©habarizacomores Le pillage des ressources publiques par les différents chefs d'Etat et de leurs réseaux ( les différents membres de...
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En ce qui concerne les allégations de détournements massives des ressources de l'Etat portées sur l'ancien chef de l'Etat, le Colonel Azali; il est de mon humble avis que de graves accusations devraient être émises avec certaines réserves. Afin d'éviter de jeter l'honneur d'un homme aux chiens. La crédibilité de telles accusations doit être basée sur des preuves solides et vérifiées. Ses prédécesseurs comme ses successeurs mais aussi parlons en des autres membres des différents gouvernements, qui pourraient aussi souffrir des mêmes faits.
Houphouët BOIGNY, le sage de Yamoussoukro, disait à son peuple " d'éviter de dénigrer vos leaders pour ne pas les humilier, comme ils vous ont servis".
"Msirongowe nayi emadhwamana wahanyu, mtsiwapatse aibu, vowamredani nayi, iliritsike djao. "
Ceux qui ont rendu service ou se sont sacrifiés pour la Nation, devraient être respectés mais entendons-nous que, nul n'est au dessus de la loi, la violation de la Constitution, l'abus de pouvoir et les pratiques de la corruption ne doivent en aucun cas jouir d'aucune impunité. Chacun doit se préparer à répondre de ces actes devant la justice, dès le moment que prend fin leur (son) mandat.
Du Commandant au Président Azali.
Comme rappel historique à la Nation, je voudrais relater mes rapports d'Etat avec l'ancien Chef d'Etat Major des Comores devenu Président Azali.
J'ai fait sa connaissance durant le régime de DJOHAR.
En 1998, le Président TAKI décidait alors, pour des raisons tactiques de remplacer le Colonel Moilim, en le libérant de son poste de chef d'Etat Major et en l'envoyant pour une retraite bien méritée. Le Chef de l'Etat me demanda de lui faire une proposition de personne capable d'assurer le commandement des Forces Armées Comoriennes et il me revenait de lui faire une proposition et je lui ai alors recommandé la nomination du Commandant AZALI (qui sortait récemment de l'École de Guerre la EHDN, réservée aux officiers hauts gradés), et la suite vous la connaissez.
En ma qualité de Directeur de Cabinet, le Président me somma de préparer le décret de nomination et je dois l'admettre que ce ne fut une tâche facile. J'ai du faire usage d'exercices particuliers pour formuler le décret étant donné son grade de commandant. D'autant que son prédécesseur avait le rang de Colonel et pour résoudre le dilemme, j'ai décidé de préparer dans la plus grande discrétion deux décrets le nommant au poste de Chef d'Etat Major: l'un désignant AZALI Lt. Colonel et Chef de l'Etat Major et le second le promeut au rang de Colonel et le nomme Chef d'Etat Major. En réponse aux questionnements du Chef de L'Etat, je lui ai exposé toute la difficulté tout en lui recommandant le second et je lui ai même expliqué que ceci était fait pour éviter les problèmes d'allégeance hiérarchique et bien entendu, il devrait considérer la question à sa discrétion.
Le Président a suivi ma recommandation et le Colonel AZALI fut nommé Chef d'Etat Major. Je le reçois à mon bureau à 11h30´ et lui informa officiellement de sa promotion et de sa nouvelle mission et il reçoit les premiers consignes du Président TAKI dans l'après-midi.
Au journal de la mi-journée de Radio Comores, fut diffusé le dit décret et la colère des lieutenants colonels composant l'Etat Major s'en suit, en m'accusant d'avoir personnellement influencé le Président sur cette nomination. Je les reçois tous avec dignité, je les ai écouté avec attention et je les ai imploré de respecter la décision du Chef de l'Etat et du Commandant en Chef des Forces Armée et surtout de conserver la cohésion des forces de sécurité. En quelques jours, la confusion fut levée avec l'intervention du President.
Je fut l'invité d'honneur, lors de la cérémonie de passation de service, entre le Col. Moilim et le Col Azali Asssoumani à Kandaani. Un moment à marquer dans les annales car une transition de générations venait de s'opérer avec succès.
Son projet de réorganiser et de réformer l'Armée a rencontré auprès du Président, une incompréhension résultant des conseils plutôt négatifs donnés par son Conseiller à la Défense ( un rival de AZALI ), d'ailleurs devenue une source d'incompréhension entre le Président et moi-même.
Je n'ai jamais compris les réels motifs de son coup d'Etat de 1999. L'ancien Ministre français de la Coopération Charles Joslin m'a dit, un jour lors d'une réception en l'honneur de la Francophonie à Paris, à propos du changement de régime à Moroni "que le pouvoir était par terre, AZALI n'a fait que le ramasser".
Mon frère Abbas Djoussouf, un authentique patriote avait perdu la confiance de nos partenaires étant donné sa position nationaliste de la question de Mayotte. Tadjidine le Président par intérim sous l'influence de sa galaxie de Domoni, ne voyait que le recours à la force pour résoudre la crise séparatiste et restaurer l'ordre constitutionnel à Anjouan, d'ailleurs il avait introduit une requête allant dans ce sens auprès des représentants techniques des autorités françaises.
Si la présidence d'Azali a réussi à signer les Accords de Fomboni qui ont mis un terme aux velléités séparatistes et qui sont à l'origine de la nouvelle Constitution, certes très coûteuse pour notre pays et qu'il a tout de même respecté les termes de son mandat et a organisé l'élection de son successeur de manière indépendante et transparente ( free and fair ), il a néanmoins failli la réforme des institutions obsolètes et l'organisation de l'économie du pays.
Il a par ailleurs laissé filer la corruption.
En conclusion, notre lutte contre le dysfonctionnement de la justice et des institutions, favorisant la corruption, les abus de pouvoir, constituent un frein à l'essor économique du pays.
En conséquence il nous faudrait :
1/ Revoir la composition de la Cour Constitutionnelle, en ne faisant siéger que des personnalités issues du corps judiciaire et de hauts fonctionnaires irréprochables et répondant aux critères d'expérience, d'honnêteté et de moralité.
2/ Voter une loi stricte contre la corruption qui soit conforme aux normes internationales et aux Conventions des Nations Unies.
3/Il y a une urgence capitale à revoir les salaires et les émoluments afférents au chef d' Etat et à ses prédécesseurs comme leurs collaborateurs afin de les faire correspondre aux réalités et contraintes financières et budgétaires du pays.
Il est immoral et irrationnel que le Président des Comores perçoit un salaire mensuel auquel il faut ajouter de nombreux avantages et qui soient supérieurs aux traitements de la plupart des chefs d'Etat et de Gouvernement dans le monde.
C'est une forme d'abus public.
Avec la volonté, " We can change!".
Par Saïd Hilal