Critique méthodologique de son ouvrage sur le Vice-Président Mohamed Ali Soilihi (Mamadou) Il y a à peine quatre jours que je viens de ...
Critique méthodologique de son ouvrage sur le Vice-Président Mohamed Ali Soilihi (Mamadou)
Il y a à peine quatre jours que je viens de lire l’ouvrage d’ARM intitulé « Mohamed Ali Soilihi : Les Comores à cœur et dans l’âme, Paris, L’Harmattan, 2015, 264p ». Mon objectif dans cet article est de faire une critique méthodologique et académique et non pas s’en prendre ou se mêler aux questions politiques. Je ne remets pas en cause les informations sur l’émergence et le parcours en politique de Mohamed Ali Soilihi.
Mais, ce qui est dégoutant et choquant dans ce travail de propagande, c’est le manque de respect aux normes épistémologiques et théoriques pour rendre un discours rationnel. Je m’adresse à un universitaire, un docteur en Sciences politiques dont je crois avoir maîtrisé les usages systématiques pour produire une connaissance.
Abdelaziz Riziki Mohamed,
Abdelaziz Riziki Mohamed ©habarizacomores |
Votre texte sent le bricolage ; vous devriez prendre largement le temps qu’il fallait et vous adresser aux vrais spécialistes pour réaliser un bon travail, au lieu de faire la honte de l’intellectualisme comorien.
La première remarque que j’ai faite de votre ouvrage de propagande politique porte sur les bas de pages qui sont très mal présentés. Vous devriez avoir le même style de présentation (p. 61, p. 120, p. 253, etc.). Je pense aussi que le lieu de l’Edition doit précéder le nom de l’Edition. En plus, votre travail est construit de sources secondaires (voir les bas de pages en général), comme s’il s’agissait d’un panorama bibliographique. La rareté des sources primaires perd totalement l’originalité de votre travail.
La deuxième chose que j’ai constatée est le manque d’informations et de commentaires des photos et images illustrées dans votre livre (p. 54-55, p. 108-114, p. 135-138, p. 211-214). On dirait un album photos montrant les aventures du Vice- président Mohamed Ali Soilihi : une erreur grossière dans le monde de la recherche. J’ai constaté également que vos entretiens ne sont pas diversifiés et quantifiés. Des rencontres avec des amis proches et d’enfance du Vice- président auraient été (à mon avis) bénéfiques, et auraient donné beaucoup de crédibilité à votre étude. Cette insuffisance des sources orales justifie, cependant, l’absence de confrontation d’informations.
Dans votre étude (introduction générale par exemple), vous avez dressé un tableau sur le contexte politique actuel des Comores, je pense que la citation des journaux nationaux ou étrangers (excepté les pages 80, 126 et 232) qui mentionnent bien tous ces évènements politiques, comme sources et matériaux de travail, auraient été une bonne chose, et pourraient donner de l’authenticité à votre étude. N’oubliez pas que nous vivons dans le temps présent qui se construit à partir des sources journalistiques et des témoins encore vivants !
On remarque aussi la rareté d’annexes, de supports pour confirmer vos dires et vos informations rapportées dans cet ouvrage de propagande. Et si les structures et les méthodes d’élaboration d’un travail que nous voulons objectif (ou se rapprochant à l’objectivité) faisaient défaut, donc automatiquement les informations fournies s’avéreraient fausses.
Les penchants et les jugements à l’égard des autres leaders politiques confirment cette notion de propagande et le manque d’analyse. Ce qui n’est pas digne d’un travail de sciences politiques qui demande un raisonnement rationnel et d’éviter le maximum des inclinations (même si cela est difficile). Je me demande encore pourquoi les Editions de L’Harmattan ont accepté de publier un tel ouvrage sans l’avoir vérifié au préalable sur le plan méthodologique et sur les normes scientifiques au sens du terme.
En fait, je ne me prends pas comme un membre du jury, mais en tant qu’un simple chercheur qui aimerait bien contribuer à l’évolution des Sciences sociales aux Comores et dans les Iles de l’Océan Indien en général. Si ce travail était l’œuvre d’un journaliste, d’un simple écrivain, cela ne m’aurait pas donné la peine de prendre la plume. Mais ce qui est vraiment scandaleux, c’est le fait que c’est un universitaire, un doctorat en Sciences politiques.
Cependant, je ne m’oppose pas à une histoire ou travail biographique : à quoi serviraient l’histoire, les sciences politiques si ce n’était pas pour faire les éloges des héros, des épopées, des grands acteurs politiques et culturels, commémorer leurs œuvres, leurs engagements pour le développement et le bien-être de la société pour que cela soit un bon exemple pour les nouvelles générations ! Mais, vous n’avez lu aucun travail biographique. Ce qui rend insuffisant votre bibliographie. Un spécialiste comme vous ne devrait oublier aucun détail.
Si vous aviez pris le temps de chercher et de lire minutieusement des travaux biographiques des grands chercheurs et théoriciens comme André Maurois (1930), Loriga Sabrina (1996), Levillain Philippe (1998) François Dosse (2005), Mahmoud Ibrahime (2008), Ali Mohamed Toibibou (thèse, 2010) et bien d’autres, je pense que cela vous aurait été de grand intérêt méthodologique.
Toutefois, je n’étais pas étonné que votre travail fût lu et corrigé par MOHAMED ABDOU Soimadou (p. 07) : un non-spécialiste et limité dans le domaine des Sciences Humaines et Sociales. Ce qui a conduit votre travail à l’échec. Mais, selon l’adage : « Aux pays des Aveugles, les borgnes sont rois ». Vous avez encore le temps de réactualiser vos connaissances…
ABDOU NOUHOU Badroudine,
Doctorant en Histoire politique à l’Université d’Antananarivo. Enseignant à l’Université de Toamasina et dans différents Instituts à Madagascar.
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