L'île de Mayotte a été vendue à la France le 25 avril 1841 par le sultan local. Elle est devenue le 31 mars 2011 un département d'ou...
L'île de Mayotte a été vendue à la France le 25 avril 1841 par le sultan local. Elle est devenue le 31 mars 2011 un département d'outre-mer de plein droit suite au référendum du 29 mars 2009 initié par le gouvernement français.
Elle n'en demeure pas moins une société de type colonial, où une poignée d'« expats » (expatriés) tente de contenir une population démunie, jeune, illettrée, en croissance exponentielle, attachée à son identité comorienne ou africaine, toujours au bord de l'explosion.
Le sultan qui régnait sur Mayotte, en bisbille avec son voisin de l'île d'Anjouan, appela au secours un Français, le commandant Pierre Passot. Par le traité du 25 avril 1841, il céda son île à la France en contrepartie d'une indemnité de 1000 piastres.
C'est ainsi que Mayotte est entrée dans le giron de la France. Jusqu'à la fin de l'époque coloniale, la présence française à Mayotte et aux Comores se ramena à très peu de chose, l'archipel n'ayant guère d'intérêt pour la métropole.
L'esclavage fut néanmoins aboli à Mayotte dès le 9 décembre 1846, soit sous le règne de Louis-Philippe et avant le décret de Schoelcher. Il est vrai que l'abolition n'affectait ici les intérêts d'aucun planteur européen...
De proche en proche, les sultans voisins demandèrent à bénéficier du protectorat de la France et en 1887, l'ensemble de l'archipel (Mayotte, Anjouan, Grande Comore et Mohéli) devient colonie française.
Au XXe siècle, les Comores sont de fait gouvernées à partir de la colonie voisine de Madagascar. Surpeuplées, pauvres et sans ressources, éloignées des grandes routes maritimes, elles n'intéressent guère l'administration coloniale.
Après la Seconde Guerre mondiale, Paris dissipe les espoirs des élites qui, aux Comores comme à Madagascar et même en Afrique noire, caressent l'espoir d'une intégration pleine et entière dans la République.
En1968, la France concède à l'archipel des Comores une large autonomie interne, prélude à l'indépendance. Mais dès lors, Paris accumule les maladresses en réveillant la rivalité entre les îles (*).
Ainsi la capitale administrative est-elle transférée de Dzaoudzi (Mayotte) à Moroni (Grande Comore). L'arrogance des nouveaux fonctionnaires ne tarde pas à indisposer les Mahorais.
Pour ne rien arranger, le gouvernement parie sur un riche commerçant d'Anjouan, Ahmed Abdallah, pour diriger le pays après l'indépendance. Mais l'homme, irascible et sans assise politique, fait peur aux Mahorais. Lors du référendum du 22 décembre 1974, ils se prononcent à 63% contre l'indépendance et les autres Comoriens à 95% pour.
Le Parlement, embarrassé, décide de faire fi de la légalité internationale et exige que la future Constitution des Comores soit approuvée île par île. Comme on pouvait s'y attendre, elle est rejeté par Mayotte cependant qu'Ahmed Abdallah proclame de façon précipitée une indépendance unilatérale. C'est ainsi que Mayotte reste sur le bas côté.
Moins d'un mois plus tard, le 3 août 1975, Ahmed Abdallah est renversé. Trop tard pour changer le cours des choses. Les Nations unies dénoncent cette violation des frontières issues de la colonisation : la résolution 3385 du 12 novembre 1975 réaffirme « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composées des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli ».
Il n'empêche que le 8 février 1976, les habitants de Mayotte expriment par référendum à 99% leur volonté de rester dans le giron de la France. Ils n'ont plus envie de retrouver la pétaudière comorienne.
Depuis lors, l'île est administrée par des fonctionnaires venus en quasi-totalité de métropole.
Elle est toujours revendiquée par le gouvernement comorien qui a l'appui de la communauté internationale. Mais les dissensions au sein des Comores et la quasi-sécession de l'île d'Anjouan rendent improbable la mainmise des Comoriens sur Mayotte.
Dans l'indifférence des médias et des commentateurs, le gouvernement de Nicolas Sarkozy leur ouvre la voie de la départementalisation.
Le 29 mars 2009, les Mahorais se prononcent à une écrasante majorité sur la transformation de leur collectivité en département d'outre-mer, à l'image des vieilles colonies de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion (*).
Ils renoncent à la voie de l'indépendance, sur laquelle se sont engagés les territoires d'outre-mer de Polynésie et Nouvelle-Calédonie, qui sont comme eux vieilles terres de culture et d'Histoire avec une identité propre.
À l'automne 2011, des émeutes violentes - avec mort d'homme - opposent la jeunesse de Mayotte aux policiers venus de métropole. Elles révèlent une société coloniale très éloignée du rêve assimilationniste et dont le fonctionnement est assuré plutôt mal que bien par les « expatriés » ou « m'zungus » (administrateurs, enseignants, médecins).
Certains de ces métropolitains blancs, riches de leurs salaires et de leurs primes, se laissent corrompre par l'atmosphère locale : soirées alcoolisées, consommation sexuelle de mineures etc.
Sauf à échouer, la départementalisation de l'île nécessitera dans les décennies à venir des efforts considérables de l'État français pour faire fi aux défis politiques, sociaux, culturels et économiques :
- corruption endémique de la classe politique locale,
- analphabétisme et méconnaissance de la langue française,
- prévalence du droit coutumier coranique sur la loi française,
- principaux commerces aux mains des marchands indo-pakistanais,
- sous-développement aigu et absence de toute activité économique significative,
- surpeuplement et natalité exubérante,
- forte pression migratoire en provenance des Comores, de Madagascar, voire de l'Afrique des Grands Lacs (on compte en 2009, à Mayotte, plusieurs milliers d'enfants clandestins à la charge de la collectivité et dont la mère a péri dans un naufrage),
- montée des violences entre Mahorais et immigrés illégaux comoriens ou africains.
L'avenir s'avère d'autant plus sombre que les Mahorais de souche tendent à abandonner leur île aux immigrants illégaux. Ils usent de leur citoyenneté pour aller chercher une vie plus sereine à la Réunion ou en métropole (Marseille abrite plus de Comoriens que Mayotte).
Par une aberration singulière, les immigrants illégaux et leurs enfants, qui ne peuvent sortir de l'île légalement, pourraient bientôt devenir les seuls habitants permanents de l'île, aux côtés des policiers et administrateurs métropolitains.
Sans doute la départementalisation de Mayotte demeurera-t-elle dans l'Histoire comme le legs le plus coûteux et le plus lourd de conséquences de la présidence Sarkozy.
Par herodote.net
Elle n'en demeure pas moins une société de type colonial, où une poignée d'« expats » (expatriés) tente de contenir une population démunie, jeune, illettrée, en croissance exponentielle, attachée à son identité comorienne ou africaine, toujours au bord de l'explosion.
Mayotte, comorienne avant tout
Mayotte (374 km2), située dans l'archipel des Comores, entre
l'Afrique et Madagascar, est en fait constituée de deux îles entourées
d'un récif corallien et d'un lagon que l'on dit le plus beau du monde !
Sa population a crû de 3.000 habitants en 1841 à près de 300.000 au
début du XXIe siècle. Près de la moitié sont des immigrants illégaux
venus des Comores ou d'Afrique noire.
Rien ne distingue les Mahorais, habitants originels de Mayotte, de leurs voisins des autres îles comoriennes. La grande majorité parle une langue bantoue (africaine), le shimaoré. Les autres parlent un dialecte malgache, le shibouski. Le français demeure une langue d'importation comme en Afrique noire.
Tous les habitants ou presque sont musulmans. Ils suivent le droit islamique appliqué par 22 cadis (juges) officiels. La polygamie est très largement pratiquée. Elle est tolérée par la loi française mais interdite (en théorie) aux nouvelles générations nées après 1985. La production se réduit à quelques productions vivrières et les exportations, insignifiantes, à des clous de girofle et du parfum dérivé de l'ylang-ylang.
Les Comores étaient, au XIXe siècle, l'objet de luttes incessantes entre les chefs locaux, les « sultans batailleurs ». Leur principale activité consistait dans le trafic d'esclaves à destination du Moyen-Orient.Rien ne distingue les Mahorais, habitants originels de Mayotte, de leurs voisins des autres îles comoriennes. La grande majorité parle une langue bantoue (africaine), le shimaoré. Les autres parlent un dialecte malgache, le shibouski. Le français demeure une langue d'importation comme en Afrique noire.
Tous les habitants ou presque sont musulmans. Ils suivent le droit islamique appliqué par 22 cadis (juges) officiels. La polygamie est très largement pratiquée. Elle est tolérée par la loi française mais interdite (en théorie) aux nouvelles générations nées après 1985. La production se réduit à quelques productions vivrières et les exportations, insignifiantes, à des clous de girofle et du parfum dérivé de l'ylang-ylang.
Une possession délaissée
Le sultan qui régnait sur Mayotte, en bisbille avec son voisin de l'île d'Anjouan, appela au secours un Français, le commandant Pierre Passot. Par le traité du 25 avril 1841, il céda son île à la France en contrepartie d'une indemnité de 1000 piastres.
C'est ainsi que Mayotte est entrée dans le giron de la France. Jusqu'à la fin de l'époque coloniale, la présence française à Mayotte et aux Comores se ramena à très peu de chose, l'archipel n'ayant guère d'intérêt pour la métropole.
L'esclavage fut néanmoins aboli à Mayotte dès le 9 décembre 1846, soit sous le règne de Louis-Philippe et avant le décret de Schoelcher. Il est vrai que l'abolition n'affectait ici les intérêts d'aucun planteur européen...
De proche en proche, les sultans voisins demandèrent à bénéficier du protectorat de la France et en 1887, l'ensemble de l'archipel (Mayotte, Anjouan, Grande Comore et Mohéli) devient colonie française.
Au XXe siècle, les Comores sont de fait gouvernées à partir de la colonie voisine de Madagascar. Surpeuplées, pauvres et sans ressources, éloignées des grandes routes maritimes, elles n'intéressent guère l'administration coloniale.
Maladresses parisiennes
Après la Seconde Guerre mondiale, Paris dissipe les espoirs des élites qui, aux Comores comme à Madagascar et même en Afrique noire, caressent l'espoir d'une intégration pleine et entière dans la République.
En1968, la France concède à l'archipel des Comores une large autonomie interne, prélude à l'indépendance. Mais dès lors, Paris accumule les maladresses en réveillant la rivalité entre les îles (*).
Ainsi la capitale administrative est-elle transférée de Dzaoudzi (Mayotte) à Moroni (Grande Comore). L'arrogance des nouveaux fonctionnaires ne tarde pas à indisposer les Mahorais.
Pour ne rien arranger, le gouvernement parie sur un riche commerçant d'Anjouan, Ahmed Abdallah, pour diriger le pays après l'indépendance. Mais l'homme, irascible et sans assise politique, fait peur aux Mahorais. Lors du référendum du 22 décembre 1974, ils se prononcent à 63% contre l'indépendance et les autres Comoriens à 95% pour.
Le Parlement, embarrassé, décide de faire fi de la légalité internationale et exige que la future Constitution des Comores soit approuvée île par île. Comme on pouvait s'y attendre, elle est rejeté par Mayotte cependant qu'Ahmed Abdallah proclame de façon précipitée une indépendance unilatérale. C'est ainsi que Mayotte reste sur le bas côté.
Moins d'un mois plus tard, le 3 août 1975, Ahmed Abdallah est renversé. Trop tard pour changer le cours des choses. Les Nations unies dénoncent cette violation des frontières issues de la colonisation : la résolution 3385 du 12 novembre 1975 réaffirme « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composées des îles d’Anjouan, de la Grande-Comore, de Mayotte et de Mohéli ».
Il n'empêche que le 8 février 1976, les habitants de Mayotte expriment par référendum à 99% leur volonté de rester dans le giron de la France. Ils n'ont plus envie de retrouver la pétaudière comorienne.
Sous la protection de la France
Depuis lors, l'île est administrée par des fonctionnaires venus en quasi-totalité de métropole.
Elle est toujours revendiquée par le gouvernement comorien qui a l'appui de la communauté internationale. Mais les dissensions au sein des Comores et la quasi-sécession de l'île d'Anjouan rendent improbable la mainmise des Comoriens sur Mayotte.
Dans l'indifférence des médias et des commentateurs, le gouvernement de Nicolas Sarkozy leur ouvre la voie de la départementalisation.
Le 29 mars 2009, les Mahorais se prononcent à une écrasante majorité sur la transformation de leur collectivité en département d'outre-mer, à l'image des vieilles colonies de la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion (*).
Ils renoncent à la voie de l'indépendance, sur laquelle se sont engagés les territoires d'outre-mer de Polynésie et Nouvelle-Calédonie, qui sont comme eux vieilles terres de culture et d'Histoire avec une identité propre.
Le défi mahorais
À l'automne 2011, des émeutes violentes - avec mort d'homme - opposent la jeunesse de Mayotte aux policiers venus de métropole. Elles révèlent une société coloniale très éloignée du rêve assimilationniste et dont le fonctionnement est assuré plutôt mal que bien par les « expatriés » ou « m'zungus » (administrateurs, enseignants, médecins).
Certains de ces métropolitains blancs, riches de leurs salaires et de leurs primes, se laissent corrompre par l'atmosphère locale : soirées alcoolisées, consommation sexuelle de mineures etc.
Sauf à échouer, la départementalisation de l'île nécessitera dans les décennies à venir des efforts considérables de l'État français pour faire fi aux défis politiques, sociaux, culturels et économiques :
- corruption endémique de la classe politique locale,
- analphabétisme et méconnaissance de la langue française,
- prévalence du droit coutumier coranique sur la loi française,
- principaux commerces aux mains des marchands indo-pakistanais,
- sous-développement aigu et absence de toute activité économique significative,
- surpeuplement et natalité exubérante,
- forte pression migratoire en provenance des Comores, de Madagascar, voire de l'Afrique des Grands Lacs (on compte en 2009, à Mayotte, plusieurs milliers d'enfants clandestins à la charge de la collectivité et dont la mère a péri dans un naufrage),
- montée des violences entre Mahorais et immigrés illégaux comoriens ou africains.
L'avenir s'avère d'autant plus sombre que les Mahorais de souche tendent à abandonner leur île aux immigrants illégaux. Ils usent de leur citoyenneté pour aller chercher une vie plus sereine à la Réunion ou en métropole (Marseille abrite plus de Comoriens que Mayotte).
Par une aberration singulière, les immigrants illégaux et leurs enfants, qui ne peuvent sortir de l'île légalement, pourraient bientôt devenir les seuls habitants permanents de l'île, aux côtés des policiers et administrateurs métropolitains.
Sans doute la départementalisation de Mayotte demeurera-t-elle dans l'Histoire comme le legs le plus coûteux et le plus lourd de conséquences de la présidence Sarkozy.
Par herodote.net