Les Comores sont loin sur l’étude géotechnique qui est la base de développement d’un pays face aux changements climatiques L’étude g...
Les Comores sont loin sur l’étude géotechnique qui est la base de développement d’un pays face aux changements climatiques
L’étude géotechnique est indispensable pour un pays émergent notamment dans le secteur de BTP. La géotechnique est une spécialité très jeune, multidisciplinaire créée après la seconde guerre mondiale pour pouvoir compenser les dommages causés par la guerre, refaire un monde de développement durable surtout dans le domaine des infrastructures et de bâtiments.
Par définition la géotechnique est l’étude de sol, de roche et tout ouvrage en interaction avec sol et roche. La géotechnique intervient sur l’étude de l’ouvrage, de pathologie et aussi sur les risques environnementaux ainsi que les catastrophes naturelles. Donc la géotechnique présente tout pour une urbanisation meilleure. Malgré au ministère de l’Aménagement, aux travaux publics, on rencontre aucun géotechnicien de spécialité. Le plus grave ce que même à l’université le programme de l’enseignement n’existe pas. Comment alors avoir des meilleures infrastructures aux Comores ?
Intervention d’un géotechnicien et Expertise
Le géotechnicien est sollicité pour l’étude de sol pour l’achat d’un terrain, pour la construction des ouvrages de travaux publics et de bâtiments (immeubles, routes, autoroutes , barrages, digues, tunnels …). L’études de sol, de la roche donne une décision sur le choix de site, le type de matériel de l’excavation (tunnel) , le type de fondation adaptée et le système de l’ouvrage …
Le géotechnicien intervient sur le suivi, et sur l’étude de la pathologie des ouvrages en BTP et de bâtiments, il est le seul capable de découvrir l’origine de sinistre et préconiser des remèdes s’il s’agissait du problème de sol. Si nous prenons un exemple d’un bâtiment, « des fois nous trouvons des fissures et des lézards sur les murs, ce problème est d’origine de sol support de fondation. Si on construit sur un sol fin ( argile ) par exemple, l’argile est un sol évolutif, elle évolue en fonction de la saison. Pendant la saison de pluie, elle absorbe l’eau et se gonfle et pendant la saison sèche, l’eau s’évapore et elle se rétrécit (tassement), le bâtiment suit ce mouvement et les fissures apparaissent » si on l’utilise en remblai, il ya l’instabilité et il ya la remontée des fines donc les fissures sur les routes aussi apparaissent.
D’après l’expert Bertrand Hubert expert français dans son article dit « Que se soit dans le cadre d’une expertise judiciaire ou de traitement d’un dossier d’assurances, lorsque les désordres affectant un bâtiment ou des infrastructures semble trouver leur origine, dans un problème de sol, le géotechnicien est fréquemment sollicité pour déterminer la cause du sinistre et préconiser des remèdes ».
Le sol comorien est le résultat d’une altération d’une roche volcanique basique (basalte) et qui forme un sol argileux de la famille de montmorillonite (argile gonflante) et voilà une image similaire de ce qu’on rencontre dans nos maisons.
La Géotechnique routière
Quand on parle de la géotechnique routière, auparavant, les routes sont construites juste pour pouvoir se déplacer mais on ne tenait pas compte de la durée de vie, ni des contraintes environnementales, ni de trafic routier, donc les routes se détruisaient sans avoir répondu aux objectifs. Actuellement, une étude dite géotechnique routière a été mise en place, cette étude s’intéresse sur la technique de la réalisation des travaux routiers et assainissement. Les guides les plus utilisés sont le guide SETRA (Société Européen de Travaux Routiers et Assainissement) et le guide GTR 92 (Guide de Terrassement Routier) . Ces guides nous aident sur le terrassement, le dimensionnement, le choix de matériaux en remblai et en couche de forme, le choix des enrobés, l’assainissement et drainage et aussi la saison de travail. Plus la route est sous dimensionnée (dimension insuffisante), plus les désordres affectants les ouvrages sont énormes
Il intervient sur l’entretien et les contrôles des infrastructures sachant qu’il est mieux placé pour comprendre les origines des désordres. Cette photo montre une chaussée sur un remblai marneux ou argileux instable.
Valorisation des matériaux pour l’utilisation en remblais et/ou couche de forme
J’ai dialogué avec l’un des techniciens de travaux publics sur le terrassement routier, la question était comment faire le terrassement dans une zone de terre argileuse ? Il explique que les déblais quelque soit son volume, s’il s’agit de l’argile on le rejette puis on emprunte ailleurs des matériaux nobles pour utiliser en remblais ou en couche de forme. Cette technique est bien utilisé il ya des siècles et récemment une nouvelles technique débutait aux Etas Unis en 1904, sert à traiter le sol en place avec soit la chaux, soit la pouzzolane naturelle ou le ciment. D’après le travail que j’ai mené comme plusieurs chercheurs, cette technique répond favorablement aux facteurs mécaniques (amélioration de sol, facteur économique et réduction du délai du projet.
La pouzzolane naturelle, actuellement est reconnue par les chercheurs parmi les ajouts cimentaires les plus meilleures dans le facteur mecanico-econonico-ecologique :
Mécaniquement : elle présente une résistance élevée du béton
Economiquement : elle est rependue partout surtout aux Comores
Ecologiquement : elle ne présente aucun danger sur la nature contrairement au ciment portland dont une tonne de ciment libère une tonne de CO2 dans l’atmosphère.
La Géotechnique environnementale (Etudes des problèmes environnementaux)
Le géotechnicien préconise une solution sur les problèmes environnementaux, glissement de terrain, éboulement, séisme …
Au première vu d’un versant, le géotechnicien est capable de savoir que le massif ou versant est instable ou pas selon les signes visuels qui se présentent : l’inclinaison des arbres, la pente abrupte, la friabilité de sol … etc. Après avoir soupçonné le mouvement de terrain des essais géotechniques de cisaillement ou triaxial doivent être réalisés afin de confirmer l’hypothèse. IL est strictement interdit de construire aux pieds des versants instables, sur le talus,… Dans le cas d’une nécessité, il est conseillé de déplacer et construire à plus de 20 m par rapport au pied du talus.
Dans une zone sismique, après avoir réalisé les essais sismique (prospection sismique : essai géophysique), il est strictement interdit de construire sur ce site, sauf en s’éloignant de du foyer et en adoptant une construction antisismique, nous avons en connaissance, le RPA (règlement parasismique algériens) et PS (règlement parasismique utilisé en France et en Europe dans l’eurocode
8.Cette photo, montre un massif instable à Mbachilé (glissement et chute de bloc)
Recommandations
- Il faut identifier les carrières pouvant utiliser les matériaux sur les travaux publics
- Il faut dresser de la cartographie des risques de tout le pays
- Il faut enseigner la géotechnique à l’université et dans les instituts
- Il faut aménager des laboratoires géotechniques bien équipés pouvant répondre le besoin de travaux de construction de BTP
- Il faut travailler en équipe (géotechnicien, génie civil, géologue, géophysicien, architecte … etc.
Pour finir, aucun développement urbain sans l’étude géotechnique et aucune étude géotechnique sans laboratoire !.
Abdallah Ali ; Ingénieur géotechnicien de Master
Chef de projets de BTP au Bureau d’Etudes « Infragroupe /Genie civil & Telecom »
Chercheur Associé au CNDRS
E-mail : abdafils_ingeo2013@hotmail.fr,
E-mail ali.abdallah@infragroupe.com
site web :www.infragroupe.fr