La conspiration du silence des organisations politiques d’une «opposition» démantibulée Un phénomène politique a eu lieu sous les yeux de...
La conspiration du silence des organisations politiques d’une «opposition» démantibulée
Un phénomène politique a eu lieu sous les yeux des Comoriens en décembre 2014 et n’a pas vraiment retenu l’attention des observateurs et des fameux initiés. Il s’agit de l’étrange comédie de partis politiques qui ont réclamé à cor et à cri des élections et qui, quand le pouvoir politique en place a décidé de les organiser «en janvier et février 2015», se sont signalés par l’extrême faiblesse de la mobilisation de leurs appareils partisans et de leurs candidats. Les chiffres des candidatures signalés par la Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI) peuvent paraître impressionnants. Pourtant, ils ne le sont pas parce qu’il s’agit tout de même de ceux du nombre des candidatures d’une triple élection: «communes», Conseils des îles et Assemblée de l’Union des Comores. S’en ajoutent la multitude des candidatures indépendantes dues à la méfiance et au mépris de nombreux Comoriens envers des formations partisanes aujourd’hui décriées et honnies. La faiblesse de cette mobilisation partisane a une raison très simple: la plupart des partis politiques n’ont pas les moyens d’engager de nombreux candidats dans ces élections. Ils n’ont même pas de vrais candidats, mais juste des militants qui veulent obtenir un mandat électif et avoir de l’argent.
Des élections alimentaires, donc. Pour le reste, on verra bien après. Mais, une élection, ça demande la mobilisation de moyens importants, aussi bien sur le plan humain que sur le plan matériel et financier. Ces moyens, la plupart des partis politiques comoriens ne les ont pas. Cela étant, si l’ont fait abstraction du Parti des Consanguins et de la Consanguinité politique d’Ahmed Sambi, bénéficiant des dépouilles de l’État comorien, mis par terre par l’aventurisme de l’ancien satrape de 2006 à 2011, et de l’Union pour le Développement des Comores (UPDC), «parti cocotte-minute» par excellence du régime politique actuel, les autres organisations politiques sont acculées à de la figuration électorale, faute de mieux. Ces partis politiques ne peuvent pas faire plus et mieux, faute d’argent. Le RADHI de Houmed Msaïdié, le RIDJA de Maître Saïd Larifou et le Parti de l’Entente comorienne (PEC) de Maître Fahmi Saïd Ibrahim sont quand même des vrais partis nationaux, qui ont pignon sur rue, qui font souvent parler d’eux, mais dont la participation à ces élections est rachitique et insignifiante. Constater que le RIDJA et le PEC n’ont même pas de candidats en dehors de la Grande-Comore a quelque chose de poignant et de franchement désolant. Le RADHI n’est pas mieux loti que les autres partis politiques… Que dire des partis politiques qui n’ont présenté aucun candidat pour ces trois élections?
Mais, il y a bien pire parce que les partis politiques comoriens sont en train de se compromettre de plus en plus vis-à-vis du pouvoir politique en place. Tout le monde a vu comment le RADHI, officiellement parti de l’«opposition», est devenu l’allié électoral du gouvernement pour tenter de créer des problèmes à des candidats proches du même gouvernement, mais pas en odeur de sainteté au Grand Palais. C’est tout sauf glorieux et clair. Aujourd’hui, à un moment où à Beït-Salam, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016, les options Mohamed Ali Soilihi et Mouigni Baraka sont enterrées, et alors que de nouveau le Colonel Azali Assoumani est le chouchou du Grand Palais, et y a le vent en poupe, l’opposition est dans un état émouvant. Certains partis politiques, pour entrer dans les grâces et petits papiers du Grand Palais, vont jusqu’à se montrer favorables au report des élections de 2015 à 2016, caressant le gouvernement dans le sens du poil. Ces partis politiques prétendument de l’«opposition» sont dans la pire des conspirations, la conspiration du silence. En public, ils tiennent un discours, et dans la clandestinité, ils en tiennent un autre.
Tout ça pourquoi? Parce qu’ils n’ont même pas les moyens de prendre part aux élections de manière honorable. Ils font du remplissage et sont dans l’improvisation totale. C’est émouvant! Que les choses soient claires. La démocratie est un exercice qui coûte très cher. Très cher. Au nom d’un serpent de mer appelé «harmonisation des élections», le gouvernement ne serait pas fâché de regrouper tous les scrutins en 2016. Cela, nos fameux partis politiques l’ont parfaitement intégré dans leur structure mentale et jouent là-dessus pour être bien vus là où il faut. Dans ce jeu, deux partis politiques antagoniques se livrent à une rude compétition et à une folle sarabande pour que chacun prouve qu’en matière de servilité, il bat l’autre et tous les records quand il s’agit de mieux ramper qu’un reptile. C’est à la mode, à ce qu’il paraît. Le mensonge politique est donc à tous les niveaux et à tous les étages. Et si, dans l’immédiat, le gouvernement demandait la signature d’un «Mémorandum de la Concorde» pour le report des élections en 2016, il n’y aurait que le Parti des Consanguins et de la Consanguinité politique pour rouspéter, et ce, uniquement parce qu’il a les moyens et la volonté d’en découdre avec le pouvoir politique actuel, «Ata Mpaka Modja nguefo», «Jusqu’à ce que l’un meure». Ça promet.
Par ARM