Le kilogramme d'oignons est à 8000 francs , l'ail à 2000 , le poisson à 3000 , la viande fraîche à 2500 , le litre d'huile à ...
Le kilogramme d'oignons est à 8000 francs, l'ail à 2000, le poisson à 3000, la viande fraîche à 2500, le litre d'huile à 700 francs, le riz ordinaire à 450, la noix de coco à 600, la tomate à 1350. Autant dire que le quotidien du Comorien coûte cher. Trop cher. Reportage à Volovolo, marché partagé entre ordures aux relents pestilentiels et prix exorbitants. Entrée de Volovolo côté Ouest en fin de journée, à la place habituelle des vendeurs de charbon de bois. Une benne à ordure enlève les immondices et cela provoque une odeur fétide. A côté de la benne, une mare de détritus, visqueuse à souhait. Juste à côté, un vendeur de tomate.
Il refuse de décliner son identité. Son produit, c'est les tomates fraîches. Le prix du kilogramme ? « 1350 francs », répond-il. Puis émet une petite précision : « nous vendons à 1350 en début de matinée mais en fin de journée, le prix baisse à 1250 afin d'écouler notre stock ». Nous nous déplaçons un peu plus vers le sud. La gadoue est tellement collante que les chaussures menacent plusieurs fois de s'y engluer. Des noix de coco sont posées sur des sacs. Leur prix varie entre « 600 francs et 350 francs ». Pourquoi est-ce aussi cher. Réponse de Mdjomba Monandro : « les paysans nous les proposent à un prix trop élevé ». Vend-il ?
« J'arrive à vendre jusqu'à 5 noix de coco par jour », répond-il, un soupçon d'ironie dans la voix. Il refusera de me donner le chiffre exact. Néanmoins, il ajoute ceci : « ne te fatigue pas, le seul produit qui ne soit pas cher c'est le piment mais le piment ne se mange pas seul n'est-ce-pas » ? Les faits vont malheureusement lui donner raison. Le tas de 8 patates douces se négocie 1000 francs. Le lot de 8 bananes à 500 francs. Le kilo de riz ordinaire à 450. L'huile entre 600 et 700. Le gingembre est à 1250 francs. Nous nous dirigeons chez les vendeurs de poisson. Ici aussi le prix est inaccessible. 3000 francs le thon rouge. Mais il va crescendo en fonction de la qualité. Hassan Allaoui, 42 ans au compteur dont 17 années consacrées à la vente de poisson.
« La mer est mauvaise, c'est pour cela qu'il n'est pas en abondance », explique-t-il. « Ceci étant, même quand le temps est plus clément, je ne vends pas grand-chose parce que les fonctionnaires ne sont pas payés régulièrement ces derniers temps » argue-t-il. Quant à Dhoimir Ali, autre vendeur voisin du premier, il lui arrive souvent de ne pas parvenir à écouler son stock « parce que c'est la crise ». Après cela, place à la viande fraîche et aux ailes. Mohamed Ali Soilih estime que « la viande fraîche est réservée aux nantis ». Le kilogramme varie entre 2500 et 2250 francs selon qu'elle soit « avec os » ou « sans os ». « Raison pour laquelle, les ailes de poulet s'écoulent mieux », dit-il.
Il est vrai que le kilo de mabawa est à 1 100 francs. Elle est la viande la plus vendue ici pour leur prix « abordable ». Dans ce florilège de prix exorbitants, un produit bat des records de cherté. D'ailleurs, on n'en trouve pas dans tout Volovolo. Assaf Zakaria, interrogé à ce sujet donne le prix « 8000 francs ». Le nom du produit ? L'oignon. Devant nos airs ébahis, il justifie sa cherté, qui selon lui « découle du fait que la mer, en cette période à Madagascar est déchaînée ».
Puis précise que « aux Comores, la culture d'oignons est insignifiante, tout juste assez suffisante pour les besoins d'un foyer ». Et commercial, nous propose en contrepartie de l'ail qui est à « 2000 francs ». Nous quittons le marché avec cette question : entre les ordures et la vie chère, quelle plaie choisirait donc le Comorien si on venait à le lui demander ?