Il fonde sa campagne électorale sur la rancœur, l’appel à la haine et le revanchisme. Décidément, la haine est mauvaise conseillère...
Il fonde sa campagne électorale sur la rancœur, l’appel à la haine et le revanchisme.
Décidément, la haine est mauvaise conseillère. Elle conduit toujours à des excès qui finissent par dévorer ceux qui en font un mode de vie. Le jeudi 8 janvier 2015, Maître Fahmi Saïd Ibrahim, Président du Parti de l’Entente comorienne (PEC), lançait sa campagne électorale pour la députation sur ses terres d’Itsandra, en Grande-Comore. Le Comorien a du mal à comprendre pourquoi l’enfant d’Itsandra, qui s’identifie à sa ville, s’est cru obligé d’y être présenté par Ahmed Sambi, l’homme de Mutsamudu. Moi, quand je serai candidat à l’élection présidentielle en 2026, je n’aurai besoin de personne pour me présenter chez moi à Djoiezi, et les Djoieziens verraient d’un mauvais œil la présentation de l’un des leurs, chez eux, par quelqu’un qui serait venu d’«ailleurs». Ils prendraient cela pour une injure faite à leurs personnes, à leur dignité, à leur honneur et à leur communauté. Il faut ne pas être sûr de soi-même pour se faire parrainer chez soi par autrui venu d’«ailleurs». Voilà donc Ahmed Sambi à Itsandra, où il aurait dû être un invité de marque, mais qui est tout de même devenu l’acteur principal du meeting de Maître Fahmi Saïd Ibrahim.
Normalement, un ex-Président de la République qui tient à devenir chef d’État ad vitam æternam, Président à mort et jusqu’à ce que mort s’ensuive, doit être un rassembleur qui sait se situer au-dessus de la mêlée. Or, à Itsandra, le public a eu «droit» à un Ahmed Sambi plongé dans des divagations haineuses, rancunières et revanchardes. Au lieu de prononcer un discours-programme, il s’est focalisé sur la haine qu’il voue au Président Ikililou Dhoinine, son ancien Vice-président qu’il croyait et voulait pouvoir diriger comme un gamin à qui on promet des bonbons dans une cour de récréation: «Ikililou nous a tous trahis. Je suis le premier à être trahi par lui». Et, pour ajouter la haine à la détestation, il a dit sans peur d’être pris pour un garçon capricieux qui ne comprend rien aux réalités du pouvoir politique: «Je vous jure qu’il m’avait trompé car, quand il était mon Vice-président, il était habituellement mou. Mais, l’homme qu’il est aujourd’hui n’est pas celui que j’ai connu hier. Il s’est métamorphosé». Ce discours dévoile le côté infantile, immature et irresponsable d’Ahmed Sambi, qui n’a pas compris une chose fondamentale sur le pouvoir politique: «Un chef d’État décide et rassure». Ahmed Sambi, qui a décidé de vivre sur Mars et non sur Terre, est un homme coupé des réalités comoriennes. Quand il était chef d’État, il avait poussé la plaisanterie jusqu’à déclarer qu’il ne savait pas que les fonctionnaires et agents de l’État n’avaient pas perçu leur salaire durant 9 longs mois, signifiant qu’il ne lit pas la presse et ne discute avec personne. Cette fois, il fait pareil car il n’a entendu aucun Comorien se plaindre du fait que le «mou» d’hier «s’est métamorphosé», assumant ses responsabilités au lieu de devenir un objet entre ses mains d’ancien satrape.
Qui est le Comorien, en dehors de ceux rampant aux pieds d’Ahmed Sambi, qui s’est plaint parce que le Président Ikililou Dhoinine a refusé d’être une excroissance présidentielle de l’ancien satrape bavard? Il est où ce Comorien? Qui est ce Comorien qui veut être dirigé par un «mou»? Qu’on le présente aux Comoriens. Dans son discours de haine, Ahmed Sambi a recours à la même rhétorique basée sur la détestation et le mépris, clamant haut et fort, pour amuser le tapis: «Nos vénérables mamans disent souvent qu’il ne faut dire à un homme mature qu’un piment pique, de même qu’on ne le prévient pas que le miel a bon goût». Dans sa logomachie, c’est lui qui incarne «le bon goût du miel», pendant que le Président Ikililou Dhoinine est le «piment qui pique». Les divergences et les querelles personnelles entre les deux hommes n’intéressent pas les Comoriens, qui ont de véritables sujets de préoccupation. Pour autant, ils s’interrogent gravement quand ils apprennent que le samedi 10 janvier 2015, Ahmed Sambi, au cours d’un meeting électoral douteux au Stade Ajao de Moroni, a décrété que le Président Ikililou Dhoinine «porte un boubou plus large que lui», une métaphore qui signifie qu’il occupe une fonction qu’il ne maîtrise pas. Sérieusement, est-ce que le même Ahmed Sambi, verbiage mis à part, croit qu’il a été un bon Président de la République? Soyons sérieux! S’il l’a été, pourquoi les chefs d’État étrangers ne se gênaient pas pour lui signifier, les yeux dans les yeux, le mépris qu’ils avaient pour lui? Doit-on revenir sur cette conférence de la Ligue des États arabes (LÉA) au cours de laquelle un vrai chef d’État arabe lui avait exprimé tout le mépris qu’il avait pour lui?
Quel message ce même Ahmed Sambi a envoyé aux Comoriens toujours ce samedi 10 janvier 2015 au Stade Ajao quand il déclara que personne ne l’empêchera d’être candidat à l’élection présidentielle en 2016, non pas pour un poste de Gouverneur d’Anjouan ou pour celui de Vice-président du candidat qu’il aura choisi à la Grande-Comore, mais pour devenir Président des Comores, sans attendre le tour d’Anjouan en 2021? Qu’est-ce qu’il lui faut pour qu’il comprenne que sa prétention à vouloir être candidat aux élections présidentielles de 2016 l’a définitivement coupé de la population comorienne, celle de la Grande-Comore en particulier? Emporté par sa rhétorique haineuse, il ne s’embarrasse d’aucune précaution de langage quand il dit devant les Comoriens que son but est de faire élire un maximum de Députés afin de contrôler l’Assemblée de l’Union des Comores et modifier la Constitution dans le sens qui lui permettra de se présenter à toutes les élections présidentielles, oubliant que c’est parce qu’il y a la présidence tournante qu’un Anjouanais et un Mohélien ont pu accéder à la présidence de la République dans les Comores d’aujourd’hui vivant dans le pluralisme politique, alors qu’en 1990 et 1996, les 5 premiers candidats à l’élection du chef de l’État étaient tous Grands-Comoriens, du fait de la démographie de la Grande-Comore et de la survivance même pas en filigrane du réflexe insulaire.
Pourtant, Ahmed Sambi s’abstient de dire la vérité aux Comoriens: quand, en privé comme en public, il accuse le Président Ikililou Dhoinine de «trahison», ce n’est pas parce que le chef d’État l’aurait «trahi» sur des aspects programmatiques, mais parce qu’il a trouvé insultant de se plier aux oukases, fetwas et injonctions de l’ancien satrape qui, sur les Lieux-Saints de l’Islam, en Arabie Saoudite, lui a demandé de jurer qu’il allait réviser la Constitution, de manière à lui permettre de se présenter aux élections présidentielles dès 2016 pour le poste de chef d’État. Autrement dit, la République est devenue l’otage d’un homme qui veut assouvir ses appétits de pouvoir et sa haine sur la place publique. Très prudent, le Président Ikililou Dhoinine, qui sait rouler son petit monde dans la farine comme un habile boulanger-pâtissier, refuse de faire des vagues et a laissé Ahmed Sambi s’installer dans le rêve d’une possible manipulation de la Loi fondamentale de la République à des fins personnelles. Rongeant son frein à Mutsamudu, Ahmed Sambi refusait d’admettre que le «mou» Ikililou Dhoinine ne ferait pas ce qui était attendu de lui. Il finit par déchanter. En plus, il y a eu la date la plus funeste pour Ahmed Sambi et pour ses crypto-sambistes: le mercredi 10 octobre 2012.
En effet, le mercredi 10 octobre 2012, le Président Ikililou Dhoinine nommait Hamada Madi Boléro Directeur de son Cabinet chargé de la Défense. Le crypto-sambisme entra immédiatement en deuil, sachant que Hamada Madi Boléro est son ennemi le plus acharné, l’homme qu’il aime le plus détester et qu’avec lui à Beït-Salam, Ahmed Sambi n’avait aucune chance de voir son ancien Vice-président procéder à des tripatouillages de la Constitution. De toute façon, s’il le voulait, il l’aurait fait depuis son investiture le 26 mai 2011. Hamada Madi Boléro assumera donc la fonction de celui qui «a poussé» le Président à couper les ponts avec l’ancien satrape. Des niaiseries! Les crypto-sambistes martèleront le petit discours haineux suivant: Hamada Madi Boléro ne devait pas intégrer Beït-Salam parce que, lors de l’élection présidentielle de 2010, il était l’un des 9 candidats de l’opposition face à Ikililou Dhoinine. Jeunes gens, une élection n’est pas un combat de gladiateurs qui doit s’achever par la mort de l’un des protagonistes. Pour ne citer qu’un seul exemple, au Maroc, même quand l’opposition était très virulente, le Roi a toujours nommé des opposants à des postes stratégiques, et cela a toujours permis au pays de vivre en paix et d’exploiter la compétence des uns et des autres.
Par ARM