Quelques évidences bien comoriennes : aux Comores, on est d’abord de sa famille, de son clan, de son quartier, de son village, de sa régi...
Quelques évidences bien comoriennes : aux Comores, on est d’abord de sa famille, de son clan, de son quartier, de son village, de sa région, de son île et accessoirement de son pays. Résultats : impression d’adversité permanente et absence de tout sentiment national. Raison de cette situation : personne n’a aidé les Comoriens à se construire une identité et un sentiment nationaux. Souci majeur : c’est qu’étant insulaires, ils sont condamnés à cohabiter à défaut d’habiter paisiblement ce maigre territoire !
Quelles conséquences ? Une seule au moins mais qui pourrait produire deux autres. Si rien n’est fait contre cette atmosphère de tension constante à laquelle on peut ajouter cette jeunesse comorienne diplômée et sans emploi, une explosion sociale pourrait se produire qui elle-même pourrait conduire à une guerre civile avec son cortège d’horreurs. Et nos amis étrangers se trouveraient encore une fois dans l’obligation de venir nous assister, non pas pour financer des infrastructures dont le pays a cruellement besoin par exemple, mais pour restaurer la paix. Ce qui achèverait notre réputation et éloignerait les investisseurs (car qui a envie d’investir dans un pays instable ?) : ce qui nous isolerait donc davantage. Mais une telle tragédie, fortement probable, engendrerait deux autres conséquences.
Les intellectuels comoriens seraient fortement décrédibilisés, qui n’auraient su ni prévoir ni prévenir une telle crise, ce qui laisserait entièrement le champ libre aux seuls politiques qui continueraient d’agir sans la contradiction de quiconque.
Les militaires, eux, pourraient revenir au pouvoir en rejouant le coup de l’incapacité des civils à gouverner le pays. Et ce serait le retour sinon de la dictature du moins de la restriction des libertés publiques, en tout cas de l’effondrement de la relative stabilité politique et institutionnelle mise en place depuis 2002. Qu’on se rassure : je n’ai rien contre les militaires qui, pour la plupart, exercent d’ailleurs leur métier avec abnégation mais le démocrate que je suis préfère des dirigeants élus à ceux qui s’approprient, trop facilement, le pouvoir par la force.
Quelles solutions ? Là encore je n’en propose qu’une au risque d’être considéré comme simpliste : adoucir quelque peu la situation économique de ce pays. Car comment vouloir appartenir à la même patrie que cette partie de l’élite politique et économique qui, tout en ignorant ce chômage de masse qui s’installe dans le pays, affiche, avec beaucoup d’insolence d’ailleurs, une fortune dont on ignore souvent l’origine ? Ignore-t-elle qu’elle peut être emportée un jour prochain par une explosion sociale comme le vent emporte le sable ?
Nassurdine ALI MHOUMADI
Dr ès Lettres, Enseignant-chercheur, auteur d’Un Métis nommé Senghor, de Réception de Léopold Sédar Senghor et du Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne (tous publiés chez l’Harmattan)
Quelles conséquences ? Une seule au moins mais qui pourrait produire deux autres. Si rien n’est fait contre cette atmosphère de tension constante à laquelle on peut ajouter cette jeunesse comorienne diplômée et sans emploi, une explosion sociale pourrait se produire qui elle-même pourrait conduire à une guerre civile avec son cortège d’horreurs. Et nos amis étrangers se trouveraient encore une fois dans l’obligation de venir nous assister, non pas pour financer des infrastructures dont le pays a cruellement besoin par exemple, mais pour restaurer la paix. Ce qui achèverait notre réputation et éloignerait les investisseurs (car qui a envie d’investir dans un pays instable ?) : ce qui nous isolerait donc davantage. Mais une telle tragédie, fortement probable, engendrerait deux autres conséquences.
Les intellectuels comoriens seraient fortement décrédibilisés, qui n’auraient su ni prévoir ni prévenir une telle crise, ce qui laisserait entièrement le champ libre aux seuls politiques qui continueraient d’agir sans la contradiction de quiconque.
Les militaires, eux, pourraient revenir au pouvoir en rejouant le coup de l’incapacité des civils à gouverner le pays. Et ce serait le retour sinon de la dictature du moins de la restriction des libertés publiques, en tout cas de l’effondrement de la relative stabilité politique et institutionnelle mise en place depuis 2002. Qu’on se rassure : je n’ai rien contre les militaires qui, pour la plupart, exercent d’ailleurs leur métier avec abnégation mais le démocrate que je suis préfère des dirigeants élus à ceux qui s’approprient, trop facilement, le pouvoir par la force.
Quelles solutions ? Là encore je n’en propose qu’une au risque d’être considéré comme simpliste : adoucir quelque peu la situation économique de ce pays. Car comment vouloir appartenir à la même patrie que cette partie de l’élite politique et économique qui, tout en ignorant ce chômage de masse qui s’installe dans le pays, affiche, avec beaucoup d’insolence d’ailleurs, une fortune dont on ignore souvent l’origine ? Ignore-t-elle qu’elle peut être emportée un jour prochain par une explosion sociale comme le vent emporte le sable ?
Nassurdine ALI MHOUMADI
Dr ès Lettres, Enseignant-chercheur, auteur d’Un Métis nommé Senghor, de Réception de Léopold Sédar Senghor et du Roman de Mohamed Toihiri dans la littérature comorienne (tous publiés chez l’Harmattan)