L'excellent livre d'Abdourahim Bacari n'est pas tendre envers les autorités comoriennes Il est surtout connu par le surnom ...
L'excellent livre d'Abdourahim Bacari n'est pas tendre envers les autorités comoriennes
Il est surtout connu par le surnom déjà porté par un grand commerçant et musicien de l’île de Mayotte et par un ancien Président comorien fondateur de la grande «gendrocratie»: Papadjo. Abdourahim Bacari est connu de ses amis, forcément nombreux, sous le surnom de Papadjo, et quand, dans les milieux politiques et intellectuels des Comores en France, on parle de «Papadjo», on sait directement de qui il s’agit. Voilà un jeune intellectuel emporté par le vent de la Science et qui cherche à comprendre par la vérité scientifique ce qui s’est passé pour que, bien au-delà de la langue de bois et de la pudeur politique, l’indépendance des Comores a été dénaturée et a été transformée en «drame». L’honnêteté intellectuelle a conduit Abdourahim Bacari au raisonnement selon lequel «la vie des Comoriens est devenue un véritable drame au quotidien, un drame qui se déroule au vu et au su de tout le monde, mais dans l’indifférence générale de l’État et même sous les applaudissements, encouragements et “compréhension” des victimes, ce peuple valeureux, mais par trop compréhensif et crédule qui, pour d’évidentes raisons culturelles, n’hésite pas à faire l’apologie des méthodes prédatrices d’“élites” devenues des bourreaux, ses bourreaux, ses impitoyables bourreaux».
Le ton étant ainsi donné, Abdourahim Bacari, avec lucidité et courage, dit que le but de sa démarche scientifique est de chercher à «comprendre comment les Comores, après la fougue et le volontarisme des années de la Révolution de 1975-1978, sont retombées entre les mains de dirigeants incompétents, corrompus, sans imagination, sans vision, sans projet de société, conservateurs, égoïstes, égocentriques et connus pour leur profond mépris envers le peuple comorien, dont l’une des alternatives réside dans une traversée océanique périlleuse entre l’île d’Anjouan et l’“Eldorado” qu’est à ses yeux Mayotte, l’île comorienne ayant choisi de rester sous la colonisation de la France au moment du référendum d’autodétermination organisé sur les 4 îles de l’archipel» en 1974.
Ayant choisi le camp de la vérité et non celui du mensonge dans lequel se complaisent les «intellectuels» bien-pensants sous couvert d’un patriotisme de pacotille, Abdourahim Bacari revisite notamment l’acheminement des Comores vers l’indépendance, le régime politique d’Ali Soilihi ou «l’histoire d’une ambitieuse Révolution mal comprise», «des lendemains qui déchantent, des rêves d’une vie meilleure qui se brisent, des illusions qui se perdent», Ahmed Abdallah Abderemane, accusé de «dictature à la fois molle et féroce, le régime politique le plus combattu des Comores», les tribulations du régime politique de Saïd Mohamed Djohar, le séparatisme sur l’île d’Anjouan, les «récurrents conflits de personnes, intérêts et prétendument de compétences», «les parents pauvres de la République: la Justice et la gouvernance locale», «une économie en perdition et qui n’inquiète pas les pouvoirs publics», la «mort clinique et faillite totale de la risible et navrante diplomatie des Comores», «une classe politique sans vraie présence féminine», «un pays qu’on voudrait plus moderne», etc. Il conclut sur un «drôle de drame: une nouvelle génération qui ignore l’ancienne», celle des dinosaures et des mammouths qui se voient sous des traits de «notables».
De fait, Abdourahim Bacari, contrairement à ceux qui, sans génie, ni talent, servent aux lecteurs les mêmes et insipides grilles de lecture, est sorti des sentiers battus et a fait œuvre utile. On ne peut que saluer et recommander son magnifique ouvrage, dont la sortie a été célébrée avec pompe en sa présence au Kremlin-Bicêtre, en région parisienne, le samedi 21 mars 2015. Il nous promet un deuxième livre dans lequel il pourra démontrer toutes les «trahisons» subies par le peuple comorien depuis le 6 juillet 1975, date de la proclamation de l’indépendance du pays par le Président Ahmed Abdallah.
Par ARM
© www.lemohelien.com – Samedi 28 mars 2015.