a partagé le 2 avril 2016, le café sur la même table avec Sambi au salon VIP de l’aéroport de Hahaya. Tous les deux, ont pris ensuite le même avion pour se rendre à Anjouan afin de sillonner l’ile et battre campagne ensemble.
Ainsi vont les Comores d’aujourd’hui, un pays peuplé par des hommes politiques qui ne pensent qu' à leurs intérêts personnels et qui nouent des alliances politiques contre-nature, sans grande conviction. De quoi décourager un peuple appauvri, malmené et affamé par des régimes successifs qui ne pensent qu’au pouvoir pour s' enrichir, eux et leurs proches. Par ComoresDroit