Revanchisme politique, candidatures médiocres, manque de cohésion et de vision Elle s’appelle Zainab Ahmed et est la secrétaire charg...
Revanchisme politique, candidatures médiocres, manque de cohésion et de vision
Elle s’appelle Zainab Ahmed et est la secrétaire chargée de la Communication à la fameuse Commission électorale nationale «indépendante» (CÉNI). Ce n’est pas pour gâter la sauce, mais on est obligé de constater que ça fait quand même du désordre parce que Saïd Mzé Dafiné, l’enfant chéri de Salimani-Hambou, est, au sein de cette même Commission, le Chargé de la Communication et des Relations avec les Partenaires. Alors, il faudra déjà qu’on explique aux uns et aux autres qui est qui et qui fait quoi en matière de communication, mais surtout qui est le chef ou la cheffe de l’autre. En effet, les citoyens ne sont pas au courant de ce qui se passe au sein de cette CÉNI ravagée par le putschisme, la paresse intellectuelle et professionnelle, la démission par les actes et la servilité béate envers l’incroyable et inimitable Houssen Hassan Ibrahim, le pompeux ministre de l’Intérieur, de l’Information, de la Décentralisation, chargé des Relations avec les Institutions (dites-nous quand la liste sera finie).
Puisqu’il faut être très respectueux envers les institutions, il faudra donc noter que Mme Zainab Ahmed gratifie toute l’humanité d’un communiqué rédigé dans les termes suivants: «La campagne électorale pour les élections des Représentants de la Nation, des Conseillers des Îles et des Conseillers Communaux de janvier et février 2015, est ouverte le 24 décembre 2014 à minuit 1 minute, pour être close le 23 janvier 2015 à 23 heures 59. La Commission électorale nationale indépendante invite les Partis Politiques, les Candidats, la société civile et les médias à une cérémonie officielle de lancement de campagne ce mercredi 24 décembre 2014 à 16 heures à la CÉNI. Le Code de Bonne Conduite des Partis Politiques et des Candidats sera paraphé solennellement à l’occasion de cette cérémonie». Les Comoriens et les autres humains de la Terre sont très contents de savoir tout ça. Seulement, la secrétaire chargée de la Communication aurait pu faire gagner du temps aux gens si elle avait fait simple en écrivant «La campagne pour les élections» ou «la campagne électorale pour les scrutins» au lieu de «La campagne électorale pour les élections», parce qu’il n’y a pas de campagne électorale pour la banane et le manioc. Et puis, ces histoires de «minuit et une minute» et de «23 heures 59 minutes», ça fait tout de même «Ayatollah et fanatisme», et ça donne aux Comores l’image d’un pays où on peut invalider une candidature parce que la campagne électorale d’un imprudent s’est arrêtée à minuit et une minute au lieu de 23 heures 59 minutes. Que dans les autres pays on fasse pareil ne signifie rien du tout car on n’a qu’à faire aussi comme dans les pays où on jette en prison les voleurs d’argent public. On a même entendu un Comorien de Lyon poser cette question: «Lors du meeting du Parti UDZIMA à Clichy le samedi 20 décembre 2014, il a été question d’élections aux Comores. Est-ce que les candidatures de ces gens-là ne seront pas invalidées à Moroni par la Commission électorale, puisque la campagne électorale n’est pas encore lancée?». Et puis, il aurait fallu que «le Code de Bonne Conduite des Partis Politiques et des Candidats» soit présenté aux Comoriens avant le dépôt des candidatures pour que chacun sacheavant de quoi il s’agit concrètement.
Ça serait couper les cheveux en quatre parce que partout aux Comores, on apprend que telle formation politique présente ses candidats à tel endroit du Dimani-Oichili, qu’Ahmed Sambi présente «ses» candidats dans leurs propres villages et hameaux de 200 habitants, où sans doute, on ne les connaît pas et dont ils auraient peur de la population. Sur les blogs et sites Internet, on voit déjà les candidats en campagne électorale. Pour preuve, Ali Mzé (Photo) n’a pas attendu le 24 décembre 2014 à minuit et une minute pour présenter sa liste «Moroni ya Léo na Maoudou» («La ville de Moroni, aujourd’hui et demain»), son slogan et sa profession de foi. Donc, la CÉNI est en décalage par rapport aux réalités du terrain. Mais, elle n’a pas le temps de s’en rendre compte parce que ce qui l’intéresse avant tout, c’est sa petite nuit des longs couteaux destinée «à renvoyer sans gâteau» son Président, le Docteur Ahmed Mohamed Djaza. En réalité, la campagne électorale a commencé bien avant cette date ridicule du mercredi 24 décembre 2014 à minuit et une minute. Mais, quand il s’agit de sauver les meubles, il faut faire des «sacrifices», juste pour la forme, la frime et la parade. Pour le reste, on peut toujours se raconter des mensonges et se donner bonne conscience.
En même temps, dans la confusion de cette campagne qui a commencé avant la date fixée par Mme Zainab Ahmed, il est une question que les Comoriens éludent, et ils ont tort. En effet, le peuple refuse de se poser la question de savoir pourquoi il va voter. Il s’agit tout de même de l’élection notamment des fameux «représentants de la nation», qui doivent siéger au «Palais du Peuple». Or, en la matière, les Comoriens nagent dans la confusion parce qu’en 2009, ils n’ont pas élu que ce que la société comorienne a de mieux. Les Comoriens ont connu le défilé lugubre du Caporal Bourhane Hamidou, de l’ancien putschiste Djaé Ahamada Chanfi, de l’aboyeur Abdoulfattah Saïd Mohamed et autres Bianrifi Tarmindhi, Hassane Ali Tabibou, Antoisse Mohamed Ibrahime, Latuf Abdou et Attoumane Allaoui. Depuis, Hassane Ali Tabibou se cache en France pour fuir ceux à qui il a pris à chacun 5 millions de francs sans leur procurer un visa pour la France, et Bianrifi Tarmindhi, l’homme de Nioumachioi, à Mohéli, ne s’est pas représenté, pendant que le Caporal Bourhane Hamidou, se voyant déjà Président de la République en 2016, trouve qu’être Député, et même Président de l’Assemblée de l’Union des Comores, c’est trop petit pour son auguste personne. Quelle grandeur d’âme!
Donc, les Comoriens vont choisir des candidats pour quoi faire? Personne ne le dit. Et comment choisir dans cette multitude de candidatures issues d’une multitude partis politiques aux allures de carcasses d’hyènes et d’une multitude de candidatures indépendantes nées du mépris et de la méfiance envers les organisations politiques et de leur refus d’investir ce qu’elles ont de mieux? Là, on ne parle même pas des parachutages procédés à Anjouan par le très imprudent Nourdine Bourhane, notre individu-État devenu l’individu-monde depuis qu’il est ministre des Relations extérieures et de la Coopération chargé de la Diaspora, de la Francophonie et du Monde arabe, en plus de ses fonctions habituelles de Vice-président chargé du Ministère de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures, de l’Urbanisme et de l’Habitat (ouf! Ouf! Par pitié!). On ne parle pas non plus de la mascarade du gouvernement constituée par le parachutage des «ministres en réserve de la République» que sont les bons Docteurs El-Anrif Saïd Hassane, l’homme de Fassi dans la région de Mitsamiouli, et Abdoulkarim Mohamed, l’enfant de Djankagna, dans le Mbadjini-Ouest, région qu’il fait tout pour se faire élire, en la divisant haineusement et artificiellement en «villes, grands villages et petits villages», allant jusqu’à s’allier à Abdou Soeufou, l’une des figures politiques les plus contestables, contestées et controversées des Comores. Si la honte pouvait tuer…
L’impossibilité d’avoir une majorité parlementaire cohérente dans l’Assemblée qui sera élue lors des scrutins «de janvier et février 2015» va donner aux Comores une Assemblée hétéroclite et incohérente, qui n’aura aucun programme à réaliser. La multitude des partis politiques aussi inutiles les uns que les autres est passée par là. Mais, ce n’est pas une raison pour approuver la loi scélérate qui va, de fait et de Droit, éliminer de nombreuses formations partisanes du pitoyable et pathétique échiquier politique national. Certains partis politiques ont présenté des candidatures médiocres, pendant que celui d’Ahmed Sambi n’a qu’un seul projet, celui de la vengeance envers le Président Ikililou Dhoinine, qui a refusé de devenir son laquais. Et il y a de sa part la volonté d’avoir un Parlement sous sa botte afin de pouvoir faire voter une loi qui donnerait la possibilité d’abolir de fait et de Droit la présidence tournante afin qu’il puisse se présenter à toutes les élections présidentielles puisqu’il se dit tellement «beau» qu’à chaque élection, c’est lui que le peuple comorien va placer à Beït-Salam. L’ambition politique n’est pas une mauvaise chose, mais quand elle est trop individualisée et personnalisée, elle conduit aux pires des bêtises.
Par ARM