Vendredi 14 août 2015. Il est 14H passées, quand des amis du hirimou yaho wanamdji - une des strates inférieures des classes traditionnelle...
Vendredi 14 août 2015. Il est 14H passées, quand des amis du hirimou yaho wanamdji- une des strates inférieures des classes traditionnelles du village- et moi nous retrouvons pour un repas copieux- kombé la mayélé- à l’occasion d’un grand mariage.
Aussitôt que l’œuvre de démolition de cette montagne de riz Basmati au lait de coco commence, la conversation vire à la politique. Lorsque le Ntibé- cette viande bouillie à l’eau avec le sel comme seul ingrédient, est servi, les langues se délient. Chacun y va de ses analyses et ceci au rythme d’arrivée des différents mets- Ntsouzi, madaba, rougayi...etc.
C’est quand on a servi le lait caillé qu’on a eu un moment de répit. C’est un moment sacré du repas. Tout le monde garde un silence religieux. Le temps d’arroser du miel sur le lait étalé sur le riz et de psalmodier un autre Bismillah et la conversation reprend des plus belles. Au rythme des pioches et des gorgées de riz viré au caramel depuis l’arrosage du miel, on débite des choses intéressantes.
On raconte que les probables candidats aux présidentielles sont obsédés par les dépêches des chancelleries. Au lieu de faire de réalisations afin de séduire la population et gagner de l’électorat dans les différentes régions du pays, ce sont les chancelleries qu’ils courtisent. Ils considèrent que pour se faire élire président par le peuple comorien, il faut être bien noté par les ambassades et les services consulaires étrangers accrédités au pays. Chacun déploie ses opérations de charmes pour devenir à la fois le chouchou de la France, de l’Arabie Saoudite, du Qatar, des Etats-Unis, de l’Iran, du Soudan… Il n y a que les dépêches qui intéressent.
Tiens… lors du conflit qui a opposé la population de Vanamboini et la société Colas à propos de l’exploitation du site de Handuli, nombreux sont nos politiques qui ont eu la bouche cousue pour ne pas heurter la France. Un comorien qui aurait dit de mal à une puissance étrangère, en l’occurrence l’Arabie Saoudite, a été condamné à 3 mois de prison ferme.
On ne badine pas avec les dépêches. Il semblerait que ce sont leurs contenus qui feront et déferont le président de l’Union des Comores de 2016. Sauf qu’un de mes camarades a eu le dernier mot en disant que nos politiques peuvent courir après des dépêches, mais lui votera pour celui qui proposera des véritables débuts de solutions de ce mal de santé, d’éducation, d’énergie, de routes, de gestion des finances publiques … et que finalement ce sont les comoriens qui voteront et qui sanctionneront et non des dépêches des chancelleries étrangères.